Mandat d’arrêt
Interpol restera-t-il à jamais le groupe d’un seul album, Turn On The Bright Lights qui, en 2002, mettait le monde KO en exhumant la no-wave ? Les quatre New Yorkais lui administraient alors un traitement de choc à grandes doses de basses agressives et de guitares post-rock qui leur permirent de signer un des meilleurs albums de ce début de millénaire.
En 2004, Interpol sautait à pieds joints dans le piège du second album avec Antics, copie conforme du premier essai mais succès commercial assuré. Avec le recul toutefois, ce disque s’avère moins indigeste qu’à la première écoute et souffre surtout de ne pas être… le premier album d’Interpol, auquel cas il bénéficierait peut-être aujourd’hui du même statut que Turn On The Bright Lights.
Trois ans après ce coup dans l’eau, Interpol a l’occasion de se racheter une crédibilité avec un troisième album. Le dilemme est simple : soit s’enfoncer dans une pop facile aux refrains aguicheurs et basculer définitivement dans la catégorie des groupes à midinettes, soit prendre la critique à contre-pied et sortir l’anti-Turn On… qui pourrait sauver la face. Verdict à l’écoute de Our Love To Admire, tout juste sorti des presses.
Première impression : la pochette est immonde. Mais c’est à la mode. Il suffit de contempler quelques sorties récentes pour deviner que les maisons de disques se livrent une bataille secrète pour le prix du mauvais goût. Björk, Queens Of The Stone Age, The John Butler Trio et même les Beastie Boys nous gratinent de pochettes à l’esthétique plus que douteuse. Nous en reparlerons à l'occasion.
Deuxième impression, plus positive celle-là, à l’écoute du premier morceau : Pioneer To The Falls s’ouvre sur un riff de guitare qui, certes, a déjà été entendu mille fois sur les deux albums précédents, mais recèle ce qu’il faut d’amertume et de mélancolie pour laisser espérer une once de prise de risque. Arrive alors une batterie décidée qui confirme cette première impression intéressante. Hélas, à 2’57’’ exactement, tous mes espoirs se noient alors que déferle une marée de guitares déguisées en violons (ou l’inverse, on ne sait plus très bien), le summum de la pop pleurnicharde. Pas le temps de reprendre mon souffle que Paul Banks nous refait le coup du pont mi-chanté, mi parlé, la voix nasillarde étouffée par un vibrato du plus mauvais effet. La plage suivante, No I in Threesome confirme tout le mal que je pensais du single The Heinrich Maneuver. Et voilà le troisième album d’Interpol renvoyé directement aux oubliettes musicales. L’illusion n’aura même pas duré trois minutes. La suite de l’écoute se fait en apnée. Dur.
Interpol réitère donc son choix en faveur du stadium rock, des têtes d’affiche de festivals « grand public » et, qui sait, d’un matraquage sur MTV peut-être, sur Pure FM sûrement. Paul Banks et sa bande confirment leur réputation de groupe frileux, avare de nouveauté et enclin à la facilité. Du beau gâchis tout ça…
Le site officiel quand même : www.interpolnyc.com
2 commentaires:
Je trouve ton article tout simplement "frileux" et "facile". Turn on the bright lights est sans conteste un bijoux. Antics va dans le même avec une nouveauté par rapport au précédent avec des titres comme Next exit, Evil bien evidemment, Not even jail ou encore le génialissime C'mere.
Quand à la pochette je ne vois decidement aucun lien avec les artistes que tu cites( j'ai pris le soin de les voir); de plus, c'est une pochette intriguante, enigmatique collant parfaitement au contenu. Au passage, la nouveauté passe par cette pochette qui n'a strictement rien à voir avec les deux precedentes, beaucoup plus sobres.
Enfin, on retrouve dans Pioneer to the falls de nouvelles sonoritées, malgrés un fond qui reste le meme je te l'accorde, mais il s'agit d'une empreinte reconnaissable et qui fait d'Interpol un groupe à part. Preuve: Interpol depuis sept ans maintenant.
Voila, encore une fois je trouve dommage que tu restes aussi peu receptif, et que ton analyse soit aussi fragile que ça...à croire que l'on n'a pas écouté le même groupe..
Coooool, une discussion!
Primo : si tu as aimé cet album, tu as raison de réagir. Si tout le monde aimait les mêmes choses, ce serait un monde bien triste.
Secundo : je n'entrerai pas dans un débat "c'est génial"/"c'est nul", mais plutôt dans "j'ai aimé"/"j'ai pas aimé" et pourquoi. Le fait est que je n'ai pas aimé ce disque, c'est indéniable. Et j'ai expliqué pourquoi : je le trouve chiant. Si je disais le contraire, je mentirais.
En ce qui concerne la pochette, le point commun avec celles de QOTSA ou Björk est pourtant simple : elle est laide. De nouveau, c'est mon avis et ça n'engage que moi. Mais à en croire certains forums que je viens juste de consulter, j'ai l'impression que je ne suis pas le seul à partager cet avis. Encore une fois, si toi, tu la trouves intrigante, pourquoi pas ? C'est une autre façon de voir les choses, mais je n'y adhère pas. Personnellement, je trouve les oeuvres de Jan Fabre à chier, alors que plein de gens adorent. Sans doute que demain, je dirai le plus grand bien d'un album que tu trouveras merdique. C'est le propre des blogs. Je donne mon avis et personne n'est obligé de s'y plier. Bien au contraire. C'est bien plus instructif de lire deux avis radicalement opposés, plutôt que de lire une critique à l'eau de rose dans un mag qui fera une pleine page de pub pour le même album sur la page d'à côté. J'y vais peut-être un peu fort ? Tant mieux ! ça ne fera que susciter des réactions encore plus argumentées.
Conclusion : on n'est pas d'accord, tu fais bien de le souligner et de donner ta version des faits. Mais ça ne me fera pas changer d'avis sur le fait que je m'emmerde à l'écoute de ce CD. Et le prochain CD qui m'emmerdera aura droit aux mêmes propos. Et j'espère que quelqu'un viendra à son tour me défendre une thèse diamétralement opposée.
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