mercredi 30 juin 2010

Lilium - Felt

Puisque, sur album, Wovenhand ne parvient plus à m’émouvoir comme avant, je vais commettre une légère infidélité. De ces infidélités un peu sordides, celles qui restent confinées dans le cercle familial et qui dévient parfois vers la consanguinité. Complice de cet impair : le bassiste français Pascal Humbert et son propre projet Lilium. Je dis bien « projet » parce que l’exercice de style pourrait difficilement être qualifié de groupe à part entière. Au gré des morceaux, il s’entoure des musiciens et vocalistes qui donneront à ses compositions tout le lustre qu’elles méritent. Bienvenue dans un concept à géométrie variable, un album qu’on compose à la carte avec les ingrédients de saison.

Si tu ne le connaissais pas, Pascal Humbert était le bassiste génial de feu 16 Horsepower, et depuis lors, reste le lieutenant fidèle de David Eugene Edwards au sein de Wovenhand. Compte tenu du caractère en acier trempé de l’allumé du Colorado, on peut imaginer que Humbert avait besoin d’une soupape de sécurité, un espace rien qu’à lui pour exprimer tout ce qui ne rentrait pas dans son rôle d’équipier de luxe.

Voilà donc comment est né Lilium, dont Felt est le troisième album en environ 10 ans d’existence. Plus posé, plus sage, plus atmosphérique que ses illustres cousins, Lilium s’écoute comme la bande son d’une traversée qui nous emmènerait au cœur de l’Amérique, celle des plaines désertiques, des routes à n’en plus finir et d’un soleil qui ferait transpirer nos chemises. Autour de la basse, ou de la contrebasse, viennent se greffer ici quelques accords de guitare, là une poignée de notes de piano et parfois mêmes des cuivres discrets. Des voix – féminines, masculines ou les deux – ajoutent une touche humaine à ce qui s’apparenterait autrement à la visite d’un village fantôme, perché sur un cheval rachitique et assoiffé, à la recherche de quelques gouttes d’eau dans un abreuvoir rempli de scorpions.

Felt s’impose comme un album d’une beauté assez brute et introvertie qui, sans tomber dans la facilité, ratisse du côté du folk, de la country, du jazz, du blues. Avec à l’intersection de tous ces styles toujours cette impression de chaleur étouffante, cette sueur qui ruisselle dans la nuque, ce soleil aveuglant. Un album qui sent le vieux cuir usé et le tabac à chiquer.

Une bien belle réussite pour un troisième album qui passera certainement entre les gouttes.

A écouter : Right were you are

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Sur le label Glitterhouse

vendredi 25 juin 2010

Lumerians - Burning Mirrors


Ami chasseur de buzz, toi qui pistes The Next Big Thing, ce qui suit risque de t’intéresser. Ce n’est pas dans mes habitudes de disserter sur un single, mais celui-ci en vaut vraiment la peine. Lumerians, c’est une bande de joyeux allumés originaires de San Francisco qui pratiquent un rock psychédélique qui plane tellement haut qu’on en attraperait le vertige. C’est limite si je ne dois pas bouffer trois Touristil pour faire passer le mal de l’air. Chacun y trouvera les références qu’il veut, mais moi, je ne peux m’empêcher de penser à ces vieilles BO de films français, à l’époque où Michel Magne et Jean Yanne versaient du Ricard jusque dans leur café du matin. Un peu comme ce qu’avait essayé de faire Bertrand Burgalat en sont temps. Mais le résultat est ici nettement plus bluffant.

Ce single, Burning Mirrors, fait suite à un premier EP épuisé, que je n’ai donc pas eu la chance d’écouter. Un album serait en préparation. Et je l’attends de pied ferme, parce que ces guitares qui vrombissent, ces claviers qui annoncent l’arrivée de Fantomas, cette basse qui rebondit sur chaque coup de grosse caisse et cette voix de cosmonaute qui aurait sniffé du Zyrtec, tout ça me transperce de partout. Ça déclenche des réactions chimiques, des arcs électromagnétiques qui mettent en communication mes petits orteils avec ce qui me reste de cheveux. Pour paraphraser un de mes nouveaux amis qui ne se reconnaîtra peut-être pas : « C’est de la balle de guerre ! »

Pour assurer un décollage parfait, les Lumerians devront sans doute miser sur le bouche à oreille. D’où cette vidéo complètement déjantée qui circule sur le net depuis quelques semaines et qui contribuera peut-être au buzz : une relecture sous psychotropes de La Chance aux Chansons de Pascal Sevran, une prestation fantomatique appuyée par un jeu de lumières revenu des années yéyé et un public dans lequel on jurerait avoir croisé Claude Gensac et Mireille Darc en train de se lécher le steak.

Je le répète : j’attends l’album. Mais je suis déjà totalement fanatique de ces Lumerians.

A regarder : Lumerians @ Dance Party Revival

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samedi 19 juin 2010

Higamos Hogamos : Sorcery EP

Il y a environ un an, j’évoquais en long et en large le premier album de Higamos Hogamos, qui réalisait la synthèse parfaite de tout ce qui se fait en matière de musique sous influence : rock psyché, glam rock, electro et house. Ou la rencontre anachronique de David Bowie, Marc Bolan et Daft Punk. Un vrai régal.
Aujourd’hui, le duo londonien se repositionne sur le balcon avec sous le bras un EP de 6 titres pressé à la va-vite sur des CD-R commandables via le label All Time Low. Cet EP salue le passage à une musique strictement instrumentale, beaucoup plus marquée par l’électronique et le funk que par le rock de nos parents. Le résultat est du coup beaucoup plus dansant… mais également nettement plus opaque et hermétique. Une musique qu’on écouterait moins avec ses potes que le premier album. Un disque plus autiste, plus fermé.
Tout cela s’inscrit en prévision d’Atomized, un deuxième album dont la sortie est prévue « dans le courant de l’année ». Sorcery ne serait donc qu’une sorte de brouillon, une sortie de piste contrôlée avant le grand ramdam. Une chose est sûre : il faut suivre ce groupe à la trace. Il y a un potentiel énorme là-derrière.

A écouter : Infinity plus one (extrait du 1er album)


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mardi 1 juin 2010

Jamie Lidell – Compass

Après avoir exprimé mes doutes sur le dernier album de Wovenhand, voici que j’étale ma frustration à propos de Jamie Lidell à pleines tartines. Multiply était un album bourré d’idées, les remixes de Multiply Additions laissaient présager de possibilités de recyclages à l’infini. Et depuis… depuis plus grand-chose à se mettre sous la dent. Jamie Lidell s’enferme dans un carcan bien trop étroit pour lui et évolue désormais dans la catégorie des petits joueurs, ceux qui tendent les bras aux honneurs de la FM.

Comment est-il possible de se débarrasser aussi rapidement de l’esprit frondeur de Multiply ? Comment les aventures electro-soul ont-elles viré dans cette espèce de bouillie r’n’b qui pue franchement la chambre d’adolescente ? Un mystère de plus.

Et pourtant, un titre comme The Ring ramène au triple galop les relents de cette époque où Lidell osait encore mêler sa voix incroyable à toutes sortes de dissonances venues d’ailleurs. Et puis, il reste cette vidéo postée la semaine dernière sur le site de la Blogothèque et qui cultive l’espoir : Jamie Lidell n’est peut-être pas totalement moribond. Il se fout juste un peu de notre gueule.

A regarder : The Ring

A regarder : Jamie Lidell en Concert à Emporter pour la Blogothèque


Les liens : 
Le site officiel
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