lundi 30 juillet 2007

Sfar-Trondheim-Larcenet : Technique Gro-Gro (Donjon Parade 5)

*** article publié par Niaco***

Retour aux sources

Fan de Donjon, j’avais fini par me fatiguer des changements de dessinateur (notamment ceux de la série Monsters, dont le trait ne cadre pas vraiment avec l’univers) et, surtout, du virage résolument glauque opéré au niveau des scénarios. Une moyenne d’à peu près un viol par album sur les 6 dernières parutions, ça fait un peu lourd pour une BD de la collection Humour de Rire.

Avec Technique Gro-Gro, Sfar et Trondheim reviennent au mélange d’humour et de sagesse presque philosophique qui a fait la saveur et le succès des premiers albums. Le choix de la série, Donjon Parade, n’est sans doute pas un hasard : d’une part, il s’agit de la série la plus résolument tournée vers l’humour de tout l’univers de Donjon ; d’autre part, c’est Manu Larcenet qui en est le dessinateur attitré. On a donc convoqué la Dreamteam pour ce retour à l’esprit et au style graphique de Donjon. Cerise sur le gâteau : l’album tourne autour de Gro-Gro, monstre sympathique, nigaud et rigolo qui mange ses ennemis et suçote les lapins comme s’il s’agissait de bonbons à la menthe.

Le résultat devrait ravir et rassurer les fans. L’intrigue est assez simple : une bande de guerriers imbattables débarquent au donjon à la recherche d’un péléen, seul monstre capable de les vaincre. Ce monstre c’est bien sûr Gro-Gro, qu’ils vont embarquer dans leur quête de la cité péléenne perdue afin de conjurer une vieille prophétie. Le décalage entre ces combattants implacables et la naïveté enfantine d’un Gro-Gro en super forme est irrésistible. Le scénario bien ficelé et le trait de Larcenet font mouche.

On en redemande.

Joann Sfar, Lewis Trondheim, Manu Larcenet : Technique Gro-Gro, Donjon Parade 5, Coll. Humour de Rire, Delcourt, 2007.

Les liens intéressants :

Site des Editions Delcourt : http://www.editions-delcourt.fr/
Dossier un peu intello sur la série : http://www.artelio.org/article.php3?id_article=1122
Site de fan, permettant notamment de comparer les variations des personnages sous les plumes des dessinateurs successifs de la série : http://www.bibou.org/donjon/
Donjon Pirate : Bd patchwork, dans laquelle chaque planche est créée par un dessinateur différent et anonyme : http://donjonpirate.canalblog.com/

dimanche 29 juillet 2007

Pterodactyl - Blue Jay

Drôles d'oiseaux

J'ai reçu ce disque il y a moins d'une semaine et j'en suis déjà complètement accro. C'est le genre de claque comme on en prend deux ou trois par an. Pas plus.
Après avoir erré entre l'Ohio et le Connecticut et sorti une paire d'EP auto-produits, les trois gars de Pterodactyl se sont finalement installés à Brooklyn où ils ont enregistré ce premier album éponyme (mais que les intimes baptisent "Blue Jay"). La musique de Pterodactyl s'appuie sur un dialogue de sourds entre, d'un côté, des guitares bruyantes au possible, des cris étouffés et des rythmes punk déchirés et, de l'autre, un chant étonnamment pop et un sample de ci de là.
C'est ainsi que des morceaux de pure sauvagerie (Polio, Rampage 2) succèdent à des parties de bravoure vocale (Safe Like A Train, Three Succeed, Esses), le tout dans un beau bordel d'accords de guitare triturés et de cimbales giflées. Le son général tranche comme un vieux couteau mal aiguisé à la lame couverte de rouille. La plaie est béante mais la cicatrice ne sera pas jolie jolie. Au niveau des références, on peut penser à Deerhoof (pour le côté pop des parties vocales), à Liars (pour certaines rythmiques syncopées), aux défunts Mc Lusky (pour les litres d'adrénaline) voire aux premiers Sonic Youth (le son de guitare) ou à ce que faisait Blonde Redhead dans les années 90 (idem).
Au final, ce premier album de Pterodactyl est fascinant de la première à la dernière seconde: ça joue vite, ça joue fort et ça joue juste. Blue Jay s'écoute à 100 à l'heure mais ne tombe jamais dans la lourdeur malgré certaines dissonances qui ne gâchent rien.

Si ce n'est pas un des albums de l'année, ça y ressemble méchamment.

Les liens intéressants:

Le site officiel :
http://www.pterodactyl.info/
Sur MySpace :
www.myspace.com/pterodactyl

La vidéo de Polio :



vendredi 27 juillet 2007

Pelican - City Of Echoes

La loi du silence

Pelican est un quatuor de Chicago dont le troisième album, City Of Echoes, vient de sortir chez Hydra Head. La discographie compte également deux EP et un DVD live. Nourri au sein par des déménageurs aussi délicats que les Melvins, Pelican pratique un rock brutal, frontal mais strictement instrumental. Pas la peine de chercher : vous n'y entendrez pas la moindre vibration de corde vocale. Les quatre gars de Pelican préfèrent rester muets comme des carpes et se concentrer sur leurs instruments... qu'ils maltraitent avec joie. Le son se veut gras, lourd et puissant. Les références renvoient inévitablement à Isis, mais également à des formations post-rock telles que Mono ou Explosions In The Sky.
Ce troisième album s'ouvre sur Bliss In Concrete, morceau qui ravivera de nombreux souvenirs aux chanceux qui ont déjà pu découvrir Pelican sur scène et qui ont compris depuis que, même équipé des meilleures boules Quies, on pouvait toujours percevoir des infrabasses avec les genoux. Prétextant une intro plus "civilisée", les instruments rageurs de Pelican nous plongent progressivement dans un univers chaotique et dérangé. Au fil des notes, la batterie se révèle de plus en plus oppressante alors que la basse creuse profondément et méthodiquement votre dernière demeure. 5 minutes et 30 secondes plus tard, nous voici arrivés au bout de cette première épreuve, transpirants et décoiffés. Quel coffre ! Suit le titre City Of Echoes, qui distribue également quelques claques mais s'avère sur la longueur plus mélodique et moins sismique que la plage d'intro. L'impression de calme (tout relatif quand il s'agit de Pelican !) se confirme avec Spaceship Broken-Parts Needed qui démarre tout en douceur, avant, à son tour, de céder sous les coups de boutoirs d'un batteur décidément bien énervé.

Mais la surprise du chef vient surtout de Winds With Hands qui met en scène des guitares... acoustiques. Le calme avant la tempête car, sur le titre suivant, le bien nommé Dead Between The Walls, Pelican sort l'artillerie lourde et prend directement l'auditeur à la gorge avec un riff de guitare époustouflant, martelé avec une violente détermination. Ce morceau est sans doute le plus intriguant de l'album : à mi-parcours, le son digne d'une douzaine de tronçonneuses cède la place à des arpèges aériens avant de ressombrer dans un fracas d'accords durs et répétitifs.

La suite de l'album rappelle que Pelican est friand de structures imprévisibles et de retournements en tous genres. Pour preuve la plage finale, intitulée A Delicate Sense of Balance, d'une étrange douceur, comme pour s'excuser auprès de l'auditeur pour les sévices administrés en cours de séance.
City Of Echoes est à ce jour l'album le plus varié de Pelican, et sans doute le plus ouvert, pour autant qu'on puisse parler d'ouverture quand il s'agit d'un style aussi radical. Habitué à pulvériser les baffles sur ses essais précédents, le quatuor démontre ici une vraie habileté à emprunter des chemins tortueux avant d'entraîner ses compositions dans des paysages noirs et terrifiants. Parfois insaisissable (la plage d'ouverture est un vrai labyrinthe), ce troisième album démontre pourtant qu'il est possible de frapper fort tout en conservant un format acceptable (8 morceaux pour moins de 45 minutes, alors que le post-rock n'hésite jamais à dépasser allègrement les 10 minutes pour un seul morceau).
Bien lire la notice avant l'écoute.



Les liens intéressants :
Le site officiel : http://www.hydrahead.org/hh/pelican_site/ (avec l'album en streaming)

Un extrait vidéo live de "Bliss In Concrete" :



jeudi 26 juillet 2007

Le coup de crayon : In Vino Veritas



Il faudra qu'on nous explique un jour pourquoi les coureurs cyclistes se dopent encore. C'est devenu le sport le plus suspect, le plus surveillé et le plus décrié. Sur le Tour de France en particulier, on sait que la moindre accélération en montagne éveillera la méfiance. Souvent à juste titre d'ailleurs, quand on constate que sur une ascension à 8 ou 9 %, certains grimpeurs sont parfois gênés dans leurs attaques par la moto. Il faudra bientôt filer des anabolisants aux motards pour pouvoir suivre les "sportifs". Mais qu'est-ce qui pousse encore un Vinokourov à jouer avec des poches de sang alors qu'il sait qu'il aura 101 % de risques de se faire choper ? J'avoue que ça me dépasse.
Un petit conseil à Messieurs Vinokourov et Rasmussen : achetez-vous une raquette et mettez-vous au tennis. Voilà un sport propre ! Prenez Wimbledon cette année : lors de la dernière semaine, les joueurs ont livré pratiquement un match par jour. Suspect ? Qui a entendu parler de dopage à Wimbledon ? Comme le disait mon prof de religion autrefois : "Il n'est pas interdit de tricher ; il est interdit de se faire pincer." Reste à voir si la volonté de coincer les tricheurs est la même partout.

Retrouvez l'ensemble des dessins de Mabi sur son site officiel : www.lesitedemabi.eu

Du neuf : le coup de crayon

A partir d'aujourd'hui, nous inaugurons une nouvelle rubrique sur ce blog : le dessin de la semaine de Mabi. Les plus fidèles se souviendront sans doute des quelques caricatures qui avaient déjà été publiées ici-même. Après discussion avec l'auteur des cartoons, nous sommes naturellement arrivés à la conclusion que cette collaboration pouvait devenir plus régulière. Désormais donc, chaque semaine, Mabi croquera un thème d'actualité de son choix pour New Kicks On The Blog. L'objectif est double : d'une part, permettre à un jeune caricaturiste de faire découvrir ses dessins à un autre public et, d'autre part, diversifier le contenu de ce site.


Est-ce que ça signifie qu'il y aura moins de chroniques musicales, ce qui était au départ le noyau principal de ce blog ? Bien sûr que non. C'est vrai que dernièrement, les chroniques de CD ont été un peu mises en veilleuse, mais c'était pour la bonne et simple raison que je suis pour l'instant occupé à faire des travaux chez moi. J'ai donc un peu moins de temps à consacrer à la rédaction des chroniques. Mais dès la semaine prochaine, je reviendrai avec plein de nouveautés. Voici le menu pour patienter :


- Pterodactyl : Blue Jay
Un déluge de guitares et de l'énergie à revendre par cuves entières.


- Pelican : City Of Echoes
Une déflagration instrumentale capable de fissurer les murs d'un bunker russe.


- Klima : Klima
Une chanteuse à la voix de miel qui double Nouvelle Vague dans le dernier col.


- Digitalism : Idealism
Des beats gros comme des maisons pour nous lancer un pogo sur la piste.


- 65DaysOfStatic : The Destruction Of Small Ideas
Peut-on sauver le post-rock avec une boîte à rythme ?

mardi 24 juillet 2007

Les live de Nulle Part Ailleurs - épisode 04

Tricky - The moment I feared (1998)

Quatrième épisode déjà de notre feuilleton de l'été consacré aux meilleures performances live données dans le cadre de l'émission Nulle Part Ailleurs. Cette fois, je vous ai sélectionné l'insaisissable Tricky dans une interprétation énergique de The Moment I feared en 1998.
Pour les afficionados de Tricky, sâchez qu'il travaille actuellement à la production d'autres artistes son propre label Brown Punk. Des rumeurs font état d'un possible nouvel album dans le courant de l'année, mais aucune confirmation officielle n'est à épingler à ce jour.

Désolé pour le petit contre-temps : la vidéo a mystérieusement disparu de DailyMotion. J'ai dû aller la récupérer sur YouTube.




Les liens intéressants :

Le site officiel de Tricky :
http://www.trickyonline.com/
Le site du label Brown Punk :
http://www.brownpunk.tv/
Brown Punk sur MySpace :
http://www.myspace.com/brownpunkthelabel

vendredi 20 juillet 2007

Communiqué de la SABAM à propos du P2P en Belgique

La chasse est ouverte

Voici un communiqué qui date du 16 juillet et qui confirme que la Belgique se lance à son tour dans la chasse au téléchargement illégal de musique. A bon etendeur...

***

La SABAM adresse un courrier aux principaux fournisseurs d'accès belges et à l'ISPA

La Société Belge des Auteurs, Compositeurs et Editeurs (SABAM) confirme l'information parue dans un quotidien belge le 14 juillet 2007 relative à l'envoi d'un courrier par la SABAM aux fournisseurs d'accès à l'internet " Belgacom " et " Telenet " ainsi qu'à l'organisation regroupant tous les fournisseurs d'accès à l'internet en Belgique (ISPA). Ce courrier attire l'attention sur la décision judiciaire dans le dossier opposant la SABAM au fournisseur d'accès TISCALI, devenu SCARLET, et condamnant ce dernier à " empêcher l'envoi ou la réception, au moyen d'un logiciel " peer-to-peer ", de fichiers non autorisés reprenant une œuvre musicale du répertoire de la SABAM ". La SABAM souhaite en outre vérifier - avant d'engager une procédure judiciaire visant à voir imposer cette décision à tous les autres fournisseurs d'accès belges sous peine d'astreinte - si ces derniers sont disposés à négocier un accord aux termes duquel ils s'engageraient à se conformer à la décision sur une base volontaire. Dans ce contexte, la SABAM entend mettre une fois encore l'accent sur un des dispositifs repris dans le jugement du tribunal de première instance de Bruxelles du 29 juin 2007, à savoir que les solutions de blocage ou de filtrage ne portent en rien atteinte à la vie privée des utilisateurs du net. Dans le cadre d'un accord éventuel, il appartiendrait aux fournisseurs de communiquer rapidement à la SABAM les informations relatives au dispositif spécifique que chacun d'entre eux s'engagerait à mettre en place. La SABAM estime à cet égard " qu'en tant que professionnels du secteur, les fournisseurs d'accès sont bien placés pour sélectionner le dispositif le plus adéquat en fonction de leur environnement informatique et au regard du but recherché ". La SABAM rappelle qu'il est possible à tout internaute belge d'écouter, de télécharger et de graver en toute légalité et en toute sécurité - moyennant paiement aux artistes - sa musique préférée sur le net.

Renseignements:
Thierry DACHELET
Directeur de la Communication
Rue d'Arlon, 75-77
B-1040 Bruxelles
GSM: +32 (0) 475/71.86.92
E-Mail: thierry.dachelet@sabam.be
http://www.sabam.be/

Le liens intéressants pour alimenter le débat:

Un dossier très complet sur le site Droit & Technologies : http://www.droit-technologie.org/upload/dossier/doc/130-1.pdf
Un article de la Libre Belgique : http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=190544

jeudi 19 juillet 2007

Superman: Red Son


Changement de bord

Si vous n'êtes pas spécialement fan de comics, mais qu'à l'occasion, vous ne rechignez pas à lire une BD à condition que le scénario soit vraiment costaud, Superman: Red Son sera LE bouquin à emporter sur la plage et à dévorer entre deux Ricard. Vous trouvez que Superman est le plus ringard des justiciers ? Ce n'est pas grave : moi aussi. Et pourtant...

Superman: Red Son fait partie de la série Elseworlds lancée à la fin des années 80 par DC Comics pour relancer l'intérêt pour les BD de super-héros. L'idée est de faire évoluer des super-héros (Superman, mais surtout Batman) dans un environnement un peu, voire totalement, différent de leur univers habituel. Ce précepte a permis à de nombreux scénaristes de laisser libre cours à leur imagination... quitte parfois à carrément sacrifier leur héros sur l'autel du délire artistique.

C'est ainsi qu'ont été publiées diverses aventures de Batman dans lesquelles Bruce Wayne combat Jack L'Eventreur, lutte contre un Etat-Eglise qui aurait été à la base de l'assassinat de ses parents ou officie dans l'armée du président Lincoln en pleine guerre civile américaine.

Mais revenons à ce Superman: Red Son. Dans cet univers parallèle, la sonde qui amène le jeune Kal-El (futur Superman) sur terre atterrit 10 heures plus tôt que dans l'histoire originale. Rotation de la terre oblige, le jeune homme ne grandira pas dans le Kansas mais dans un kolkhoze ukrainien... et devient donc un super-héros communiste. En pleine guerre froide, le camarade Staline n'hésite pas à s'en servir comme de l'arme suprême. Invincible par définition, le Superman rouge (qui porte fièrement la faucille et le marteau sur son plastron) va se battre pour défendre ses idéaux de justice et d'égalité et ralliera sans aucun problème la quasi-totalité de la planète au Pacte de Varsovie. Evidemment, seuls les Etats-Unis (et le Chili de Pinochet) ne l'entendent pas de cette oreille. La course aux armements nucléaires s'efface donc au profit d'une lutte acharnée pour développer l'arme surhumaine qui permettra d'asseoir définitivement son leadership mondial. A la mort de Staline, c'est tout naturellement que Superman reprend les rênes de l'URSS et poursuit sa mission. Evidemment, la passation de pouvoir ne se fait pas sans heurts. Superman s'attire rapidement les jalousies et découvre les travers d'un système corrompu.

Tout le mérite de cette BD réside dans son refus de fuire devant ses propres contradictions : comment Superman, privilégié parmi les privilégiés (super-vue, super-ouïe, super-souffle, etc.) peut-il légitimement défendre l'idéal égalitaire marxiste-léniniste ? Les critiques commencent à fuser mais le KGB écrase violemment, mais en silence, toute forme de résistance. C'est ainsi qu'un couple qui imprimait des tracts anti-Superman est assassiné sous les yeux de son jeune fils... qui jure de se venger et se prend de passion pour les chauves-souris. Vous me suivez ?

Ce volume de Superman:Red Son, sorti en 2005 en édition française (l'original date de 2003) rassemble l'intégrale de cette série, soit trois épisodes qui retracent toute l'histoire du Superman bolchévique, d'environ 1950 à nos jours. Le final futuriste est un peu décevant mais l'intrigue est vraiment passionnante et ne manque pas d'humour. Les dessins sont splendides (le dessinateur original a été remplacé au milieu du deuxième épisode, mais bien malin qui pourra déceler une quelconque différence) et regorgent de références à la propagande stakhanoviste. L'histoire permet surtout à un public de novices (moi en premier) d'entrer dans l'univers des Comics par une porte dérobée. Ce Red Son n'est ni un Comics, ni un bouquin d'histoire, ni un traité de géopolitique. C'est un peu des trois à la fois.

Un must.

Les liens intéressants:

Le site officiel de DC Comics : http://www.dccomics.com/
Le site de Panini Comics (pour l'édition française) : www.paninicomicsfrance.com/
Un site consacré à la série Elseworlds : www.elseworlds.net/
Elseworlds sur Wikipedia en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Elseworlds ; et en français : http://fr.wikipedia.org/wiki/Elseworlds
Un site très complet sur les différents titres de Batman dans la série Elseworlds (en français, svp) : http://www.republiquelibre.org/cousture/bd/BATELSE.HTM

mardi 17 juillet 2007

Les live de Nulle Part Ailleurs - épisode 03

At The Drive-In : One Armed Scissor / Invalid Litter Dept

En 2000, At The Drive-In débarque en France pour assurer la promo de Relationship Of Command, l'album tellement acclamé qu'il précipitera la séparation du groupe un an plus tard. Complètement déchaînés, les Texans, qui ont ici droit à deux titres, vont enflammer le studio de Canal. Revoir cette vidéo fera sans doute souffrir ceux qui ne retrouvent plus dans The Mars Volta ou Sparta toute la fougue psyché-punk qui animait à l'époque ces cinglés d'ATDI.
Avec At The Drive-In, Claque s'écrivait avec une majuscule.



lundi 16 juillet 2007

The Soulsavers - It's Not How Far You Fall, It's the Way You Land

La résurrection

Pour son deuxième album, le duo britannique Soulsavers s'est adjugé les services de Mark Lanegan, l'homme aux multiples casquettes. En effet, après avoir été le leader charismatique des Screaming Trees jusqu'au milieu des années 90 et mené en parallèle une brillante carrière solo, celui-ci officie désormais comme cinquième roue de carosse Queens Of The Stone Age, accompagne Greg Dulli au sein des Twilight Singers et collabore, tant en studio que sur scène, avec Isobel Campbell, l'ex-chanteuse de Belle and Sebastian.

Me raccrochant à ce vieil adage qui voudrait que qui trop embrasse mal étreigne, j'appréhendais cette énième collaboration avec une oreille dubitative. Grand fan de la voix rocailleuse de Mark Lanegan, je restais sur ma faim depuis Here Comes That Weird Chill, fantastique EP sorti en solo en 2003. Qu'allait donc donner cette participation à un exercice de style a priori délicat ? Comment faire cohabiter la voix brute, rugueuse et abimée de Mark Lanegan au trip hop des Soulsavers ?

La réponse se trouve dans cet album étonnant, qui marie avec beaucoup de justesse la soul, le folk et le gospell d'un côté, et des arrangements électroniques discrets qui forment un superbe écrin pour la voix de Lanegan. A tel point qu'au final, on se demande qui accompagne l'autre sur ce disque (Lanegan apparaît sur 8 des 11 titres).

Sur Revival, la chanson d'ouverture, Mark Lanegan s'époumone sur des airs de gospell, accompagné d'un clavier vintage et d'une chorale qui le pousse dans ses derniers retranchements, et impose d'entrée de jeu de constater que l'ancien songwriter bourru de Seattle est bel et bien de retour. Après cette solide entrée en matière, c'est le duo des Soulsavers qui reprend les commandes du navire et imprègne ce disque de ses paysages sonores caverneux. On pense parfois à Tricky, en particulier sur Paper Money, l'un des moments forts de cet album : le morceau commence sur une ligne de basse répétitive et se déchire lorsqu'intervient un tonnerre de voix et de guitares sur le refrain. Le chaotique Jesus Of Nothing constitue à coup sûr un autre tour de force. D'autres titres plus calmes, et plus anecdotiques, insistent sur le thème principal de l'album : la rédemption (cf. les bondieuseries de la pochette). Ceux qui connaissent bien les albums solo de Lanegan n'en seront pas surpris. C'est la cas notamment de Spiritual ou No Expectations, musicalement moins excitants que le reste du disque.

Voici donc une agréable surprise. Alors que je commençais à me dire que Mark Lanegan ferait bien de penser tout doucement à une retraite bien méritée, le voilà qui frappe de fort belle manière sur ce deuxième album des Soulsavers, au point de faire passer ces derniers au second plan. Il leur revient pourtant le mérite d'avoir pu le convaincre de prendre part à un tel projet et, surtout, d'avoir si bien emballé sa voix, alors qu'il traîne derrière lui une réputation de dur à cuire.



Les liens intéressants:

vendredi 13 juillet 2007

Elvis Perkins - Ash Wednesday

Made in dignity

Il n’existe pas de loi qui oblige à n’aimer que les disques particulièrement innovants, au son révolutionnaire ou à l’approche avant-gardiste. On tombe parfois sur des albums sans grande prétention, à mille lieues de soulever les foules, mais dont on apprécie la fraîcheur, la simplicité ou l’honnêteté. C’est à coup sûr le cas de ce premier album d’Elvis Perkins, collection de chansons pleinement assumées et enregistrées sans artifice ni arrogance. Eh oui, ça fait du bien de temps à autre de poser son cul sur le canapé et de lire son journal en écoutant une musique qui ne vise pas le titre d’album du millénaire de la semaine du NME.

La spontanéité a encore un certain charme et Elvis Perkins l’a bien compris. Comme pour le jambon Herta, sa devise pourrait être « Ne passons pas à côté des choses simples. » La trentaine à peine entamée, il sort Ash Wednesday, premier album qui alterne folk et ballades rock et duquel se dégage une douce mélancolie. Malgré un nom de rock star allumée, il enchaîne les titres avec une pudeur remarquable, surtout quand on connaît les événements familiaux douloureux qu’a traversés ce songwriter. D’une part, son père, l’acteur Anthony Perkins (alias Norman Bates dans Psychose), s’est éteint au début des années 90, emporté par le sida. D’autre part, sa mère figurait sur la liste des passagers d’un des avions qui se sont écrasés sur les Twin Towers. Dans la famille "malédiction", j'appelle le fils.

Frappé par un passé aussi lourd, Elvis Perkins aurait pu jouer les écorchés vifs et sombrer dans les lamentations sur son propre sort. Or, c’est précisément la démarche inverse qu’il adopte sur Ash Wednesday. Forcément, on n’y trouvera pas de chansons enjouées ou de débordements d’euphorie mais Elvis Perkins prend suffisamment de distance par rapport à son propre vécu pour pondre finalement un album calme, posé et émouvant. Les compositions nous renvoient à Destroyer (le suprenant May Day!), à Nick Drake (Moon Woman II), voire à Simon & Garfunkel (il y a des touches de Mrs. Robinson dans les accords de All The Night Without Love). On entendrait même des accents de Thom Yorke sur Sleep Sandwich par exemple. Magnifique.
A noter quand même qu'Elvis Perkins n'est pas non plus le parfait inconnu. Il a en effet assuré la première partie de la dernière tournée de Clap Your Hands Say Yeah!



Les liens intéressants:

Le site officiel : www.elvisperkins.net/
Sur MySpace : www.myspace.com/elvisperkins

mercredi 11 juillet 2007

Ursula Le Guin – The Birthday Of The World

Au placard Mr Spock

***Article publié par Niaco***

Si vous commencez à tousser dès qu’on parle d’hyperespace ou que le mot « sabre-laser » vous file des boutons, The Birthday Of The World est pour vous l’occasion d’enfin découvrir les joies de la science-fiction. Prenant place, pour la plupart, dans l’univers du Cycle de l’Ekumen (qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu), les nouvelles de ce recueil nous emmènent à travers des mondes aux schémas sociaux inhabituels. Parfois tordus mais toujours terriblement convaincants, les mondes de Le Guin invitent à une réflexion dont la profondeur prend racine dans leur vraisemblance. Petit tour de mes favoris.

Coming Of Age In Karhide nous montre la découverte de la sexualité de deux adolescents dans un monde où être sexué c’est un peu comme les règles : un truc auquel on ne peut pas couper et qui revient régulièrement. Les habitants de Karhide alternent en effet périodes de « somer », pendant lesquelles ils sont asexués, et périodes de « kemmer », durant lesquelles ils développent des traits de genre. Evidemment, ils alternent aléatoirement masculin et féminin, sinon ça n’aurait pas d’intérêt. Intelligent sans être intello, cru sans être vulgaire, souvent touchant, Coming Of Age In Karhide met en scène les grandes questions liées à l’identité sexuelle dans un monde où, justement, l’identité n’est pas déterminée par le genre ou les goûts sexuels.

The Matter Of Seggri met en scène, à travers différents récits, l’évolution d’une société où le taux de naissances est d’un homme pour 16 femmes. Ne souriez pas les gars, c’est un vrai cauchemar. Sans trop d’arrière-pensées féministes, le récit décrit une structure sociale dont les rapports de pouvoir sont calqués sur les données démographiques. En un mot : les hommes ont tous les privilèges, les femmes ont tout le pouvoir réel (éducation technique et intellectuelle, production des ressources indispensables, etc.) On voit bien sûr aussi comment cette structure sociale conditionne les modes de pensée et constitue un frein au changement, même au sein de la société masculine, pourtant dominée. Le talent de l’auteur est de parvenir à montrer les clichés, travers et rapports de force de notre société à travers un miroir inversé, sans pour autant tomber dans le prêchi-prêcha féministe. Palpitant et stimulant.

Enfin, Paradises Lost nous conte l’épopée d’un vaisseau de colons humains. Comme ils voyagent moins vite que la lumière, le voyage s’annonce assez long : deux siècles, ou six générations. C’est la première fois que je lis un récit de science-fiction qui aborde la question du temps nécessaire au voyage interstellaire et surtout de son coût humain. Ici, point d’hyperespace ou de sommeil cryogénique : Le Guin nous livre des humains condamnés à vivre dans un vaisseau pour six générations. Tout le jeu consiste évidemment à bâtir la société qui découle de telles conditions, et à la faire évoluer. On a donc droit à un monde clos, dans lequel recyclage rime avec vertu, confinement et promiscuité avec confort. On assiste alors chez les générations du milieu (qui n’ont pas connu la Terre et ne connaîtront pas la nouvelle planète) au développement d’une pensée qui glorifie la vie dans le vaisseau. Cette pensée évolue jusqu’à devenir une religion qui va nier l’existence d’une destination, et prêcher le voyage perpétuel. Spectacle impitoyable d’une humanité qui passe de l’acceptation à l’exaltation de sa condition, Paradises Lost montre comment la peur et l’ignorance créent le mythe et le portent au statut de croyance, pour enfin le substituer aux faits. Un must.

Voilà pour mes coups de cœur de ce recueil épatant d’un bout à l’autre. Les autres nouvelles décrivent un monde où l’on se marie à quatre, un autre où Dieu est synonyme de roi (raconté par un membre de la famille royale), un troisième aux prises avec une révolte d’esclaves et enfin un dernier, Eleven Soro, où tout ce qui donne du pouvoir sur les autres est diabolisé et où, par conséquent, la vie sociale est réduite au minimum.

Paru en version française sous le titre L’Anniversaire du Monde, The Birthday Of The World nécessite un bon niveau d’anglais pour être lu en version originale (en gros, si vous lisez Harry Potter avec un dico à côté de vous, laissez tomber).

Pour les ignares qui, comme moi, n’en avaient jamais entendu parler avant, Ursula Le Guin est également l’auteur du Cycle de Terremer. Elle a reçu un paquet de prix, dont le prix Hugo pour Les Dépossédés, un roman du Cycle de l’Ekumen. Elle écrit également des essais et de la poésie.
A découvrir d’urgence.

Edition anglaise: Ursula Le Guin : The Birthday Of The World, Gollancz, 2004
Edition française: Ursula le Guin: L’anniversaire du Monde, Coll. Ailleurs et Demain, Robert Laffont, 2006

Liens utiles
Site de l’auteur :
http://www.ursulakleguin.com/UKL_info.html
Wikipedia: http://fr.wikipedia.org/wiki/Ursula_Le_Guin
Wikipedia (anglais): http://en.wikipedia.org/wiki/Ursula_K._Le_Guin

mardi 10 juillet 2007

Les "live" de Nulle Part Ailleurs - épisode 02

Tripping Daisy - I Got A Girl

Suite du feuilleton de l'été.
1996: les Presidents of the USA débarquent avec leur happy punk et entraînent dans leur foulée des wagons de groupes, pas toujours des plus inspirés. Je dois avouer que j'avais presque refoulé ce I Got A Girl, à ma connaissance l'unique single de Tripping Daisy à avoir jamais été diffusé sur une radio européenne. Souvenir, souvenir : à l'époque, j'avais même emprunté l'album à la Médiathèque, mais je n'avais même pas pris la peine de le copier sur une cassette. Allez, je l'avoue, je trouvais cette chanson sympa. Et encore maintenant, en exhumant ce truc que je n'avais plus entendu depuis pratiquement 10 ans, je me surprends à tapoter des doigts sur le refrain. Bon, c'est clair que le courant cool-hard-cool n'a pas très bien vieilli, mais ça ravivera sans doute quelques souvenirs à celles et ceux qui, comme moi, apprenaient leurs premiers accords de guitare à cette époque.

Pour la petite histoire, en redécouvrant cette vidéo, j'ai aussi retrouvé la trace de Tripping Daisy qui, rendez-vous compte, a encore sorti deux albums depuis lors mais ne donne plus de signe de vie depuis 2005. Quel dommage... Mais le site officiel est toujours actif, avec morceaux à télécharger. C'est comme visiter un musée.

lundi 9 juillet 2007

Un clip fameux

Le clip circule depuis des semaines sur le net, mais je ne peux pas m'empêcher de le publier, tant c'est énorme. Ils s'appellent Omaha Bitch, ils sont parisiens, ils font dans le punk noisy et ils n'ont peur de rien. La preuve avec ce premier clip, totalement exagéré...




Sur MySpace : www.myspace.com/omahabitch

Justice : +

Au nom du père

Voici un des albums les plus attendus de l’année. Justice s’était fait un nom il y a quelques années avec le remix de We Are Your Friends de Simian, rebaptisé pour l’occasion Never Be Alone. Nos pieds se souviendront longtemps de cet hymne endiablé.

Quelques remixes plus tard, il s’agit maintenant de confirmer dans la cour des grands. Après avoir dominé de la tête et des épaules la première division du remix et des DJ sets, voici venu le temps des premières foulées en Champions’ League avec +, album ô combien attendu et déjà béatifié par tous les papes de la critique. Car après avoir enflammé les pistes du monde entier, la French Touch commençait tout doucement à manquer de souffle. Et la dance hexagonale aurait bien besoin, pour se refaire une santé, d’un nouveau coup de force digne du cultissime Homework de Daft Punk. Verdict ?
Ne tournons pas autour du pot : ce premier album de Justice n’est pas le nouveau Homework. Principalement parce que Homework, ce n’est pas la Champions League mais bien la Coupe du Monde. Revenez quelques 10 ans en arrière (ça ne nous rajeunit pas). Le premier album des Daft n’était pas seulement la pierre angulaire de toute la French Touch qui allait dévaler sur nos ondes (Cassius, Etienne De Crécy, Alex Gopher et consorts en tête). Homework, c’était bien plus que ça. C’est le disque qui a fait comprendre à toute une génération de boutonneux qu’il n’y avait pas de contradiction insurmontable à porter un t-shirt de Pearl Jam et à écouter de la musique électronique. A l’époque, c’est ZE disque qui a dressé des ponts entre rock, house, funk et hip hop alors qu’on en était encore à se demander si un groupe aux cheveux courts pouvait légitimement faire du rock. Bref, Homework, c’était la révolution. Or, à la première écoute de +, même si on comprend assez rapidement qu’on se trouve face à de l’artillerie lourde, il faut admettre que de révolution il ne sera point question.

Ceci étant dit, on peut écouter cet album l’esprit tranquille et l’aborder sans aucune idée reçue. Et là, force est de reconnaître que ce premier essai de Justice est sacrément bien torché. L’entrée en matière se fait sur Genesis, sorte de marche impériale à la Dark Vador. La mise en bouche réussie, Justice passe directement aux choses sérieuses avec Let There Be Light, morceau pour le coup très marqué par l’héritage des Daft, qui annonce la couleur : son cradingue, basse funky endiablée et gimmicks obscènes. Au son cristallin retravaillé mille fois derrière une machine, Justice privilégie un groove qui se décoche comme une reprise de volée en pleine lucarne : pas le temps de réfléchir, le mouvement a beau de ne pas être le plus académique, c’est le résultat qui compte. Passons ensuite sur le single D.A.N.C.E., et son refrain en clin d'oeil aux Jackson 5, de loin l’un des morceaux les moins typés de cet album. La suite est une succession de tubes aux beats frontaux, gonflés aux produits interdits. Ça flingue dans toutes les directions : soul (Phantom Pt. II risque de réveiller le cadavre de Curtis Mayfield), electro trash (Stress est d’ores et déjà une des machines à danser de l’été) voire punk (Waters Of Nazareth est encore imprégné de l’odeur du plat de Bolino qui a dû traîner pendant des semaines à côté du Macintosh).
Oui, ce premier disque de Justice est excellent. Mais ce ne sera pas la révolution d’il y a dix ans. Parce que les révolutions, on les compte sur les doigts de la main. Mais qui oserait s'en plaindre ? Ici, on joue plutôt dans la catégorie des grosses claques en pleine tronche, dans les veine de Mylo ou MSTRKRFT. Du tout bon, je vous dis.


dimanche 8 juillet 2007

BN Flower

Le miel et les abeilles

BN Flower est une toute nouvelle initiative qui vise à faire découvrir des artistes moins connus à travers la blogosphère. Comment ? Le site permet aux blogueurs (les bees) de sponsoriser des artistes (les flowers) en les diffusant sur leur site. Un catalogue de groupes disposant d'une licence Creative Commons est mis à la disposition des blogueurs inscrits sur le site. Ceux-ci sélectionnent les morceaux les plus intéressants et les diffusent sur leur page à l'aide d'un petit lecteur de fichiers audio.
Le réseau BN Flower répertorie chaque mois les artistes les plus diffusés et les blogs les plus actifs : une bonne occasion de se construire une notoriété sur la toile.
BN Flower est toujours en version bêta sur le moment. Le temps d'opérer quelques petites manipulations et le lecteur sera disponible ici-même au cours de la semaine, avec une playlist régulièrement mise à jour. N'hésitez pas à consulter le catalogue (très bien référencé par styles musicaux) et à me faire part de vos suggestions.

Rendez-vous dans quelques jours ici-même.

Le lien : http://bnflower.com/beta/

samedi 7 juillet 2007

Les Feeërieën de l'Ancienne Belgique

Pour terminer l'été en beauté

Du 27 au 31 août, le Parc royal de Bruxelles accueillera la quatrième édition des Feeërieën de l'Ancienne Belgique. Festival entièrement gratuit, les Feeërieën constituent une bonne occasion d'écouter gratuitement des artistes prometteurs dans un cadre unique, en l'occurrence le kiosque du Parc royal, un jardin d'Eden perdu en plein centre de Bruxelles. C'est le rendez-vous incontournable des connaisseurs, des bobos de la capitale et des jeunes cadres dynamiques branchés. Outre ces considérations, c'est surtout un carré de verdure en face du Palais Royal où se produiront cette année entre autres Psapp, Klima (en photo), Dez Mona, Ignatz ou The Go Find. Ambiance décontractée assurée, à siroter une bière fraîche après une longue journée de boulot en écoutant de la pop intimiste, de l'électro minimaliste ou du jazz d'avant-garde.

A ne pas manquer, vraiment.

mercredi 4 juillet 2007

Elizabeth Kostova : The Historian


Le titre français est kitchissime : L’Historienne et Drakula. Franchement, si je ne savais pas qu’il s’agit d’un livre, je croirais que c’est un film de boule. Genre, Rocco avec des dents en plastique, à poil sous sa cape noire beuglant « tu la sens ma grosse gousse » à une fille de l’Est tout en lui distribuant des claques sur les fesses dans une bibliothèque.

Ne vous y trompez pas, et ne croyez pas les béotiens qui osent en dire du mal sur le forum de la Fnac : The Historian est un excellent livre. Bien sûr, il fait 700 pages et trimballe le lecteur d’Amsterdam à Istanbul en passant par la Roumanie, la Bulgarie et j’en passe. Alors, forcément, faut se farcir quelques descriptions, c’est parfois un peu lent, et vers la page 500 faut faire un effort pour ne pas décrocher.

Bref, autant le dire tout de suite : The Historian n’est pas un livre pour rôlistes amateurs de vampires, c’est un livre pour les gens qui aiment lire. Et qui savent prendre le temps d’apprécier la lente mise en place des rouages qui vont donner toute leur intensité aux 100 dernières pages.

A ce petit jeu, Kostova excelle. Son livre, qui enchâsse trois histoires, à trois époques différentes, distille les informations au compte gouttes et fait patiemment, inexorablement, monter le suspense. En plus c’est écrit dans un anglais assez abordable pour être lu en V.O.

En deux mots, le livre se structure comme suit : la narratrice raconte comment elle est partie en quête de son père, qui était parti à la recherche de son mentor, lui-même parti à la recherche de Dracula. Evidemment, plus elle en apprend sur son père, plus elle apprend ce qu’il a lui-même découvert sur son mentor, qui avait fini par en savoir long sur ce bon vieux Vlad.

A mon sens, les deux principaux atouts du livre son le point de vue scientifique rationnel des différents narrateurs (tous historiens) et la dose parcimonieuse d’événements ouvertement surnaturels. Je m’explique.

Kostova fait parler des historiens, avec ce que ça suppose de rationalisme et d’esprit critique. En gros, ce ne sont pas deux ou trois événements un peu glauques qui vont les précipiter sur leur gousse d’ail et leur supersoaker blindé d’eau bénite.

Elle évite aussi le travers du scientifique rigide, qui refuse de se rendre à l’évidence, même si un type essaie par deux fois de boire le sang de sa gonz’ à même la jugulaire.

Résultat : quand le surnaturel fait son apparition, il s’impose avec d’autant plus de force que toutes les réfutations ont été envisagées. Comme un fait brut, non pas surprenant, mais attendu. Et redouté comme la preuve expérimentale qui confirme une théorie abominable. Rien qu’à cet égard, l’art du suspense de Kostova est admirable.

Mais ce n’est pas tout. Car si le livre parle de Dracula, celui-ci intervient très peu de manière directe, sur la tournure des événements. En fait, à part enlever un type ou l’autre, il ne fait pratiquement rien. Il est l’objet de la quête, terrifiant et fascinant. D’autant plus que dans cette quête qui consiste à découvrir le véritable emplacement de son tombeau, on en apprend énormément sur l’homme que fut Vlad l’Empaleur.

Opposant opiniâtre des Turcs, chef de guerre cruel et impitoyable de son vivant, Dracula dispose de pouvoirs somme toute limités, si on les compare à ceux du Lestat d’Anne Rice par exemple. Mais la perspective de ce qu’un esprit aussi retors pourrait faire ne fut-ce que de l’immortalité, finit par donner froid dans le dos.

En somme, ce n’est pas le vampire en tant que créature qui est inquiétant, c’est Vlad Tepes devenu vampire qui fout vraiment les boules. C’est l’une des énormes qualités du livre.

Voilà pour l’essentiel. Je pourrais encore m’attarder sur la façon dont Dracula, par un nombre minime d’actions directes bouleverse le destin de trois générations d’historiens, de façon tragique, mais ça deviendrait un peu long.

En résumé, The Historian brille tant par son approche historienne de la parole des narrateurs, que celle, historique, du personnage de Dracula. Et c’est sans doute la meilleure histoire de vampire depuis Entretien avec un Vampire.

Une adaptation cinéma est prévue. Sony a acheté les droits du film, qui sera produit par Douglas Wick (Memoirs of a Geisha, Gladiator).

Franchement, lisez plutôt le livre.

Elizabeth Kostova : The Historian/L’Historienne et Drakula.

Interview de l’auteur : http://www.powells.com/authors/kostova.html

***Article publié par Niaco***

mardi 3 juillet 2007

Les "live" de Nulle Part Ailleurs - épisode 01

Le feuilleton de l'été

Comment oublier "Nulle Part Ailleurs", l'émission qui, de 1987 à 2001, donna ses lettres de noblesse au talk show version PAF ? Souvent imitée, jamais égalée, la tranche horaire "en clair" la plus célèbre de l'histoire a non seulement révélé des vedettes comme Antoine de Caunes, José Garcia ou les Nuls, mais également accueilli un impressionnant casting de stars en tous genres. Philippe Gildas et sa bande auront également eu le mérite d'inviter le gratin musical de l'époque à se produire en live dans les studios de Canal +.
Comme chaque été a son feuilleton, il n'était pas question que New Kicks déroge à la règle. Pendant tout l'été, nous vous proposerons donc, chaque semaine, de revivre les meilleures prestations live qui nous ont été offertes par NPA. Car des inventions aussi géniales que YouTube ou DailyMotion permettent aujourd'hui de revivre ces moments précieux de la mémoire musicale collective.

Nous commençons cette série par Faith No More qui, en 1997, se produit à NPA dans le cadre du Festival de Cannes. NPA à Cannes a toujours eu une saveur un peu particulière. La preuve de nouveau avec cette version survitaminée de Ashes To Ashes qui révèle un Mike Patton en très grande forme et visiblement sous le charme... du Pastis.



Rendez-vous la semaine prochaine pour un autre titre live à NPA.
Si vous avez des requêtes particulières, vous pouvez les envoyer ici.

lundi 2 juillet 2007

Interpol – Our love to admire

Mandat d’arrêt

Interpol restera-t-il à jamais le groupe d’un seul album, Turn On The Bright Lights qui, en 2002, mettait le monde KO en exhumant la no-wave ? Les quatre New Yorkais lui administraient alors un traitement de choc à grandes doses de basses agressives et de guitares post-rock qui leur permirent de signer un des meilleurs albums de ce début de millénaire.
En 2004, Interpol sautait à pieds joints dans le piège du second album avec Antics, copie conforme du premier essai mais succès commercial assuré. Avec le recul toutefois, ce disque s’avère moins indigeste qu’à la première écoute et souffre surtout de ne pas être… le premier album d’Interpol, auquel cas il bénéficierait peut-être aujourd’hui du même statut que Turn On The Bright Lights.
Trois ans après ce coup dans l’eau, Interpol a l’occasion de se racheter une crédibilité avec un troisième album. Le dilemme est simple : soit s’enfoncer dans une pop facile aux refrains aguicheurs et basculer définitivement dans la catégorie des groupes à midinettes, soit prendre la critique à contre-pied et sortir l’anti-Turn On… qui pourrait sauver la face. Verdict à l’écoute de Our Love To Admire, tout juste sorti des presses.
Première impression : la pochette est immonde. Mais c’est à la mode. Il suffit de contempler quelques sorties récentes pour deviner que les maisons de disques se livrent une bataille secrète pour le prix du mauvais goût. Björk, Queens Of The Stone Age, The John Butler Trio et même les Beastie Boys nous gratinent de pochettes à l’esthétique plus que douteuse. Nous en reparlerons à l'occasion.
Deuxième impression, plus positive celle-là, à l’écoute du premier morceau : Pioneer To The Falls s’ouvre sur un riff de guitare qui, certes, a déjà été entendu mille fois sur les deux albums précédents, mais recèle ce qu’il faut d’amertume et de mélancolie pour laisser espérer une once de prise de risque. Arrive alors une batterie décidée qui confirme cette première impression intéressante. Hélas, à 2’57’’ exactement, tous mes espoirs se noient alors que déferle une marée de guitares déguisées en violons (ou l’inverse, on ne sait plus très bien), le summum de la pop pleurnicharde. Pas le temps de reprendre mon souffle que Paul Banks nous refait le coup du pont mi-chanté, mi parlé, la voix nasillarde étouffée par un vibrato du plus mauvais effet. La plage suivante, No I in Threesome confirme tout le mal que je pensais du single The Heinrich Maneuver. Et voilà le troisième album d’Interpol renvoyé directement aux oubliettes musicales. L’illusion n’aura même pas duré trois minutes. La suite de l’écoute se fait en apnée. Dur.
Interpol réitère donc son choix en faveur du stadium rock, des têtes d’affiche de festivals « grand public » et, qui sait, d’un matraquage sur MTV peut-être, sur Pure FM sûrement. Paul Banks et sa bande confirment leur réputation de groupe frileux, avare de nouveauté et enclin à la facilité. Du beau gâchis tout ça…

Le site officiel quand même : www.interpolnyc.com