jeudi 29 décembre 2011

€ sides and rarities : ma compile 2011




Je sors de ma léthargie pour te proposer ma compilation des titres que j’ai le plus écoutés cette année. Ce ne sont pas forcément les plus hype, ni ceux que tu retrouveras sur les prétentieux samplers d’autres sites. Juste une sélection 100% subjective de ce qui m’est passé entre les oreilles au cours de l’année. Pour le titre, une référence à l’effondrement de l’Europe s’imposait. Après les A sides de Soundgarden, les B sides de Nick Cave et même les C sides de McLusky, voici mes € sides and rarities. Comme d’habitude, n’oublie pas d’acheter tout ce qui te plait. La compile et l’artwork sont disponibles via la page Facebook du blog ou sur simple demande par email. Bon amusement. Ou pas.

PJ Harvey – The Last Living Rose (GB)

« Goddamn Europeans / Take me back to / Beautiful England… » On ne pouvait pas imaginer meilleure entrée en matière pour une compilation qui célèbre la première année du déclin de l’Empire européen. Accessoirement, Polly Jean a signé en 2011 son meilleur album depuis au moins quinze ans.

Le site officiel de PJ Harvey.
Ecouter "The Last Living Rose"





Honey For Petzi – Power Loss (CH)

Invités surprises de cette compile 2011, le trio suisse Honey For Petzi a égayé mes oreilles tout au long de l’année avec cette face B d’un single sorti sur le label français African Tape. Belle mélodie, refrain plein d’harmonies bien trouvées. Au passage, le franc suisse a atteint un plafond au cours de l’année. C'est bien de le préciser.

Ecouter Honey For Petzi sur MySpace.
Honey For Petzi sur AfricanTape.





Slice and Soda – Year of the Dragon (FRA – GB)

Chaque année est l’occasion de célébrer l’héritage du Dieu David Bowie. En 2011, c’est le duo franco-britannique Slice and Soda qui s’y est collé, avec un "Year of The Dragon" qui combine toutes les ficelles disco-rock de "Let’s Dance", "Scary Monsters" et "Ashes to Ashes". Même le timbre de voix légèrement dissonant y est. L’histoire ne dit pas s’ils ont payé des droits d’auteur pour la ligne de basse. Coucou au passage à celle qui m’a fait découvrir cette pépite, elle se reconnaîtra.

Slice And Soda sur MySpace.
Ecouter "Year of the Dragon"



Iceage – New Brigade (DEN)

Il paraît que Iceage est devenu hype. Mais comme je ne suis pas les sites qui répertorient les buzz du moment, je m’en balance un peu. On a donc ici affaire à des jeunes cons danois qui chantent faux, qui jouent faux, qui s’enregistrent tellement mal que ça en devient insultant pour les garages. Et pourtant, c’est foutrement efficace. Mention spéciale pour le final de ce morceau, en guise de refrain pour stades de foot.

Ecouter Iceage sur Myspace.
Regarder la vidéo "New Brigade".



Half Asleep – The Fifth Stage of Sleep (BEL)

Attention, ici on touche une corde sensible. Bientôt 10 ans d’une carrière impeccable pour Half Asleep. Le nouvel album est tellement bon que je me le suis offert moi-même pour Noël. Difficile de faire une sélection dans un tel condensé de pop froide, de folk baroque et de murmures sourds. J’ai finalement choisi cette chanson-ci pour son crescendo en filigrane jusqu’à l’étouffement final. Album indispensable de l’année. Et si tu accroches, va donc aussi écouter les précédents et l’incroyable reprise du Butcher’s Boy de Buell Kazee. Half Asleep reste un solide coup de boule dans la tronche de toutes celles qui, en 2011, se sont senties obligées de singer les premiers albums de Cat Power.

Ecouter en streaming "Subtitles for the Silent Versions", le dernier album de Half Asleep. 
Half Asleep sur MySpace.


Pterodactyl – School Blue (USA)

C’est déjà le cinquième disque de Pterodactyl. Et c’est celui qui marque le passage des New Yorkais dans la catégorie supérieure : mieux composé, mieux enregistré, mieux produit. On entend même la basse ! Et cerise sur le gâteau : soit ils ont appris à chanter, soit la nouvelle version de ProTools est vraiment fantastique. "School Blue", c’est un peu des polyphonies made in Brooklyn.


Regarder la vidéo de "School Blue".
Pterodactyl sur Jagjaguwar.




Owen – No Place Like Home (USA)

Pas grand chose à dire sur cette chanson pop-folk parfaite. Il y en a tellement qui se cassent la tête à vouloir ajouter des artifices de hippies à leurs compositions qu’on se surprend à réapprécier les choses simples. Ce titre d’Owen, qui n’a a priori rien de particulier, m’a cueilli au menton par son efficacité. C’est bien foutu, efficace et direct.

Ecouter en streaming l'album "Ghost Town" d'Owen.
Owen sur Polyvinyl.




The Walking Ghost Phase – Rockatansky (BEL – ESP)

Ici aussi, celle qui m’a poussé à la découverte se reconnaîtra. Deux frères belges expatriés à Valence pour truffer leurs compositions électro de références littéraires et cinématographiques. J’aime autant pour la forme que pour le fond.

The Walking Ghost Phase sur MySpace.
Télécharger l'album.






White Hills – Paradise (USA)

Si tu n’accroches pas dès les 30 premières secondes, passe ton chemin. Sur son dernier album, White Hills a osé la variation sur un même thème de plus de 12 minutes. Bruyant au possible, plus psyché que ça tu meurs, multi-orgasmique pour celui qui se laisse prendre au jeu, suicidaire pour les autres.


White Hills sur Thrill Jockey Records.
Regarder la vidéo de "Paradise" (version courte).





REM – Oh My Heart (USA)

Puisque mon premier amour rock a décidé de ranger ses crampons cette année, je me devais de lui rendre un dernier hommage. Cette ballade en trois accords m’a glacé le sang cette année et pour plein de raisons différentes. Notamment parce que je l’ai découverte le jour où j’accompagnais ma petite à l’hôpital pour m’assurer qu’elle n’avait pas hérité du cœur polyrythmique de son père. RAS. REM. Ce ne sont que trois lettres, mais ça fait un bien fou. Au passage, on notera ce qui me semble être l’unique raison de la mise à la retraite de REM : la voix de Michael Stipe semble avoir atteint le maximum de son potentiel. S’ils continuaient, les prestations vocales auraient commencé à décliner. Chapeau bas pour avoir osé partir avant de sombrer dans le pathétique.

Regarder la vidéo de "Oh My Heart" (live)
Le site officiel de REM

Tom Waits – Bad As Me (USA)

La bonne nouvelle, c’est qu’en 2011, sortent encore des disques de blues qui vous décollent le cuir chevelu. La leçon vient de Tom Waits, près de 40 ans de carrière au compteur, qui nous gratifie d’une petite démonstration d’interprétation carrément diabolique. Il faudrait presque baisser le volume pour éviter les postillons.

Ecouter "Bad as Me"
Le site officiel de Tom Waits





Les Yeux de la Tête – Le Grand Martin Quequoi (FRA)

Sortir un album qui réalise le grand écart entre lourdeurs métalliques et free jazz aérien sans recourir à la moindre guitare, c’est le pari relevé haut la main par Les Yeux de la Tête. Ce morceau-ci est un bel exemple de grand bazar doom foutraque où saxophone, basse et batterie excellent dans leurs répliques. Sur la vidéo, à 1'35'', le bassiste a failli me convaincre de revendre ma Jazz Bass et de me mettre au triangle.

Le site officiel des Yeux de la Tête
Ecouter les Yeux de la Tête sur MySpace
A regarder absolument : Le Grand Martin Quequoi (live)




Liturgy – Generation (USA)

Le coup de massue final arrive à grands pas. Conspués par les abrutis les plus réactionnaires, ces quatre gamins, dont le look leur vaut la comparaison avec Hanson, sont en train de botter tous les culs de la planète métal. Sur "Generation", qui se cantonne à un seul accord, c’est le batteur qui laisse dérouler tout son talent. Attention à la crise d’épilepsie.

Ecouter Liturgy sur MySpace.
Regarder la vidéo de "Generation" (live)



Clytem Scanning – Massue (FRA)

Quelques références à Nine Inch Nails entièrement assumées, la voix bien calée sur un beat assez lugubre et voici un titre pas assez propre pour passer sur les ondes à une heure de grande écoute. Donc suffisamment sale pour figurer dans ma compile.

Regarder la vidéo de "Massue"
Le site officiel de Clytem Scanning






Gnod – Vatican (GB)

Si tu tiens encore debout, c’est peut-être le moment de t’asseoir. Gnod a signé avec "Ingnodwetrust" le disque auquel je décerne sans hésiter le titre d’album de l’année. Sorti uniquement en vinyle, un titre par face et zéro promo. Un autre album est déjà sorti entretemps. Ainsi que la réédition (en cd, cette fois), d’un split avec les susnommés White Hills. Le temps de lire ces quelques lignes, l’agonie a déjà commencé. Gnod, c’est plutôt brutal, façon panzer et tout et tout. Attention, à 6'00'', tu vas avoir droit à une seconde de répit. Profites-en, tu vas en avoir besoin avant d'affronter les 6 minutes qui suivent...

Ecouter "Vatican"
Le site officiel de Gnod
Ecouter Gnod sur MySpace

La compile et l’artwork sont disponibles via la page Facebook du blog ou sur simple demande par email.

samedi 10 septembre 2011

Les Yeux de la Tête - Nerf

Trio normand de rock instrumental, Les Yeux de la Tête reviennent avec Nerf, un deuxième album composé de « neuf titres vengeurs », selon la propagande officielle. Le premier album, L’œuf du Cyclone, sorti sur le Petit Label et désormais épuisé, alternait compositions originales et reprises pour le moins explosives de Franck Zappa, Jimi Hendrix ou encore… Stravinsky. C’est dire si ces gaillards n’ont pas peur de s’attaquer aux virtuoses.

Pour cette deuxième sortie, les Caennais se sont remis à l’écriture pour laisser de côté les reprises. Le résultat n’en est que plus convaincant. Nerf est un pas de géant accompli en direction des maîtres du rock sale et bancal que sont les Jesus Lizard, Shellac, les Melvins ou Cathedral. Souillée mais foutrement sophistiquée, la musique des Yeux de la Tête ne rechigne pas à emprunter les méandres qu’on pourrait trouver pompeux dans un registre purement prog-rock, mais en y ajoutant une bonne perfusion de testostérone punk qui rend l’ensemble carrément irrésistible. Structures alambiquées et saturations épaisses sont au rendez-vous de ce disque sans concession. S’il fallait n’en retenir qu’une, je pointerais sans hésitation aucune Le Grand Martin Quequoi, improbable dédale tout en tensions et contorsions.

Ah oui, petit détail anodin : Les Yeux de la Tête, c’est un trio basse, batterie et… saxophone. Difficile à croire sur les 10 premières secondes de l’album, mais pourtant véridique. Il n’est point question de guitare ici. Ce qui en amène certains à les classer dans la catégorie jazz-rock. Pour moi, Les Yeux de la Tête, c’est tout simplement un des meilleurs groupes de rock du moment. Que les parties de gratte soient jouées au sax, ce n’est finalement qu’un détail.

A regarder : Le Criquet infernal


A regarder : Barghest (live @ Barcelone)


Barghest@Barcelona

Les liens
Le site officiel
Les Yeux de la Tête sur MySpace
Commander l'album chez Mandai (Belgique)
Commander l'album chez Head Records (France)

samedi 20 août 2011

USX - The Valley Path


Après 2 albums et un EP resplendissants signés sur Neurot Recordings, US Christmas revient à la charge (et quelle charge) avec un nouvel album concept baptisé The Valley Path. Les précédents exercices avaient fait la part belle à un rock remarquablement civilisé pour les habitués aux bourrasques qui entourent la bande à Neurosis.

Eat The Low Dogs et surtout le plus récent Run Thick In The Night proposaient ainsi une alternance de pépites space rock (l’incontournable The Scalphunters, In The Night) et de ballades plus ou moins déprimantes (Fire is sleeping, Ephraïm in the Stars), dans le plus grand respect d’une ligne directrice tracée par les maîtres d’Hawkwind. Pas étonnant d’ailleurs que US Christmas se retrouve aux côtés de Minsk et Harvestman pour un album de reprises d’Hawkwind sorti l’an dernier.

A écouter : The Scalphunters (extrait de Eat The Low Dogs)



A écouter : Ephraïm In The Stars (extrait de Run Thick In The Night)



L’exercice de style leur a sans doute donné des idées, puisque pour ce 3e album à sortir sur Neurot, c’est Sanford Parker qui se charge de la production. Souviens-toi, je t’ai déjà parlé plusieurs fois de ce type. Sanford Parker, c’est ce guitariste hyperactif qui mène la barque de Minsk, mais aussi jadis de Buried at Sea (qui semble d’ailleurs revenir discrètement à la scène) et plus récemment de The High Confessions. Confortablement installé derrière les manettes, Parker n’a pas hésité à sortir l’artillerie lourde pour ce nouveau disque.

Les arrangements de cordes, la voix haut perchée, les riffs de guitare noyés sous les réverbes sont toujours au rendez-vous. Mais sur The Valley Path, la surprise provient surtout de la structure de l’album : un seul morceau, long de 39 minutes. LA marque de fabrique de Sanford Parker, lui qui considère que la musique se martèle sur la durée. Lui qui croit dur comme fer qu’un enchaînement d’accords doit pénétrer dans le crâne au marteau-piqueur. Lui qui n’entrevoit aucun avenir pour la subtilité et les politesses.

Nous voici donc confrontés à un album mutant, qui gravite autour de 2 thèmes principaux. Comme si 2 morceaux de 20 minutes chacun avaient été découpés en petits bouts de longueurs différentes et recollés les yeux fermés. Ici le premier thème, là le second. Et entre les deux, de longues et abstraites digressions qui font de The Valley Path un album vraiment à part dans la discographie de US Christmas. Un album tellement à part que le groupe, outre ses multiples changements de line-up depuis ses premiers pas, répond désormais officiellement au doux sobriquet de USX. Une énième transformation déjà entamée à la sortie de l’album précédent, présenté en pochette comme USX-RTITN. Comprenez US Chrismas – Run Thick In The Night.    

A écouter : The Valley Path



dimanche 26 juin 2011

Amon Tobin - Isam

L’an prochain, Amon Tobin fêtera ses quarante balais. Au-delà du fait que ça ne nous rajeunit pas (oh putain…), cette information sans aucun intérêt aurait pu nous faire douter de la capacité du DJ brésilien à continuer à assumer son rôle de précurseur dans le domaine des musiques électroniques.

Débarqué en 96 sur le label Ninja Tune (where else?), voici qu’il nous livre cette année un 8e album qui se présente sous la forme d’un point d’interrogation : après avoir botté nombre de culs sur les dance floors en mélangeant allègrement drum’n’bass, rythmes latinos, hip hop et jazz, serait-il encore en mesure de pondre un album qui serait un peu plus qu’un « simple 8e album d’Amon Tobin » ?

La question était d’autant plus pertinente que son dernier disque, l’incroyable Foley Room sorti en 2007, faisait déjà office de testament sonore. Amon Tobin ne précédait-il pas ses sets de la tournée qui suivit de documentaires (fort peu intéressants) sur les techniques de capture sonore d’… Amon Tobin ? Pourtant, déjà à l’époque, si Foley Room était plus intimiste et absolument indansable, je garde le souvenir d’un concert épique à l’Ancienne Belgique, non pour la prestation elle-même mais bien pour l’installation acoustique qui lui servait d’écrin : le premier concert en 7.1 jamais donné dans le plat pays. Pour le coup, ça partait littéralement dans tous les sens. Le son rebondissait sur les murs de la salle.

Avant de sortir ce nouvel album, Amon Tobin nous avait d’abord servi en guise de mise en bouche un single inédit paru en 2009 : Eight Sum, sorte de rengaine électro-tribale qui aurait pu marquer un retour à des rythmes invitant au déhanché.

A écouter : Eight Sum



Autre apéritif, l’hallucinante vidéo du single Esthers, sortie de nulle part en 2010, ou comment donner un second souffle à un titre sorti il y a quatre ans.

A regarder : Esthers



Pourtant, à sa sortie, Isam, le nouvel album, laisse dubitatif. On sent que l’artiste s’est amusé à le composer. On sent qu’il s’est fait plaisir. On sent l’énorme travail qu’a dû représenter la fabrication de ces douze ovnis sonores. On sent la difficulté de l’exercice. Mais malheureusement, l’écoute se révèle également tout aussi difficile. Très downtempo, façon Scorn. Très déstructuré façon Aphex Twin. Très abstrait façon Autechre. Aucun des morceaux de cet album n’a quoi que ce soit à faire sur un dance floor.  Au mieux, le titre Goto10 recèle un semblant de mélodie dubstep qui pourrait encore réveiller une foule. Mais pour le reste… Amon Tobin s’enfonce encore plus profondément dans une démarche qu’il avait initiée avec Foley Room : composer une musique électronique qui refuse obstinément toute forme d’étiquette. A fortiori celle de musique dansante.

La chronique se serait arrêtée ici si, le 10 juin dernier, Amon Tobin n’avait fait un passage ultra remarqué à l’Ancienne Belgique. En fans suspicieux mais inconditionnels, nous nous ruons sur les tickets comme des Tunisiens sur l’illusion démocratique. Et là, c’est la claque monumentale. Certes, si tu t’attendais à danser toute la nuit, le set live d’Amon Tobin recèle aussi peu d’intérêt que l’album. Mais côté visuel, Jésus, Marie, Joseph…

L’effort est monstrueux et impossible à décrire avec des mots. En s’y risquant tout de même, on pourrait résumer en disant qu’Amon Tobin joue cloîtré dans un cube, lui même perdu au milieu d’une construction géométrique faite d’autres cubes blancs, tous alignés et orientés à 45° par rapport à la scène. Sur cette structure, plusieurs machines projettent l’image de… la structure elle-même. Et, au rythme de la musique, cette image bouge, fond, mute, s’écroule, se reconstruit, se transforme, évolue, avance, recule, gonfle, se liquéfie, part en fumée, etc.

Bref, pour faire simple : Amon Tobin joue dans une structure rigide, mais en mouvement. L’illusion est parfaite, les réglages s’opèrent au millimètre et relèvent de la haute voltige. Pour la première fois de ma vie, j’ai VU LA MUSIQUE (et pourtant je n’avais rien avalé d’illégal). D’autres musiciens électroniques se sont souvent efforcés de s’accompagner de projections visuelles pour densifier leurs prestations. Mais jamais la musique et l’image n’avaient fait corps à ce point. Au mieux, j’avais déjà pris des claques à des concerts de Chris Cunningham. Etienne De Crécy avait déjà exploité l’idée des cubes en trois dimensions l’année dernière, mais avec beaucoup moins de succès. Ici, c’était tout simplement incroyable.

Conclusion : en sortant du concert, j’ai bien évidemment réécouté attentivement cet album. Et c’est un incontournable. Maintenant que j’ai VU cet album, je l’entends tellement différemment. Ce constat est d’une terrible cruauté : Isam est l’album le plus élitiste que j’ai jamais entendu, tout simplement parce qu’il s’adresse à une poignée d’élus, ceux qui ont eu la chance d’assister à un concert de cette tournée. Cet album, c’est un souvenir du concert, comme une photo de classe qui nous rappelle la belle époque ou une bouteille de gnôle qu’on ramène de vacances pour en conserver l’arrière-goût. L’écouter, c’est se repasser des tas d’images. Et donc par extension, j’en suis navré, Isam restera un objet inclassable, difficile à appréhender et d’une complexité inutile pour la plupart des paires d’oreilles qui peuplent cette planète.

A regarder : un documentaire (court) sur le premier concert de la tournée Isam Live.



A regarder : un documentaire (un poil plus long) sur les coulisses de la tournée Isam Live.



Les liens :

mercredi 1 juin 2011

Aucan - Black Rainbow


Difficile de passer à côté du phénomène Aucan. Hystérie passagère ou réelle valeur sûre ? A chacun de se faire son opinion. Il faudrait en tout cas faire preuve d’une sacrée mauvaise foi pour ne pas saluer le parcours atypique de ces trois Italiens.

Récapitulons. Un premier album éponyme sorti en 2009 et unanimement salué comme une version moins chiante de Battles. Les mots « version moins chiante » n’engagent que moi, mais la comparaison est là : instrumentaux au beat froid et mécanique, murs de guitares et légères touches de synthé. L’année dernière, Aucan ouvre une première brèche avec l’EP DNA (dont un morceau figure d'ailleurs sur ma vénérable compilation 2010). Le disque s’ouvre certes sur un riff de guitare agressif au possible, mais c’est pour mieux s’écarter du carcan et dévier rapidement vers des arrangements electro dansants.

Surprise du chef : le trio de Brescia s’y essaie même au chant (certains diront aux chœurs) avec un succès plus que relatif. L’EP s’avère toutefois d’une redoutable efficacité, synthèse dense et compacte de deux mondes finalement pas si éloignés : le math-rock et l’electro.

Avec Black Rainbow, Aucan devait confirmer cette belle impression et montrer que l’exercice de style pouvait également tenir la longueur sur tout un album. Deux options semblaient envisageables : continuer sur la voie d’un style hybride prometteur mais hasardeux ou revenir à des compositions plus classiques. Et c’est là qu’Aucan marque des points en prenant le monde à contre-pied : sur Black Rainbow, bien malin qui pourra encore déceler le moindre son de guitare. Ce sont désormais les machines qui prennent le relais pour une aventure electro-pop qui ne renie aucune de ses influences : rock, dubstep et même hip hop.

Les friands d’étiquettes en prendront pour leur grade : Aucan devient l’incarnation même du groupe inclassable. Celui qui, sur scène, pourrait se contenter de lire ses emails tranquillement retranché derrière ses laptops. Ou qui, au contraire, pourrait enflammer la foule en bondissant d’un instrument à l’autre. Je n’ai jamais eu la chance de les voir, mais il paraît que c’est plutôt cette deuxième option qui a été retenue. Pour poursuivre quand même dans la tradition rock, il paraît aussi que ça joue très fort.

Ce deuxième album d’Aucan, assez difficile à appréhender, est en tout cas à mettre au rayon des toutes bonnes sorties de cette année. La plage d’ouverture est catastrophique, mais le reste est d’excellente tenue. Retenons par exemple Red Minoga (comme si Amon Tobin se mettait tout à coup au rock progressif) et les bouillants Sound Pressure Level et Away! qui rappellent par moments certaines touches des Beastie Boys.

A regarder : Heartless (official video)



A regarder : Away! + Sound Level Pressure (live @ Le Klub à Paris)



Les liens :
Aucan sur MySpace
(l'album est en écoute libre)
Commander l'album sur AfricanTape

mardi 31 mai 2011

Liturgy - Aesthethica


La musique s’écoute souvent à travers ses codes. A partir de ces codes sont déterminées les étiquettes qu’on collera sur tel ou tel groupe. Ainsi, il est de bon ton de considérer qu’un chanteur country doit porter un chapeau de cowboy, un rappeur une casquette et un métalleux une chevelure fournie. Les dreadlocks sont vivement conseillées aux musiciens de reggae et on imaginerait mal un guitariste hardcore dont les bras musclés ne seraient pas couverts de tatouages. Si on pousse l’analyse au niveau des sous-genres, le black metal reste sans conteste le style musical le plus codifié, tant au niveau auditif que vestimentaire : maquillages, accoutrements en cuir garnis de pointes et autres clous, râles profonds, rythmiques médiévales supersoniques et références à la grandeur du passé viking. Codes largement partagés et répandus par ses représentants, ses fans, ses journalistes. 

Dès lors, pratiquer un black metal qui s’écarterait de la ligne directrice reviendrait presque à se bannir à vie d’une scène musicale aussi homogène que radicale. C’est pourtant ce que font les 4 gamins new-yorkais de Liturgy, avec un culot qui frise le crime de lèse-majesté. Du haut de leurs 20 ans à peine consommés, ils digèrent l’influence de trois décennies de vacarme métallique scandinave, qu’ils vomissent avec la dose d’inventivité qu’on est en droit d’attendre de la part d’un groupe de Brooklyn.  Chez eux, on ne trouvera ni frocs en cuir, ni maquillages de démons, ni cottes de mailles. Pour l’aspect visuel, il faudra se contenter de quatre gringalets entre deux âges, plus proches des infâmes Hanson que des papys d’Immortal. Jeans, baskets, t-shirts délavés ou fluo et cheveux en bataille. Si la moitié du groupe n’était imberbe, on jurerait avoir affaire à une bande de hippies.   

Mais une fois le bouton play enfoncé, les a priori vestimentaires cèdent rapidement sous les assauts d’un métal profondément noir, mélodique, bruyant, déstructuré et pourtant d’une limpidité rare dans ce courant musical. La production est parfaite, le son cristallin, le jeu de batterie, puissant et incroyablement nuancé, atteint des sommets du genre. C’est que, justement, Liturgy n’est pas du genre à se laisser emprisonner dans des cases réductrices. Bien au contraire. 

Black metal,  les Liturgy ? Sans doute. La voix caractéristique du chanteur Hunter Hunt-Hendrix (what’s in a name?) et certaines harmonisations plaident en tout cas en faveur de cette thèse. Mais ce serait dommage de s’arrêter là. Et ce serait encore plus dommage que ceux qui sont allergiques aux hurlements norvégiens passent à côté de ce disque incendiaire qui se profile déjà comme le meilleur album métal de l’année. N’ayons pas peur des mots, car Liturgy joue clairement un cran au-dessus du lot et balaie sur son passage tous les codes énumérés plus haut. Une avalanche de guitares, certes. Des cris à se dérouiller les cordes vocales aussi. Mais surtout un savant mélange de genres, entre métal, rock et noise. Des compositions d’une complexité telle qu’elles ne se révèlent qu’à la dixième écoute. Liturgy ose le pari des chœurs primitifs sur les introductions de True Will ou Glass Earth. Liturgy ose les bizarreries rythmiques comme le break (en sept temps, s’il vous plait) de Sun of Light. Liturgy ose les 7 minutes et 7 secondes sur pratiquement un seul et même accord (Generation), laissant la batterie construire elle-même sa propre partition. Et Liturgy ose également la blitzkrieg stoner doom, façon Karma To Burn, sur l’inévitable Veins of God

Cerise sur le gâteau : sur scène, Liturgy fait l’effet d’un tsunami sonore, contraste saisissant entre la déferlante de décibels et l’apparente nonchalance de ces quatre post-ados parmi lesquels certains attendent encore les premiers signes d’une pilosité adulte. Pas grand chose à jeter, même pas cet artwork minimaliste et terriblement… blanc. Comme un poing sur la gueule de toute la scène black. Ou tout au moins sur ses codes.     

A regarder : la vidéo de Returner


LITURGY // RETURNER from Thrill Jockey Records on Vimeo.



Les liens


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lundi 2 mai 2011

David Eugene Edwards live au Roots & Roses Festival

Hier, vers 18h, David Eugene Edwards montait sur scène, au Roots and Roses Festival. Cet événement, je l’attendais depuis des années. Depuis 2005, pour être précis, et la séparation de ce qui reste un de mes groupes préférés toutes périodes et tous styles confondus : Sixteen Horsepower.

Ce concert devait avoir une saveur particulière pour au moins deux raisons.
La première, c’est que depuis 2005, même si j’ai vu son nouveau groupe Wovenhand à 4 reprises, plus jamais je n’ai eu la chance d’entendre le moindre titre de Sixteen Horsepower sur scène. Il en jouait encore de ci de là, mais pour quelques heureux élus dont je n’ai – hélas – jamais fait partie.
La seconde, c’est qu’il y a à peine deux semaines, nous avions assisté au Roadburn Festival à un concert bouleversant de Wovenhand, justement. Puissant, racé, violent, agressif. Mais surtout, un David Eugene Edwards physiquement très accablé. Rachitique, méconnaissable, la barbe épaisse, les paupières tuméfiées, il nous surprit à prendre le public à partie, lançant des onomatopées spasmodiques entre chaque morceau… et parfois même au beau milieu d’une chanson. Inquiétant.



Avec les copains du Roadburn, on a tout de suite su qu’on irait au Roots and Roses deux semaines plus tard. Pas seulement parce qu’il y jouerait en solo. Mais aussi par crainte que ce fût l’une des dernières représentations d’un homme visiblement très accablé, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Hier, vers 18h, David Eugene Edwards montait donc sur scène.

Même regard vide que deux semaines plus tôt, l’idole n’a manifestement pas profité de la gastronomie locale pour se remplumer. Accompagné de son claviériste, il s’assied, s’empare de son fameux banjo monté sur un corps de mandoline (j’en profite pour rappeler que c’est bientôt mon anniversaire) et entame les premiers arpèges de Whistling Girl. Impeccable.

Sur les quatre ou cinq premiers titres de son concert, David Eugene Edwards se contente de parcourir le répertoire de Wovenhand, lui offrant une interprétation dépouillée mais sans grande surprise pour les habitués. C’est vrai qu’en l’espace d’un an, je les avais déjà vus trois fois…

Mais c’est vers la moitié du set que la machine s’emballe. Sur le manche de sa petite guitare modèle parlour, le classique de la musique folk américaine des années 30, l’artiste esquisse les premières notes de Hutterite Mile, titre qui ouvre l’album Folklore, le dernier album studio de Sixteen Horsepower, alors que l’assistance se plonge dans un silence glacial. Soutenu par un clavier mortuaire, les yeux mi-clos, David scande ses textes comme s’il s’arrachait une dent à chaque mot. Nous y voilà. Il est revenu. En transe – éthylique ou pas, on s’en fout – il se lève à la fin du morceau et se perd, claudiquant entre gloussements primaires et pas de danse maladroits. Consternation et admiration.


Pas vraiment le temps de mesurer l’ampleur du drame qui est en train de se jouer sur scène. Lorsqu’il repose son cul sur sa chaise, c’est pour se lancer dans une version chamanique de Splinters, histoire d’enfoncer le clou encore plus profondément. Plus personne n’ose en douter : nous sommes bien en train de vivre un grand moment de musique. Même si l’homme dans les santiags semble sévèrement atteint. Même si ses mouvements semblent parfois lui échapper. Même si son visage meurtri, gris, transparent, n’inspire que crainte, tristesse et pitié. L’essentiel  - le son qui sort de son mètre carré de scène – est tout simplement brillant. D’une justesse redoutable. D’une sincérité incontestable.


Jamais ses textes ne m’ont paru aussi douloureux. Pourtant Dieu sait si je les ai décortiqués. Jamais ils n’avaient été interprétés avec une telle profondeur. Et c’est bien là toute l’ambiguïté de l’événement : nous sommes forcément tous mitigés. Partagés entre le pur bonheur de réentendre ces chefs-d’œuvre dans leur plus simple expression et la tristesse d’assister sur scène au déclin de celui qui les a enfantés.

Car finalement, voilà toute la contradiction intrinsèque à la musique de Sixteen Horsepower. Les thèmes abordés (la rédemption, l’homme seul face à Dieu, le dogme dans toute sa violence, le péché, la douleur, le châtiment, le jugement, etc.) retrouvent toute leur splendeur dans une interprétation tellement pure qu’elle en devient décadente. C’est avec un genou à terre, au bord du gouffre, les épaules courbées et le visage gonflé par d’invisibles gifles que David Eugene Edwards leur offre leur plus bel écrin. Une forme de performance artistique ultime. Après lui, le déluge.

Difficile de ne pas risquer le rapprochement – toutes proportions gardées - avec les albums de la série America de Johnny Cash, quand celui-ci s’époumonait pour encore chanter trois notes justes… et s’avérait pourtant au sommet de son art.

Alors oui, ça me choque. Oui, je suis triste. Oui, j’ai dû retenir quelques larmes. Et oui, j’en ai bien peur, mais si la déchéance poursuit son travail, David Eugene Edwards risque de ne plus tourner très longtemps.

Mais je reste persuadé que j’ai assisté là à l’un des plus beaux concerts de ma courte existence. J’en suis d’autant plus marqué que, dans mes bras, ma fille de 3 ans et demi assistait pour sa part à son tout premier concert. Quelle chance.

L’histoire aurait pu s’arrêter ici. Juste après les conclusions. Sauf que le public ne s’y est pas trompé. Tonnerre d’applaudissements interminables à la fin du set. La bête revient dans l’arène après s’être fait désirer. Le pas peu assuré, il se retourne vers le claviériste et je lis sur ses lèvres le titre qui ouvrira le rappel. Celui que j’attends depuis toujours. Celui qu’on passera à mes funérailles. Celui que je chantais à ma gamine sur ma guitare, alors qu’elle était encore dans le ventre de sa mère. Celui qui m’a accompagné dans mes grandes tournées en rollercaster émotionnel depuis lors. Celui dont les paroles sont capables de me déchirer dans le sens de la longueur. Celui qui est gravé en moi depuis ce premier album, c’était au milieu des années 90.

Ça a commencé comme ça :

Et puis, ça s’est terminé comme ça :
     

 Prosternation. Merci, mec.

Les liens


Wovenhand, le site officiel
Wovenhand sur MySpace

dimanche 20 mars 2011

David Eugene Edwards - The Preacher


Peut-être que, comme moi, tu n'as pas la télé. Peut-être que, comme moi, tu manifestes une étrange attirance pour la musique de David Eugene Edwards. Peut-être que, comme moi, tu regardes parfois des documentaires sur le net pendant que d'autres s'extasient devant trois connards qui apprennent à faire la bouffe devant des caméras. Peut-être que, comme moi, tu viens de découvrir qu'il était possible de foutre un cd en l'air uniquement en l'écoutant trop souvent. Et peut-être que, comme moi, tu n'es pas étonné de constater que c'est justement un cd de 16 Horsepower que tu vas devoir aller racheter parce qu'il saute tout le temps.

Peut-être que tu te demandes d'où vient cette mystérieuse fascination pour cette musique de cow-boys du Colorado, toi qui, comme moi, n'as aucune sympathie particulière pour la musique country.
Peut-être que tu te demandes si tu n'es pas en train de virer catho, à force d'entendre ces prières à longueur de journée.
Et peut-être que, comme moi, tu n'as toujours pas digéré la dissolution de 16 Horsepower, tournant majeur, pour toi aussi, dans l'histoire du rock. Tournant que tu peines également à expliquer.

Mon ami(e), aujourd'hui ce blog se transforme en télé pour toi.
Je te propose de découvrir un documentaire unique, tourné en 2000 par une chaîne néerlandaise, entièrement dédié à David Eugene Edwards : The Preacher.

A un moment, on le voit bouffer. Mais ne t'inquiète pas. Personne ne lui attribuera de cote pour sa tambouille à la fin de l'émission. Je me suis quand même permis de noter sa musique : je lui ai mis un 10/10 pour l'authenticité.











Les liens

David Eugene Edwards entame bientôt une tournée européenne en solo. Il passera notamment au festival Roots & Roses de Lessines le 1er mai prochain et à la Toneelhuis à Anvers le 30 avril.

http://www.wovenhand.com/

http://www.myspace.com/wovenhand

dimanche 6 mars 2011

Lumerians - Transmalinnia


Il y a quelques mois, une mystérieuse vidéo s’est mise à circuler d’email en email. “Mate un peu ça et ose dire que ce n’est pas de la balle.” Le clip en question montrait une bande d’allumés, fringués comme les bourrins de Sunn O))) invités à une soirée déguisée sur le thème de Fantomas. Une présentatrice, les cuisses à l’air, y introduisait les Lumerians, sombres inconnus venus interpréter deux titres dans un play-back outrancier. Mais bon dieu, ce premier morceau, quelle putain de claque ! Voici ce que ça donnait :


Depuis lors, les Lumerians ont sorti un single, Burning Mirrors, qui trônait d’ailleurs bien fièrement sur ma compile 2010 et a scuscité quelque enthousiasme parmi mes proches. Début mars, ils ont enfin publié leur premier album. Album sur lequel figure le fameux titre entêtant de la vidéo, avec sa ligne de basse galopante : Black Tusk.

Les Lumerians, c’est bien plus qu’un énième groupe de revival psyché. Si tu lis ce blog depuis quelques temps, tu en as déjà vu défiler à la pelle. Non, les Lumerians, c’est THE groupe psyché, celui qui domine tous les autres d’une bonne tête (encapuchonnée). C’est THE groupe qui fusionne à merveille 40 années de tout ce qui a influencé la musique pop de près ou de loin : rock, glam, disco, soul, electro, kraut, new wave. Et même un petit côté yéyé. Un petit côté BO de film avec Jean Yanne dans un col roulé. Un petit côté “Tiens, c’est marrant, ça sonne moins bizarre quand je prends plein de drogues.” Un petit côté “Je n’arrive pas à expliquer pourquoi je remue du cul en agitant les bras en l’air, mais au ralenti. Et je n’arrive pas non plus à expliquer pourquoi je me sens si léger.”

Les Lumerians, c’est aussi des chansons aux titres improbables. Comme Xulux, Hashshashin ou Calalini Rises. Autant de titres sur lesquels on s’égare volontiers, aux sons d’un synthé analogique qui dévale entre des lignes de basse têtues et parfois, au loin, mais pas toujours, un chant processoral, monotone, paresseux. Pour ajouter un peu de piment, on retrouvera ici et là une guitare qui penche carrément du côté du Velvet Underground.

Les Lumerians, ce serait la bonne surprise de ce début d’année, si la vidéo de Black Tusk (de loin le meilleur morceau de l’album) n’avait pas déjà préparé le terrain. On y retrouve quelques pépites à danser (au ralenti, toujours), mais aussi des titres plus bruyants, plus nerveux, voire carrément bordéliques (Longwave), le tout, saupoudré de cette saveur de vieux film de flingues dans lequel le méchant porte des gants en cuir noir (Hashshashin et sa guitare funk qui rappelle les compilations de  musiques de polars italiens des années 70 comme Beretta 70).

(parenthèse n°1 : Goblin - Via della droga sur la compile Beretta 70) :



Comme j’aime bien ramener ma fraise et montrer que je connais des groupes que personne n’écoute, je n’hésiterai pas à citer en référence Super Numeri ou Silver Apples (en particulier sur le titre Melting Space).

(parenthèse n°2 : Silver Apples - Lovefingers - 1968)



Je conclurai par un appel du pied discret à mes amis programmateurs : les gars, il faudrait peut-être penser à inviter les Lumerians cet été. Je veux absolument voir ces mecs sur scène.     

A regarder Une petite dernière pour la route : Hashshashin (live et filmée avec les pieds)




Les liens
Sur Knitting Factory Records
Sur MySpace

(Petit détail, mais est-ce bien la peine de préciser ? L'album est commandable en vinyle édition limitée, avec code immédiat pour télécharger la version électronique.)

mercredi 2 mars 2011

L'Enfance Rouge - Bar-Bari


Il est très rare que je parle d’artistes qui chantent en français. Ce n’est pas du racisme, ce n’est pas non plus pour rappeler le caractère profondément flamand du rock, c’est juste que des groupes qui chantent en français, je n’en écoute pas beaucoup. Je me souviens, encore gamin, avoir lu une interview (de Noir Désir?) dans le TéléMoustique de mes parents, interview dans laquelle l’artiste (Bertrand Cantat?) rappelait à quel point chanter en français pouvait s’avérer pénible, à cause de toutes ces consonnes. Il n’avait pas tort.

Je ne suis pas linguiste, mais il me semble que cette avalanche de consonnes constitue précisément le coeur-même de la richesse de la langue française. Il suffit d’écouter un Américain – par exemple – risquer de perdre son dentier en voulant prononcer correctement le nom de Gérard Depardieu pour mesurer toute la difficulté à parler notre parlage. Et si c’est difficile, alors c’est beau. Règle mathématique qui vaut pour toutes les langues, sauf l’Allemand évidemment. Vous ne me surprendrez jamais à louer le verbe de l’occupant.

Si j’aime L’Enfance Rouge, c’est justement parce que c’est un des seuls groupes qui capitalisent à ce point sur la surpondération des consonnes dans la langue française. Ou tout le moins qui ne la nient pas en essayant d’imiter vaguement l’anglais en marmonant peu ou prou chaque mot du Robert qui, s’il est mâchouillé, libère une délicate saveur de rosbif.  A vrai dire, c’est peut-être le seul groupe qui chante en vrai français. Le Français, jeune homme, ça se crache, ça se déglutit et ça coince les portes.

C’est ce que François Cambuzat, guitariste chanteur de ce trio franco-italien, a bien compris. La preuve avec le merveilleux Palais Bourbon, sorti en 2005 sur l’album Krsko-Valencia.



Avec Bar-Bari, cuvée 2011 de L’Enfance Rouge, cette bande de renégats (ils en sont à leur 7e ou 8e album, on ne sait plus très bien, tous sortis en édition ultra-limitée) enfonce une nouvelle fois le clou. Bien pointu, bien profond, bien rouillé. Les premiers mots de Cambuzat annoncent la couleur sur Perquisitions.

Emasculons la bête
En urgence circonstanciée
L’acier est d’une secrète
Beauté

Pour la dentelle, les frou-frou et l’intro en douceur, on repassera. C’est une entrée en matière version bélier qui cède la parole à la bassiste Chiara Locardi pour la deuxième salve de l’album: l’introverti Grande – Survie. Réplique italienne de Kim Gordon, elle y déclame, raide et figée, une complainte à la voix tellement écaillée qu’elle convaincrait Jeanne Moreau de doubler Alvin et les Chipmunks.

La suite reprend le chemin d’un rock sanguinaire et militant. Avec en invité surprise, un certain Bertrand Cantat venu psalmodier les vers de Tostaky sur Vengadores. Contraste éloquent, entre d’une part, celui qui fut adulé avant de chuter et, de l’autre, une formation dont le succès reste confiné à quelques cercles d’intellos punk privilégiés. Cantat semble y retrouver la spontanéité perdue sur des plateaux TV ou les scènes des grands festivals. On n’y croyait plus. On le sent presque ému.

Le reste de l’album poursuit sur les voies impénétrables d’un rock crasseux, d’une poésie noire et d’arrangements teintés d’influences orientales. Une bonne moitié de ces titres se trouvait déjà sur l’album précédent, mais sont livrés ici dans un emballage épuré, une sorte de retour à la nature profondément électrique de L’Enfance Rouge.

Du vrai bonheur pour les oreilles.
Je l’écoute en boucle, encore et encore.

Les liens : 

Le site officiel
Commander sur Wallace Records
Commander chez Mandai Distribution

mardi 1 mars 2011

PJ Harvey - Let England Shake

Chère Polly Jean,

Je sais que je ne t’ai pas toujours été fidèle. Je sais que j’ai parfois écrit des choses un peu délicates à ton sujet. Je sais que la phrase “PJ déclenche des réactions hormonales tellement violentes dans mes sous-vêtements que je pourrais remplacer un pneu crevé d’une petite camionnette sans devoir utiliser le cric” n’était pas des plus subtiles. Elle a fait couler beaucoup d’encre, de larmes et de sang. Mais c’était la stricte vérité.

Soyons francs, ma jolie: ton White Chalk ne m’a jamais vraiment plu. Cette craie blanche, directement adressée à la cause de mes sinusites chroniques, m’a fait l’effet d’un couteau dans le dos. Tu t’y perdais dans d’insensées parades nuptiales, prétextes désespérés pour attiser ma jalousie. Moi, frêle esquif à la dérive, j’en regardais d’autres. Toi toujours accrochée à une passion qui n’était plus, mais incapable de l’assumer. Tu as logiquement détourné le regard. Tu en as vu d’autres. Tu n’as pas remarqué que mon coeur ne battait toujours que pour toi, malgré les prescriptions de Flixonase qui s’accumulaient sur ma table de nuit.

La différence d’âge (à peine dix petites années) n’a jamais pesé dans la balance. Tu t’époumonnais sur scène et en studio. Moi, je noyais mes instabilités psychiques et affectives dans le jeu, la drogue, la mandarine Napoléon et des Sud-Américaines de petite vertu.

La vertu, parlons-en justement. Polly, la blancheur de ta peau n’a d’égal que la noirceur de mon âme. Le rouge de tes lèvres me rappelle sans cesse cette hémoglobine épaisse qui coulait le long de ton menton le jour où tu plantas tes crocs dans mon ventricule gauche.

Polly, je t’en prie, ravise-toi. J’étais un idiot. J’ai changé. Ton Let England Shake m’a changé. Il m’a ouvert les yeux que je n’ai que pour toi. Comme un quadruple pontage coronarien. Tu y as retrouvé toute ta splendeur d’antan. Mais l’avais-tu jamais perdue?

Polly, reviens. Oublie Nick, ce rival mal éconduit. Il ne sait plus quoi inventer pour te récupérer. L’épisode de la pornstache n’en est que plus lamentable.

Je t’en prie, Polly, pardonne-moi. J’ai arrêté de fumer, je me raserai la barbe, j’apprendrai à jouer de la harpe miniature pour te chanter des berceuses, je changerai mes draps plus souvent et j’enlèverai les posters de Batman sur mes murs.

Tu sais, depuis tout ce temps, je n’ai jamais effacé les traces de ton passage dans ma morne vie. Ton parfum, ta voix, ton aura hantent toujours mon humble appartement. Et j’ai encore tes serviettes hygiéniques sur l’étagère des waters.

Allez, fais pas ta salope. Appelle-moi, bordel.

Kiss

AL

PS : mon pote Slim dit que tu as une grande bouche et un long nez, mais je m’en fous. Il est jaloux, il préfère la chanteuse des Cramberries. 

A regarder : The Words that Maketh Murder





Les liens :
Le site officiel
Sur MySpace
Le concert de PJ Harvey à la Maroquinerie

lundi 14 février 2011

Radiohead - The King of Limbs (sortie le 19 février)

Drôle de cadeau de St-Valentin :  Radiohead prend de nouveau tout le monde à contrepied en annonçant la sortie imminente de son nouvel album : The King of Limbs.

Comme pour In Rainbows, sorti en 2007, l'album sera d'abord téléchargeable sur le site officiel, à partir du 19 février prochain. Cette fois, le prix n'est pas laissé à la libre appréciation du consommateur : ce sera 7 euros pour les mp3 et 11 euros pour les wav. (ou gratos pour celui qui pourra patienter quelques minutes et passer par les circuits "parallèles"). 

Pour la version "physique" de l'album, il faudra encore patienter jusqu'au 9 mai (mais le tout est déjà pré-commandable) et sera disponible dans un coffret qui s'annonce assez luxueux : deux vinyles 10 pouces, le cd, des tirages spéciaux d'un artwork exclusif, un sac biodégradable pour emballer le tout et, évidemment, le code pour télécharger l'album le 19 février. Il faudra par contre se montrer un peu plus généreux : l'addition s'élève à 36 ou 39 euros en fonction de la version choisie. Mais on peut déjà présumer que le colis sera à la hauteur.

Encore une fois, Radiohead prouve qu'il est LE super groupe du moment, celui qui gère son image comme personne, celui qui a tout compris aux nouvelles technologies, celui qui peut créer le buzz rien qu'en claquant des doigts.

On en reparle dans une semaine, bien évidemment.

Les liens :

http://www.thekingoflimbs.com
http://www.radiohead.com/deadairspace/

La suite juste après la pub

Pratiquement un mois de silence absolu. Ce n'est pas que tu m'emmerdes, mais en ce début d'année, j'avais juste besoin de reposer le pour et le contre. Depuis quelques temps déjà, au moins une bonne année, je me demande à intervalles réguliers si ce blog a encore un sens. S'il n'est pas condamné à s'éteindre de sa belle mort après 4 années de loyaux services.

Dès que je découvre un groupe intéressant, le temps que la chronique prenne forme dans mon esprit étroit, je me rends compte que, systématiquement, l'excellent Noise Mag m'a devancé et propose un texte mieux torché, mieux documenté, mieux illustré.

Lorsque je reviens sur ma désormais célèbre compile 2010, je constate que sur les 17 titres choisis de manière très personnelle, 5 sont issus d'albums repris dans le top 50 du magazine (Boris, Maserati, Scorn, Cathedral et Aucan). Bonjour les découvertes.

[Et toujours cette immense frustration que je ne suis pas le seul à partager : malgré des lecteurs de plus en plus fidèles et d'excellentes statistiques, les commentaires se font de plus en plus rares sur les blogs et en particulier sur le mien. C'est comme si on balançait à chaque post une bouteille à la mer. Alors à quoi bon? Je ne vais quand même pas commencer à tenir des propos antisémites dans l'espoir d'obtenir enfin une réaction.]

D'où cette question : ce blog vaut-il encore le temps que je devrais y consacrer pour qu'il conserve un minimum d'intérêt ? Nous verrons bien. Dans les semaines à venir, je reviendrai avec des nouvelles chroniques (malgré tout le dépit que m'inspire la lecture du dernier Noise Mag et cette impression d'arriver de nouveau en second sur la balle). Les textes seront certainement un peu plus personnels, moins neutres (l'ont-ils jamais été ?), moins ambitieux, plus intimistes. On y retrouvera (peut-être) des tranches de vie, racontées à travers l'écoute d'un album, récent ou pas, l'expérience d'un concert, ou juste une réflexion, un songe, un délire, une indigestion.

Quant aux interminables digressions sur notre époque qui fout le camp, elles trouveront désormais un terrain d'expression sur le nouveau blog de Niaco, spin-off officieuse qui accueille sa plume aiguisée et, à l'occasion, me tolère comme invité honoris causa. Tout cela se passe ici : Le monde est moche, mais moins que ma voisine. Ce n'est qu'un début, mais j'ai l'impression que ça a de la gueule.

Enfin, pour les inconditionnels des réseaux sociaux, il y a toujours les humeurs du jour en vidéo et parfois quelques liens intéressants (dates de concert, sorties annoncées, catalogues bradés, etc.) à découvrir un primeur la page Facebook du blog.

Rendez-vous d'ici quelques jours pour une opération de réanimation de blog, version soins intensifs.

Tous tes commentaires, suggestions, réactions, insultes, lettres d'amour, demandes en (re)mariage, attestations de paternité, plaintes devant la Cour européenne des Droits de l'Homme, sont et restent les bienvenus.  

Et pour patienter, une petite vidéo marrante.

A regarder : Playmobil Stop Motion - Joy Division : Transmission

lundi 17 janvier 2011

Wire - Red Barked Tree

Il y a quelques années, au détour d’une conversation avec un nouvel ami musicien, je découvrais pour la première fois Wire, un peu curieux, un peu vexé, un peu incrédule à l’idée d’être passé si longtemps à côté d’un groupe présenté comme fondamental dans l’histoire de la musique. « Wire, c’est tout le son des années 80, mais en 1979 ! » Mon ami a alors sorti un vieux vinyle : l’album 154, qui date de 1979 justement. L’année de ma naissance. Il est allé directement à l’essentiel, à savoir le titre A Touching Display et m’a demandé d’attendre patiemment le déchirement, le tonnerre, la révolution. Un autre ami est entré dans la pièce. « Cool, Wire ! » qu’il s’est écrié. Et j’étais encore plus vexé. Il s’est assis avec nous, a allumé un cigarette, s’est servi une bière et s’est joint à la discussion. Puis nous nous sommes tous tus. Et l’orage a tonné d’un seul coup. Je m’en souviens comme si c’était hier. Mon interlocuteur me fixait du regard, guettant ma réaction. Moi, je restais figé sur place, hérissé, retourné comme un crêpe par ce qui transitait dans mes oreilles. Cette basse qui sort du bois, s’étrangle, se tord, jouit, hurle, vomit ou que sais-je encore, c’est le son qui nous rend tous jaloux. C’est le morceau qu’on aurait tous voulu exécuter. Sur l’album, le crime a lieu à 3’26’’. (3'29'' sur la vidéo qui est mal calibrée)


Depuis lors, je suis devenu un fan absolu des trois premiers albums de Wire : Pink Flag (1977), Chairs Missing (1978) et, le meilleur, 154 (1979). Punk sophistiqué, un peu arrogant, qui dévie facilement vers des sons plus pop, voire synthétiques. Quant à 154, c’est le disque que je suis capable d’écouter trois fois par jour pendant tout un mois et continuer à en découvrir de nouvelles facettes. On y retrouve à peu près tout ce que la musique pop britannique a produit pendant les 20 années qui ont suivi, de Blur à Underworld, de Massive Attack à Pulp, de New Order à Supergrass, des Streets à Bloc Party ou Franz Ferdinand. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Elastica s’est retrouvé avec un procès au cul pour avoir honteusement plagié une chanson de Pink Flag sur son tube Connection.

Voilà une longue introduction pour remettre dans son contexte la fascination absolue (mais tardive) que je voue aux trois premiers disques de Wire. Le groupe s’est séparé une première fois dans la foulée de 154. Après cinq années de silence, il est réapparu à plusieurs reprises, dans des formations différentes. Et j’avoue que je n’ai jamais prêté la moindre attention à ce qu’ils auraient pu sortir après 1980, apparemment, une bonne demi-douzaine d’albums tout de même qui ont accouché d’horreurs telles que celle-ci :


L’an dernier, voilà que Wire est programmé à l’Aéronef de Lille. Je m’empresse de rameuter les troupes, nous constituons rapidement un petit groupe de fans qui, comme moi, se sont arrêtés après 154. Un ami qui entend parler de nos plans nous décoche une première droite dans l’estomac :

- Je suis allé les voir l’année dernière.
- Et ???
- Je me suis barré après 20 minutes.
- Pas de bol. Qu’est-ce qui s’est passé ? On t’a appelé pour te dire que ta mère était morte ?
- Non, c’était nul. Tous en costards et petites lunettes. On aurait dit des profs en train d’animer le bal de fin d’année d’une fac de psycho.

Pffff. Jaloux. Il devait certainement essayer de nous jouer un vilain tour parce qu’il ne supportait pas l’idée qu’on y aille sans lui. Alors on est quand même allé vérifier sur le net. Juste pour se mettre encore plus en appétit. Et là, ça a été le choc.

Pour nous, Wire, c’était ça :



Et on est tombé sur ça :




Inutile de préciser que nos plans qui consistaient à traverser la frontière pour aller assister à une telle déculottée ont fini au bac à ordures. Comment une telle mutation est-elle possible ? Besoin de fric ? Alzheimer ? Crise d’adolescence à 50 balais ? En tout cas, ce jour-là, Wire s’est définitivement séparé en 1980. Tout ce qui a suivi, pour mes amis et moi, ce n’était plus Wire.

Il y a quelques semaines, le Botanique annonçait Wire en février pour 16 euros. Et j’ai de nouveau failli craquer. Et si c’était le réveil ultime, la révélation, le VRAI retour de Wire ? Et s’ils avaient enfin retrouvé toute la révolte qu’ils hurlaient 30 ans plus tôt ?

Pour en avoir le cœur net, il suffisait d’écouter le dernier album en date : Red Barked Tree, sorti la semaine dernière. Première écoute, j’arrête le supplice après 5 chansons et je remets vite Chairs Missing. Deuxième écoute, j’en profite pour aller prendre une douche. A la troisième, je commence enfin à accepter l’idée que Wire, ce n’est plus tout à fait la même chose, même si le style reste assez affirmé.

Ce qui est le plus dérangeant avec Wire, c’est que le maître en est arrivé à copier les élèves. Red Barked Tree n’est certainement pas de ces disques qu’on balance immédiatement aux orties. Mais contrairement au tryptique pré-1980, il sonne comme un album terriblement convenu, déjà maintes fois entendu. Ici du Blur, là du Pulp. Et tout au long, cette idée qui prend forme : on dirait une compilation de titres inédits de TV On The Radio, ceux qui n’étaient pas assez bons pour figurer sur un album.

Entendons-nous bien : Red Barked Tree n’est pas mauvais en soi. L’album est même plutôt de bonne tenue, mais totalement indigne des trois premiers albums. Indigne de Wire. Où sont les coups de pieds au cul ? Dans 30 ans, personne ne s’émouvra sur la moindre note de cet album. Personne ne ressentira ce qui m’a transpercé ce jour-là, dans cette cave mal éclairée, après 3 minutes et 26 secondes d’A Touching Display. 

A écouter : Please Take (sur l'album Red Barked Tree - 2011)



A regarder : A Touching Display (live - 1979)



A écouter : I'm the Fly (sur Chairs Missing - 1978)



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