Puisque, sur album, Wovenhand ne parvient plus à m’émouvoir comme avant, je vais commettre une légère infidélité. De ces infidélités un peu sordides, celles qui restent confinées dans le cercle familial et qui dévient parfois vers la consanguinité. Complice de cet impair : le bassiste français Pascal Humbert et son propre projet Lilium. Je dis bien « projet » parce que l’exercice de style pourrait difficilement être qualifié de groupe à part entière. Au gré des morceaux, il s’entoure des musiciens et vocalistes qui donneront à ses compositions tout le lustre qu’elles méritent. Bienvenue dans un concept à géométrie variable, un album qu’on compose à la carte avec les ingrédients de saison.
Si tu ne le connaissais pas, Pascal Humbert était le bassiste génial de feu 16 Horsepower, et depuis lors, reste le lieutenant fidèle de David Eugene Edwards au sein de Wovenhand. Compte tenu du caractère en acier trempé de l’allumé du Colorado, on peut imaginer que Humbert avait besoin d’une soupape de sécurité, un espace rien qu’à lui pour exprimer tout ce qui ne rentrait pas dans son rôle d’équipier de luxe.
Voilà donc comment est né Lilium, dont Felt est le troisième album en environ 10 ans d’existence. Plus posé, plus sage, plus atmosphérique que ses illustres cousins, Lilium s’écoute comme la bande son d’une traversée qui nous emmènerait au cœur de l’Amérique, celle des plaines désertiques, des routes à n’en plus finir et d’un soleil qui ferait transpirer nos chemises. Autour de la basse, ou de la contrebasse, viennent se greffer ici quelques accords de guitare, là une poignée de notes de piano et parfois mêmes des cuivres discrets. Des voix – féminines, masculines ou les deux – ajoutent une touche humaine à ce qui s’apparenterait autrement à la visite d’un village fantôme, perché sur un cheval rachitique et assoiffé, à la recherche de quelques gouttes d’eau dans un abreuvoir rempli de scorpions.
Felt s’impose comme un album d’une beauté assez brute et introvertie qui, sans tomber dans la facilité, ratisse du côté du folk, de la country, du jazz, du blues. Avec à l’intersection de tous ces styles toujours cette impression de chaleur étouffante, cette sueur qui ruisselle dans la nuque, ce soleil aveuglant. Un album qui sent le vieux cuir usé et le tabac à chiquer.
Une bien belle réussite pour un troisième album qui passera certainement entre les gouttes.
A écouter : Right were you are
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