vendredi 30 juillet 2010

Aucan - DNA EP


C’est ce qu’on pourrait appeler un ballon d’essai. En 2008, les Italiens d’Aucan sortaient un premier album éponyme brillant, mêlant guitares tranchantes et électronique discrète. La mixture faisait l’effet de mets exquis et tenait la dragée haute à Battles, autre prétendant au titre de porte-drapeau d’un math-rock aux accents de Game Boy. A en croire les avis des quelques chanceux qui avaient pu voir nos amis transalpins sur scène, les deux groupes joueraient toutefois dans deux catégories bien distinctes. D’un côté, Aucan décape les murs avec des sets sauvages qui dépassent largement les taux des décibels humainement acceptables. De l’autre, Battles se contente de prestations léchées, techniquement irréprochables mais fondamentalement aussi chiantes que la traversée de l’E 411 dans une Xantia sans autoradio. 

Il y a quelques mois, Aucan frappait une nouvelle fois avec un EP de 5 morceaux au titre ambitieux : DNA. Faut-il en déduire que ce disque renferme le code génétique des compositions et influences du combo italien ? C’est bien possible, parce qu’avec ce mini-album, Aucan ratisse large et propose 5 chansons aux accents divers et variés. On passe d’un rock incisif à une électro agressive (ils revendiquent d'ailleurs l’étiquette de dubstep !), on a même droit à un morceau chanté qui se veut planant (mais qui ne vole pas très haut, il faut bien l’avouer) et le final se décompose comme un interminable bourdonnement dans la grande tradition du drone le plus obscur. 

Au moment de régler l'addition, on reste donc sur l'impression d'un menu 5 services de haute tenue, emmené par deux hors-d'oeuvre de gros calibre (Rooko et Crisis), même si le plate de résistance (DNA, chanté sans grande conviction) s'avère quelque peu amer. Difficile toutefois de réprimer un rot salvateur au terme d'un pousse-café solidement corsé.

A noter pour les curieux que Aucan vient également de sortir un 45 tours en split avec Talking Dead, qui propose une version remixée de Crisis, destinée paraît-il aux DJ. 

A regarder : Crisis

Le lien :

lundi 12 juillet 2010

Indian Jewelry - Totaled

Vouloir ressusciter le rock psychédélique à coups de synthés fumants est décidément une activité très à la mode. Au milieu de ce peloton aux yeux mi-clos, on reconnaît aisément ceux qui se dopent en se contentant de fumer la moquette. Et parmi les échappés, on distingue les autres, ceux pour qui le petit déjeuner ne s’arrête pas chez Tonton Tapis et qui préfèrent oser  le menu trois services : on fume la moquette en entrée, on sniffe la colle à tapisser en plat de résistance et, en guise de dessert, on avale un bout de ce plancher encore tout mérulé.

Indian Jewelry appartient indubitablement à cette deuxième catégorie, celle qui fera la course en tête. Ce n’est plus un voile de fumée qui plane sur leur musique, c’est carrément un brouillard radioactif aussi opaque que les muqueuses rectales d’un taureau par une nuit sans lune. Cette brume est tellement épaisse qu’on dissocie difficilement les voix de la batterie, les guitares des claviers. Psychogènes obligent, cet album donne la furieuse impression de tourner au ralenti, malgré le recours massif aux machines en tous genres, pourtant censées tenir la baraque au moins au niveau du rythme.

Cette bande d’allumés accouche donc d’un album qui flotte quelque part entre ici et là-bas, une bouillie aux pupilles dilatées, difficilement palpable, noyée sous des hectolitres d’artifices. Et pourtant, je dois reconnaître que ça fait mouche. Oceans, la plage d’ouverture se révèle d’une redoutable efficacité ; Excessive Moonlight peut se vanter d’une des lignes de basse les plus entêtantes de ce début de siècle et Never Been Better apporte cette petite montée d’adrénaline qui permet de sortir de la torpeur anxiolytique qui s’installe lentement mais sûrement.

Quant à ceux qui sont totalement hermétiques à ce genre de musique, l’écoute de ce disque leur sera un supplice interminable.

A regarder :  Lapis Lazuli

samedi 3 juillet 2010

La Bamba triste : l'oxymore selon Pierre Billon

Oxymore n. m.

Figure de style qui consiste à placer l'un à côté de l'autre deux mots opposés (voir antonymes). On trouve des cas célèbres d'emploi de ce procédé :

« Cette obscure clarté » (Corneille, Le Cid ), un silence éloquent, un mort-vivant etc.

Ce procédé crée un paradoxe, une image surprenante. Il s'agit d'ailleurs le plus souvent d'une métaphore. On l'appelle aussi parfois « alliance de mots » ou oxymoron.

Il ne doit pas être confondu avec l'antithèse.

L'un des plus beaux oxymores de l'histoire reste assurément La Bamba triste de Pierre Billon.

A regarder : l'original



A regarder : l'explication



A regarder : la version unplugged, 26 ans plus tard.



Source : www.labambatriste.com