Il y a quelques mois, j’expliquais comment, confronté à la mort soudaine de mon grand-père, je m’étais retrouvé totalement désemparé au moment de choisir le cd qui m’accompagnerait dans la voiture, sur la route du funérarium.
Comme souvent dans ces cas-là, ma grand-mère n’a pas tardé à lui emboîter le pas. Difficile en effet de trouver un sens au veuvage après 65 ans de mariage.
Vendredi après-midi, celle qui laisse derrière elle une encyclopédie de souvenirs et d’anecdotes usées à force d’être resservies à chaque fête de famille s’en est allée dans un ultime soupir, long et froid. Cette fois-ci, point de réelle surprise : la grande dame était alitée depuis une semaine, rongée de partout par cette saloperie de crabe qui nous emportera tous, à la dérive quelque part entre la mort et un état qui n’était déjà plus tout à fait la vie.
C’était donc le dernier voyage d’une grand-mère assez rock’n’roll en réalité. Même si elle n’a sans doute jamais écouté le moindre accord de guitare. Une grand-mère avec un cœur énorme mais affaibli, un caractère en acier trempé, un sens inné pour raconter des histoires interminables. Une grand-mère qui, il y a quelques années seulement, me prenait à contre-pied en relatant ces deux épisodes incroyables qui l’avaient à chaque fois amenée derrière les barreaux… même si ce n’était que quelques heures en garde à vue.
Eh ouais les mecs, ma mémère, elle a fait de la taule. Qui n’a jamais rêvé d’avoir une grand-mère aussi cool ? Si j’avais su ça quand j’avais 10 ans, j’aurais été le roi de la cour de récré.
Ce vendredi, quand le téléphone a sonné vers 16 heures, quand mon cousin était à l’autre bout du fil pour m’annoncer « C’est fini, elle n’a pas souffert », mon pc était en train de passer une chanson du groupe I Love You But I’ve Chosen Darkness : The Ghost. Je ne suis pas très pratiquant des superstitions et autres sciences des coïncidences, mais j’aime bien l’idée qu’il pourrait y avoir là-derrière un dernier clin d’œil. Elle m’aimait mais a préféré les ténèbres. Comme je la comprends. A sa place, j’aurais fait pareil.
A trente ans, me voilà donc sans grands-parents. Mais la tête pleine de souvenirs en technicolor, le ventre plein de fierté et les yeux éblouis par des modèles du genre. Quand je serai grand-père à mon tour, j’aurai de qui m’inspirer.
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1 commentaire:
Superbe post ! Un régal à lire.
Et désolé pour ta rock'n'granny.
Et merci de m'avoir fait découvrir I Love You But I've Chosen Darkness, à première ouïe ça me plait bien.
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