Initialement consacré aux chroniques musicales, ce blog a muté pour devenir mon carnet de route de musicien au sein de OMSQ.
jeudi 31 décembre 2009
L’an neuf, c’était l’année passée.
samedi 26 décembre 2009
The Beast of 2009
Le plus anachronique.
Le plus percutant.
Le plus imagé.
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dimanche 20 décembre 2009
Swingers - Le Roi des Gueux
Les liens :
http://www.myspace.com/swingerssound
http://www.magasin4.be/
http://www.myspace.com/cassebrique
vendredi 18 décembre 2009
Pour sauver le Belvédère
En Communauté française, on aime bien la culture. On l’adore, même. On la vénère, on l’adule. Alors, le 26 septembre dernier, pour se donner la fête qu’elle mérite, la Communauté française a organisé une grande soirée de concerts sur la Grand-Place de Bruxelles. Au programme : de la grande culture francophone. La RTBF a mis les petits plats dans les grands et rappelé pour l’occasion Gilles Verlant, biographe noir-jaune-rouge de Gainsbourg, trop content de pouvoir sortir son plus beau futal vert fluo et ses bagues de St Nicolas, lui qui avec Pirette détient le joyeux record du nombre de C4 reçus du Boulevard Reyers.
Pour conférer à l’événement l’éclat des grands jours, rien de tel qu’un bon vieux classement breveté par Dechavanne : le top 10 des "chansons les plus populaires et les plus emblématiques" de notre très chère Communauté, résultat du vote des internautes. Luxueux, d’accord, mais démocratique avant tout. Quoi que… Les 10 merveilles sont en réalité déjà sélectionnées et l’intervention de la plèbe se limite à déterminer l’ordre de passage des chefs d’œuvre qui ont marqué tout une génération de Mouscron à Oupeye. On se disait bien…
Le 26 septembre, place au feu d’artifice. Sur la scène, les vedettes se bousculent. Attention aux oreilles, ça va faire mal :
"Kili-Watch" des Cousins …
"Ça plane pour moi" de Plastic Bertrand …
"Le mambo dèl loke a rlokter" de William Dunker…
"La Danse des Canards" de J.J. Lionel…
Que du lourd.
Pour interpréter "Born To Be Alive", la RTBF sort de son coma éthylique une Jil Caplan arrosée à la Duvel. Et comme il n’y a pas assez d’artistes en Communauté française, c’est La Grande Sophie qui est chargée de massacrer "La Valse à Mille Temps" de Brel tandis que Benabar se voit offrir sa petite auto-promo. Quant à James Deano, il ne daignera même pas se présenter pour interpréter "Les Blancs ne savent pas danser" mais qui s'en plaindra ?
Luxueux, démocratique et terriblement ringard. On se croirait revenus à l’époque du "Dix qu’on aime" de Georges Lang.
Heureusement, heureusement… Adamo et Technotronic (avec une version jazzy étonnante de Pump Up The Jam) sont là pour relever le niveau, sous l’œil amusé de Gilles Verlant, qui avouait quelques jours plus tôt avoir accepté cette mission uniquement pour le fric.
Quelques mois plus tard, en décembre pour être très précis, dans la capitale wallonne, une bande de jeunes qui a pris l’habitude depuis deux ans de se décarcasser pour programmer de la bonne musique au Belvédère, de la vraie musique, s’étonne de ne pas voir arriver sur son compte en banque la subvention tant attendue. Un peu crédule, peut-être, l’asbl PANAMA qui gère l’endroit croit y deviner un oubli. "La négligence des artistes" comme Louis Michel qualifiait jadis l’amnésie fiscale de Daniel Ducarme.
Sauf que…
Sauf que la subvention n’arrivera pas, le ministre du Budget et de l’Emploi André Antoine ayant soudain décidé que l’asbl PANAMA ne faisait plus partie « des priorités sectorielles ». Peut-être que si le Belvédère avait consacré plus de soirées à la Danse des Canards, rempli plus souvent les verres de Jil Caplan ou invité Gilles Verlant pour un défilé de pantalons affriolants, alors peut-être que la mayonnaise aurait pris une autre consistance. Peut-être.
Mais en attendant, sans cette subvention (36.000 euros annuels), c’est toute la programmation du Belvédère qui risque d’en prendre un coup. Avec sans doute quelques licenciements à la clé et une saison 2010 au rabais. C’est pour ça que je te demande de lire l’histoire complète de cette saga bien de chez nous et de signer la pétition pour que le Belvédère puisse poursuivre ses activités.
Merci.
Les liens :
dimanche 6 décembre 2009
Thierry Huart-Eeckhout : Un an au Front National

L’expression « en avoir dans le pantalon » prend tout son sens à la lecture du livre de Thierry Huart-Eeckhout. L’auteur y raconte comment, alors qu’il était étudiant en dernière année en sociologie politique, il a infiltré les rangs du Front National belge dans le cadre de son mémoire de fin d’études.
La critique est facile, l’observation plus pertinente, la participation encore plus courageuse. Voilà comment on pourrait résumer ce récit qui nous plonge pendant un an dans les coulisses du parti d’extrême-droite. D’abord perplexe, l’étudiant s’étonne de l’enthousiasme avec lequel il est accueilli aux premières réunions. En quelques jours, il sera intégré comme un des leurs, sera invité aux congrès, aux commissions, partagera les petits secrets d’un parti qui ressemble surtout à un panier de crabes : querelles internes innombrables, démêlés avec la justice (pour des propos condamnables, pour des saluts nazis lors des prestations de serment mais aussi pour des tas d’approximations comptables qui vaudront au Front National une suspension de sa donation publique).
On est surtout surpris par l’intimité qui lie immédiatement les pontes du parti au jeune homme. Pas méfiants pour un sou, ils n’hésiteront pas à lui raconter leurs meilleures blagues sur les Juifs, à lui faire découvrir leurs bibliothèques richement garnies d’ouvrages révisionnistes, à lui montrer leurs photos dédicacées par Léon Degrelle, à lui expliquer leur lecture très particulière de la Seconde Guerre Mondiale, etc.
Mais le panier de crabes ne s’arrête pas là. En aparté, les cadres se tirent dans les pattes, se dénoncent les uns les autres. Ils préparent déjà la relève pour le jour où le président descendra de son piédestal. Pire : le livre montre à quel point le parti est désorganisé, amateur. Les réunions se tiennent dans un hangar mal chauffé, réunissent quelques rares sympathisants peu attentifs pendant que défilent à la tribune les élus qui dénoncent les complots contre leur personne et rejettent la responsabilité de leurs échecs cuisants sur leur voisin. La plupart du temps, les chaises sont vides parce que la secrétaire du parti s’est trompée de date en envoyant les invitations.
Le gouffre qui sépare la base des cadres est abyssal. D’un côté, des laissés pour compte, chômeurs, retraités, étudiants, moutons aveuglés par une propagande populiste et démago. De l’autre, quelques avocats et médecins, idéologues improvisés, nantis et opportunistes, aux dents qui raient le parquet, rarement au courant du fonctionnement de la chose publique.
Le livre de Thierry Huart-Eeckhout montre aussi un parti qui flirte avec des groupuscules nettement plus dangereux encore, comme Terre Et Peuple, cette organisation dont le but est de préparer l’Europe à la guerre ethnique.
Si j’ai commencé ce post par l’expression « en avoir dans le pantalon », c’est parce que l’auteur n’a reculé devant aucun obstacle pour rendre son récit le plus réaliste possible. Quand il a été invité à participer aux commissions chargées de la rédaction du programme électoral, il a dû prendre sa carte de membre comme les statuts du FN l’exigent (couvert par son directeur de recherche). Plus tard, on lui proposera même de rejoindre les listes, ce qu’il refusera habilement. Au cours des premières semaines de son infiltration, il était toujours accompagné d’un ami qui a préféré jeter l’éponge, sentant le danger d’une telle expérience. A plusieurs reprises, Thierry Huart-Eeckhout s’est retrouvé dans une posture délicate, comme la fois où il a trinqué malgré lui à la solution finale dans un restaurant proche du parlement en compagnie d’élus frontistes.
Malgré un style très scolaire, son livre est intéressant à plusieurs égards : d’une part pour l’audace de l’expérience et, d’autre part, pour la justesse du récit, précis comme un documentaire animalier. Ce travail est d’autant plus remarquable qu’en Belgique francophone, rappelons-le, l’extrême-droite est toujours boycottée par la presse (le fameux cordon sanitaire), ce qui laisse peu d’occasions d’appréhender de front ce parti morcelé, déchiré par les luttes intestines et au discours simpliste.
[Pour éviter les amalgames, je n’ai ajouté dans ce post aucun lien vers les sites du parti, des élus concernés ou des autres mouvements cités dans le livre. Une simple recherche sur Google permettra d’apprécier les propos nauséabonds de ces gens.]
Le liens :
Sur le site du Mrax : ici.
Sur le site des Editions Luc Pire : ici.
samedi 5 décembre 2009
La com d'une banque sous-titrée
Si tu ne le sais pas encore, ce sera un scoop : dans mon autre vie, je travaille à la « com » dans une banque. Dans mon autre vie précédente, j’exerçais déjà le même métier, mais dans une autre banque. Je ne vais pas cracher dans la soupe : ce n’est pas aussi traumatisant qu’on pourrait le croire à première vue. Mais c’est vrai que de temps en temps, on arrive à écrire des inepties dans un langage tellement vague et obscur qu’on se demande ce qu’on pourrait encore envier aux plus grands propagandistes de l’Histoire.
Quand il s’agit d’écrire un communiqué de presse annonçant des nouvelles peu réjouissantes, notre maître à tous, c’est Muhammed Saeed al-Sahaf, l’ancien ministre irakien de l’information. Souviens-toi : alors qu’en arrière-plan, on voyait les GI’s déjà occupés à décrocher les portraits de Saddam, ce pro de la com ne perdait rien de sa superbe en affirmant mordicus que les Irakiens tenaient toujours l’occupant US à au moins 50 bornes de Bagdad. Les banques, c’est pareil : même quand elles doivent annoncer qu’elles vont devoir revendre la moquette pour ne pas mettre la clé sous le paillasson, elles le font avec le sourire et arrivent, non seulement à vous faire croire que c’est une bonne nouvelle, mais aussi à carrément vous faire sortir la petite monnaie pour racheter la carpette miteuse.
Passé maître dans le décryptage de la langue de bois, je ne résiste pas à la tentation de sous-titrer une des dernières com de BNP Paribas Fortis, sur le fameux thème des synergies. Un cas d’école.
Si le sujet te gonfle, passe ton chemin et va écouter de la bonne musique.
Avant d'aller plus loin, méditons sur cette phrase de Jean-Laurent Bonnafé, le nouveau CEO de BNP Paribas-Fortis : "Réfléchir, c'est déjà commencer à désobéir." Il y a des gens qui laissent rêveur...
En noir, l’original.
En rouge : les sous-titres.
BNP Paribas va réduire ses coûts de 850 millions
BNP Paribas : 850 millions seront distribués aux actionnaires
« La réduction des effectifs viendra pour l’essentiel de départs naturels ou volontaires », précise la banque française, sans chiffrer cette réduction. Quatre centres de compétences seront créés en Belgique, y permettant de limiter les suppressions de postes.
On va continuer à rester flou sur notre politique de ressources humaines. En laissant du personnel motivé et compétent sur une voie de garage, nous pensons en pousser un certain nombre vers la démission, ce qui nous évitera de devoir leur payer des indemnités de départ ou de devoir négocier un plan de licenciement avec les organisations de représentation du personnel, comme l’exige la loi belge.
L’intégration à la banque française BNP Paribas de la belge Fortis devrait permettre au groupe de dégager 900 millions d’euros de synergies annuelles à partir de 2012, 80 % de plus que l’estimation de 500 millions publiée en mai, a annoncé BNP Paribas dans un communiqué mardi.
En rachetant Fortis avec la bénédiction du gouvernement belge, la banque BNP Paribas avait annoncé 500 millions de réductions de coûts. Elle a menti, puisque les économies s’élèveront finalement à 900 millions d’euros. Mais avec un plan pareil, elle n’aurait sans doute pas bénéficié de l’aval des petits Belges.
L’essentiel des synergies proviendra d’une réduction des coûts de 850 millions, grâce à des économies d’échelle et à une rationalisation de l’activité « portant sur l’organisation, les systèmes d’information, les locaux, les achats et les ressources humaines ».
L’essentiel des économies porte sur les bouts de ficelles suivants : des systèmes informatiques moins performants, plus personne pour aider le personnel quand un PC plante, le regroupement dans des bureaux plus exigus et la mise au placard de centaines d’employés en attendant qu’ils démissionnent, fassent une dépression ou commettent une faute grave. Ça n’a l’air de rien, mais en trois ans, ça permettra de retirer 850 millions d’euros du circuit et de les distribuer aux actionnaires.
« La réduction des effectifs viendra pour l’essentiel de départs naturels ou volontaires », précise la banque, sans chiffrer cette réduction.
La banque va pousser le personnel jusqu’à l’épuisement, en espérant en dégoûter le plus grand nombre. Bon débarras.
Quatre centres de compétences seront créés en Belgique, permettant de limiter dans le pays les suppressions de postes, conformément aux engagements pris vis-à-vis de l’Etat belge.
Pour créer une diversion, on va donner de nouvelles responsabilités et un nouveau chef à un tas de gens. Le temps qu’ils comprennent ce qu’on leur demande, ça devrait les occuper quelques années. Persuadés qu’ils ont un nouveau rôle à jouer, ils ne feront pas grève.
BNP Paribas a définitivement acquis le 12 mai 75 % de Fortis Banque, nationalisée en octobre 2008. La banque a été rebaptisée depuis BNP Paribas Fortis.
BNP Paribas a reçu un beau cadeau de l’Etat belge l’année dernière. Encore merci à tous.
Dans la banque de détail, les synergies (252 millions d’euros) proviendront principalement « de l’optimisation des réseaux et de la meilleure utilisation des technologies ».
Dans les activités qui concernent en premier lieu Monsieur Tout le Monde, on va réduire les budgets en ne remplaçant pas les PC défectueux. Le client aura toujours droit au sourire gêné de la crémière, mais il devra repasser plusieurs fois en agence pour avoir droit à une simulation de crédit.
BNP Paribas avait indiqué en septembre qu’elle fermerait en France quarante agences Fortis et vingt centres d’affaire, sans procéder à des licenciements ou mettre en place de plan de départ volontaire.
BNP Paribas avait annoncé auparavant qu’elle recaserait une partie de son personnel français.
Concernant la banque de financement et d’investissement, l’essentiel des économies (368 millions d’euros) proviendra de l’intégration des activités de Fortis dans le secteur à la plateforme mondiale CIB (Corporate and Investment Banking) de BNP Paribas.
En ce qui concerne les activités les plus risquées de la banque, celles qui lui ont rapporté des milliards quand tout allait bien, mais ont plongé toute la planète dans le rouge quand il s’est avéré que ces gens ne brassaient que du vent, on préfère écrire une phrase qui ne veut rien dire parce que, de toute façon, on ne changera rien.
131 millions d’euros de synergies seront encore dégagées dans la branche Investment Solutions (banque privée, gestion d’actifs, métiers titres, activités d’assurance…), et 149 pour les fonctions centrales.
Ici aussi, on préfère rester vague. Nos clients fortunés auraient trop peur qu’on leur serve du Crémant d’Alsace à la place de la Veuve Clic.
Le coût de la restructuration est évalué à 1,3 milliards d’euros sur la période 2009-2011 (200 millions en 2009, 800 millions en 2010, 300 millions en 2011). Ce coût mis à part, l’opération sera relutive (elle permettra une hausse du bénéfice par action) dès 2010. L’intégration des deux entités aura un impact positif de 8,5 % sur le bénéfice en 2012 « lorsque toutes les synergies produiront leurs résultats », espère BNP Paribas. Le retour sur capitaux investis devrait être supérieur à 20 % à cette date.
Nous avons coulé la planète à cause des promesses intenables que nous avons faites à nos actionnaires. Pour éviter le séisme, le contribuable a dû se vider les poches. Merci les gars, nos actionnaires vous en sont reconnaissants. A l’occasion, venez nous saluer. On vous servira une coupette de Crémant tiède.
Le même communiqué en vidéo: