vendredi 27 juillet 2007

Pelican - City Of Echoes

La loi du silence

Pelican est un quatuor de Chicago dont le troisième album, City Of Echoes, vient de sortir chez Hydra Head. La discographie compte également deux EP et un DVD live. Nourri au sein par des déménageurs aussi délicats que les Melvins, Pelican pratique un rock brutal, frontal mais strictement instrumental. Pas la peine de chercher : vous n'y entendrez pas la moindre vibration de corde vocale. Les quatre gars de Pelican préfèrent rester muets comme des carpes et se concentrer sur leurs instruments... qu'ils maltraitent avec joie. Le son se veut gras, lourd et puissant. Les références renvoient inévitablement à Isis, mais également à des formations post-rock telles que Mono ou Explosions In The Sky.
Ce troisième album s'ouvre sur Bliss In Concrete, morceau qui ravivera de nombreux souvenirs aux chanceux qui ont déjà pu découvrir Pelican sur scène et qui ont compris depuis que, même équipé des meilleures boules Quies, on pouvait toujours percevoir des infrabasses avec les genoux. Prétextant une intro plus "civilisée", les instruments rageurs de Pelican nous plongent progressivement dans un univers chaotique et dérangé. Au fil des notes, la batterie se révèle de plus en plus oppressante alors que la basse creuse profondément et méthodiquement votre dernière demeure. 5 minutes et 30 secondes plus tard, nous voici arrivés au bout de cette première épreuve, transpirants et décoiffés. Quel coffre ! Suit le titre City Of Echoes, qui distribue également quelques claques mais s'avère sur la longueur plus mélodique et moins sismique que la plage d'intro. L'impression de calme (tout relatif quand il s'agit de Pelican !) se confirme avec Spaceship Broken-Parts Needed qui démarre tout en douceur, avant, à son tour, de céder sous les coups de boutoirs d'un batteur décidément bien énervé.

Mais la surprise du chef vient surtout de Winds With Hands qui met en scène des guitares... acoustiques. Le calme avant la tempête car, sur le titre suivant, le bien nommé Dead Between The Walls, Pelican sort l'artillerie lourde et prend directement l'auditeur à la gorge avec un riff de guitare époustouflant, martelé avec une violente détermination. Ce morceau est sans doute le plus intriguant de l'album : à mi-parcours, le son digne d'une douzaine de tronçonneuses cède la place à des arpèges aériens avant de ressombrer dans un fracas d'accords durs et répétitifs.

La suite de l'album rappelle que Pelican est friand de structures imprévisibles et de retournements en tous genres. Pour preuve la plage finale, intitulée A Delicate Sense of Balance, d'une étrange douceur, comme pour s'excuser auprès de l'auditeur pour les sévices administrés en cours de séance.
City Of Echoes est à ce jour l'album le plus varié de Pelican, et sans doute le plus ouvert, pour autant qu'on puisse parler d'ouverture quand il s'agit d'un style aussi radical. Habitué à pulvériser les baffles sur ses essais précédents, le quatuor démontre ici une vraie habileté à emprunter des chemins tortueux avant d'entraîner ses compositions dans des paysages noirs et terrifiants. Parfois insaisissable (la plage d'ouverture est un vrai labyrinthe), ce troisième album démontre pourtant qu'il est possible de frapper fort tout en conservant un format acceptable (8 morceaux pour moins de 45 minutes, alors que le post-rock n'hésite jamais à dépasser allègrement les 10 minutes pour un seul morceau).
Bien lire la notice avant l'écoute.



Les liens intéressants :
Le site officiel : http://www.hydrahead.org/hh/pelican_site/ (avec l'album en streaming)

Un extrait vidéo live de "Bliss In Concrete" :



1 commentaire:

Parisian Cowboy a dit…

Très bel album en effet. Dommage que l'on en parle pas plus ailleurs. Bravo.