Vouloir ressusciter le rock psychédélique à coups de synthés fumants est décidément une activité très à la mode. Au milieu de ce peloton aux yeux mi-clos, on reconnaît aisément ceux qui se dopent en se contentant de fumer la moquette. Et parmi les échappés, on distingue les autres, ceux pour qui le petit déjeuner ne s’arrête pas chez Tonton Tapis et qui préfèrent oser le menu trois services : on fume la moquette en entrée, on sniffe la colle à tapisser en plat de résistance et, en guise de dessert, on avale un bout de ce plancher encore tout mérulé.
Indian Jewelry appartient indubitablement à cette deuxième catégorie, celle qui fera la course en tête. Ce n’est plus un voile de fumée qui plane sur leur musique, c’est carrément un brouillard radioactif aussi opaque que les muqueuses rectales d’un taureau par une nuit sans lune. Cette brume est tellement épaisse qu’on dissocie difficilement les voix de la batterie, les guitares des claviers. Psychogènes obligent, cet album donne la furieuse impression de tourner au ralenti, malgré le recours massif aux machines en tous genres, pourtant censées tenir la baraque au moins au niveau du rythme.
Cette bande d’allumés accouche donc d’un album qui flotte quelque part entre ici et là-bas, une bouillie aux pupilles dilatées, difficilement palpable, noyée sous des hectolitres d’artifices. Et pourtant, je dois reconnaître que ça fait mouche. Oceans, la plage d’ouverture se révèle d’une redoutable efficacité ; Excessive Moonlight peut se vanter d’une des lignes de basse les plus entêtantes de ce début de siècle et Never Been Better apporte cette petite montée d’adrénaline qui permet de sortir de la torpeur anxiolytique qui s’installe lentement mais sûrement.
Quant à ceux qui sont totalement hermétiques à ce genre de musique, l’écoute de ce disque leur sera un supplice interminable.
A regarder : Lapis Lazuli
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