jeudi 31 décembre 2009

L’an neuf, c’était l’année passée.

Alors qu’il lui reste encore quelques heures à vivre, 2009 est déjà démodée, dépassée, conspuée, traînée dans la boue, démolie, salie et balancée aux orties. Pour moi aussi, 2009 restera une année bizarre. En vrac : un nouveau boulot, une grosse frayeur et un petit séjour à l’hosto, une séparation, deux avocats, deux psychothérapeutes, un entretien d’embauche foiré, des paquets de clopes qui font leur retour dans les poches de mon blouson, un tour du monde des divans des potes, et finalement un nouvel appartement.

Mais bon, 2009 année bizarre parce que 2009 année pleine de belles choses aussi, pleine de rencontres, de musiques, de lettres, de gens, et tout ça. Puis 2009, c’était l’année de la reformation des Jesus Lizard aussi. Il ne faudrait pas l’oublier.

Quoi qu’on en dise, 2009 bat de l’aile. Il faudra t’y faire, prépare déjà tes bonnes résolutions pour l’an dix. Même si d’irréductibles Gaulois poursuivent la lutte, je crains que cette année, nous ne verrons toujours pas poindre le 32 décembre.







Le lien :

samedi 26 décembre 2009

The Beast of 2009

2009 aura été une année particulièrement mouvementée, certainement la plus chahutée des trente peu glorieuses que j’ai vécues jusqu’à présent. Nul doute que ces secousses se ressentiront au travers de cette petite compilation en dents de scie sans prétention, BO de 365 jours après lesquels je ne pourrai que prendre un nouveau départ. Dans les jours qui viennent, un lien te permettra d’écouter cette compile à la maison. N’oublie pas d’acheter tout ce qui te plait. Et ne t'offusque pas trop du mauvais goût prononcé de l'artwork...






Higamos Hogamos – The Creeper
Extrait de l’album Higamos Hogamos


Sorti de nulle part, le duo britannique Higamos Hogamos ratisse large. Au shaker ou à la cuiller, ces deux allumés mixent 30 ans d’influences pop, psyché, glam, noise et electro, et pondent avec The Creeper le tube que Bowie n’a jamais écrit avec Daft Punk.

Le plus anachronique.


Grand Duchy – The Lone Song
Extrait de l’album Petits Fours


Avant de se lancer avec les Pixies dans une giga-tournée des supermarchés et des parcs d’attraction, Frank Black a sorti sans trop faire de bruit un album en duo avec son épouse Violet Clarck sous le patronyme de Grand Duchy. Il prouve ainsi que malgré les apparences, une partie de lui-même a conservé le sens du gros refrain qui tache. The Lone Song incarne l’hymne pop parfait, tiré par des ficelles solides comme des câbles d’acier.

Le plus efficace.


Carl – La Pelouse
Extrait de l’album Où Poser des Yeux ?


Sarcasme et cynisme ont rarement été aussi bien servis que sur cette chanson de Carl. Plus méchant qu’une bouteille d’Orangina, il brosse en noir foncé un portrait décapant de Monsieur et Madame tout le monde… et se permet le luxe d’y insérer un solo de trompette.

Le plus piquant.


Big Business – The Drift
Extrait de l’album Mind The Drift


Même s’ils font partie de la joyeuse équipe des Melvins depuis 3 ans, les deux membres fondateurs de Big Business poursuivent leur propre parcours, désormais accompagnés d’un troisième larron à la guitare. Si ce nouvel album ne m’a pas convaincu sur la durée, le titre The Drift s’est rapidement imposé comme un incontournable. Batterie martiale, tempo qui se paume en chemin, explosion de guitares et chant enragé.

Le plus percutant.


OM – Meditation is The Practice of Death
Extrait de l’album God is Good


On pourra toujours polémiquer sur la monotonie ambiante qui caractérise tous les albums de Om. On pourra toujours constater l’effet de répétition, d’année en année. Mais ce sont justement les petites nuances dans cette apparente variation sur un même thème qui font de Om un groupe hors du commun. Sur ce morceau, on reconnaît immédiatement les ingrédients : voix pastorale, basse amorphe, batterie têtue… une routine que vient briser, en guise de conclusion, un solo de flûte.

Le plus hypnotique.


Tarwater – Time Slipped By
Extrait de la bande originale de Donne-moi la main


Un disque acheté en Ecosse, sur lequel des Allemands chantent en Anglais pour la BO d’un film français. L’album est splendide dans son ensemble, mais j’ai un petit faible pour ce morceau pour une raison toute conne : j’ai l’impression que la basse fait des bulles comme si elle avait pété dans le bain. Et ça m’amuse.

Le plus imagé.


Hope Sandoval and The Warm Inventions – Trouble
Extrait de l’album Through The Devil Softly


Jadis voix de Mazzy Star et, plus tard, des Chemical Brothers sur le morceau Asleep For A Day, Hope Sandoval peut désormais occuper un terrain laissé libre par Catpower depuis que Chan Marshall a décidé de vendre des disques. Tout en délicatesse, elle déclame ses états d’âme sur des nuages folk et bluesy. Murmures, douceur, chaleur.

Le plus brumeux.


Health – Die Slow
Extrait de l’album Get Color


Health passe à la moulinette les codes du rock et accouche de ce titre qui aurait pu être taillé pour les pistes s’il n’était couvert d’une épaisse couche de brouillard cacophonique.

Le plus bruyant.


Sonic Youth – Massage History
Extrait de l’album The Eternal


Il aura fallu plus de 25 ans de carrière à Sonic Youth pour prendre conscience de la dimension charnelle que pouvait prendre la voix de Kim Gordon, jusqu’alors habituée à utiliser son organe comme une lame de rasoir. Résultat : en conclusion de The Eternal, les New Yorkais nous gratifient de ce titre qui sent les fluides corporels à plein nez.

Le plus humide.


Casse Brique – Or Ahx
Extrait de l’album Glumor


Vent de folie sur Bruxelles avec la sortie du premier album du duo guitare batterie Casse Brique. Ils sont bourrés (de talent). Ils ne se prennent pas au sérieux. Ils multiplient les concerts. Ils ont forcé le respect, avec une musique qui à la base n’était pas forcément évidente.

Le plus entraînant.


Black Elk – She Pulled Machete
Extrait de l’album Always a Six, Never a Nine


Sorti en 2008 mais arrivé jusqu’à mes oreilles que très récemment, l’album de Black Elk est une pure merveille. Souvent inconfortable, la musique de ce quatuor de Portland, Oregon, traduit un certain malaise, voire quelques visions névrotiques qui n’ont pas toujours été sans conséquence, le guitariste ayant transité par plusieurs institutions psychiatriques.

Le plus dérangé.


Sunn O))) – Aghartha
Extrait de l’album Monoliths and Dimensions

Pas toujours très inspiré et parfois carrément insupportable, Sunn O))) s’est retroussé les manches sur son dernier album et a cherché à produire autre chose que des gros riffs de guitare ultra compressés qui s’étirent à l’infini. La saturation épaisse est toujours au menu, mais surprise, c’est une voix d’outre-tombe qui vient rajouter une chape de plomb supplémentaire sur ce titre à la limite de la rupture.

Le plus dangereux.


 


dimanche 20 décembre 2009

Swingers - Le Roi des Gueux

Hier soir, on a fêté les 30 ans de mon ami Fred, que j’ai la chance de compter parmi mes amis depuis précisément… 30 ans. Que celui qui peut se vanter d’avoir gardé les mêmes amis depuis l’âge de 6 mois me jette la première bière. Je reparlerai de Fred, de son jeu de guitare de gaucher et de ses répliques de Bennett une autre fois.

Le sujet aujourd’hui, c’est Swingers, groupe dans lequel joue Ben, l’un de mes (nombreux) autres vieux compagnons de route. Encore un que je n’avais plus vu depuis au moins un an. Ben me faisait remarquer – très justement d’ailleurs – que je n’étais toujours pas venu voir sur scène son nouveau projet. Honte à moi. A mettre sur le compte de mon emploi du temps de trentenaire.

Je note d’ores et déjà dans mon calepin la date du 19 mars : Swingers au Magasin 4. Promis juré.

Pour réparer l’injustice, j’en profite pour balancer leur première vidéo: Le Roi des Gueux. Ce n’est pas parce que c’est un ami. D’ailleurs, si je trouvais ça mauvais, je ne le ferais pas. Mais franchement, j’aime beaucoup cette vidéo. Souviens-toi de l'époque où je ne tarissais pas d'éloge au sujet de Casse Brique. On reste ici dans la même catégorie : du rock instrumental, nerveux et rêveur. Swingers est toujours preneur d'une date ou l'autre. Et cherche des bons plans pour l'enregistrement de son premier album. A bon entendeur...






Les liens :

http://www.myspace.com/swingerssound

http://www.magasin4.be/

http://www.myspace.com/cassebrique

vendredi 18 décembre 2009

Pour sauver le Belvédère


En Communauté française, on aime bien la culture. On l’adore, même. On la vénère, on l’adule. Alors, le 26 septembre dernier, pour se donner la fête qu’elle mérite, la Communauté française a organisé une grande soirée de concerts sur la Grand-Place de Bruxelles. Au programme : de la grande culture francophone. La RTBF a mis les petits plats dans les grands et rappelé pour l’occasion Gilles Verlant, biographe noir-jaune-rouge de Gainsbourg, trop content de pouvoir sortir son plus beau futal vert fluo et ses bagues de St Nicolas, lui qui avec Pirette détient le joyeux record du nombre de C4 reçus du Boulevard Reyers.

Pour conférer à l’événement l’éclat des grands jours, rien de tel qu’un bon vieux classement breveté par Dechavanne : le top 10 des "chansons les plus populaires et les plus emblématiques" de notre très chère Communauté, résultat du vote des internautes. Luxueux, d’accord, mais démocratique avant tout. Quoi que… Les 10 merveilles sont en réalité déjà sélectionnées et l’intervention de la plèbe se limite à déterminer l’ordre de passage des chefs d’œuvre qui ont marqué tout une génération de Mouscron à Oupeye. On se disait bien…

Le 26 septembre, place au feu d’artifice. Sur la scène, les vedettes se bousculent. Attention aux oreilles, ça va faire mal :

"Kili-Watch" des Cousins …

"Ça plane pour moi" de Plastic Bertrand …

"Le mambo dèl loke a rlokter" de William Dunker…

"La Danse des Canards" de J.J. Lionel…

Que du lourd.

Pour interpréter "Born To Be Alive", la RTBF sort de son coma éthylique une Jil Caplan arrosée à la Duvel. Et comme il n’y a pas assez d’artistes en Communauté française, c’est La Grande Sophie qui est chargée de massacrer "La Valse à Mille Temps" de Brel tandis que Benabar se voit offrir sa petite auto-promo. Quant à James Deano, il ne daignera même pas se présenter pour interpréter "Les Blancs ne savent pas danser" mais qui s'en plaindra ?

Luxueux, démocratique et terriblement ringard. On se croirait revenus à l’époque du "Dix qu’on aime" de Georges Lang.

Heureusement, heureusement… Adamo et Technotronic (avec une version jazzy étonnante de Pump Up The Jam) sont là pour relever le niveau, sous l’œil amusé de Gilles Verlant, qui avouait quelques jours plus tôt avoir accepté cette mission uniquement pour le fric.

Quelques mois plus tard, en décembre pour être très précis, dans la capitale wallonne, une bande de jeunes qui a pris l’habitude depuis deux ans de se décarcasser pour programmer de la bonne musique au Belvédère, de la vraie musique, s’étonne de ne pas voir arriver sur son compte en banque la subvention tant attendue. Un peu crédule, peut-être, l’asbl PANAMA qui gère l’endroit croit y deviner un oubli. "La négligence des artistes" comme Louis Michel qualifiait jadis l’amnésie fiscale de Daniel Ducarme.

Sauf que…

Sauf que la subvention n’arrivera pas, le ministre du Budget et de l’Emploi André Antoine ayant soudain décidé que l’asbl PANAMA ne faisait plus partie « des priorités sectorielles ». Peut-être que si le Belvédère avait consacré plus de soirées à la Danse des Canards, rempli plus souvent les verres de Jil Caplan ou invité Gilles Verlant pour un défilé de pantalons affriolants, alors peut-être que la mayonnaise aurait pris une autre consistance. Peut-être.

Mais en attendant, sans cette subvention (36.000 euros annuels), c’est toute la programmation du Belvédère qui risque d’en prendre un coup. Avec sans doute quelques licenciements à la clé et une saison 2010 au rabais. C’est pour ça que je te demande de lire l’histoire complète de cette saga bien de chez nous et de signer la pétition pour que le Belvédère puisse poursuivre ses activités.

Merci.

Les liens :

La pétition

Le Belvédère

Le Belvédère sur MySpace

dimanche 6 décembre 2009

Thierry Huart-Eeckhout : Un an au Front National


L’expression « en avoir dans le pantalon » prend tout son sens à la lecture du livre de Thierry Huart-Eeckhout. L’auteur y raconte comment, alors qu’il était étudiant en dernière année en sociologie politique, il a infiltré les rangs du Front National belge dans le cadre de son mémoire de fin d’études.

La critique est facile, l’observation plus pertinente, la participation encore plus courageuse. Voilà comment on pourrait résumer ce récit qui nous plonge pendant un an dans les coulisses du parti d’extrême-droite. D’abord perplexe, l’étudiant s’étonne de l’enthousiasme avec lequel il est accueilli aux premières réunions. En quelques jours, il sera intégré comme un des leurs, sera invité aux congrès, aux commissions, partagera les petits secrets d’un parti qui ressemble surtout à un panier de crabes : querelles internes innombrables, démêlés avec la justice (pour des propos condamnables, pour des saluts nazis lors des prestations de serment mais aussi pour des tas d’approximations comptables qui vaudront au Front National une suspension de sa donation publique).

On est surtout surpris par l’intimité qui lie immédiatement les pontes du parti au jeune homme. Pas méfiants pour un sou, ils n’hésiteront pas à lui raconter leurs meilleures blagues sur les Juifs, à lui faire découvrir leurs bibliothèques richement garnies d’ouvrages révisionnistes, à lui montrer leurs photos dédicacées par Léon Degrelle, à lui expliquer leur lecture très particulière de la Seconde Guerre Mondiale, etc.

Mais le panier de crabes ne s’arrête pas là. En aparté, les cadres se tirent dans les pattes, se dénoncent les uns les autres. Ils préparent déjà la relève pour le jour où le président descendra de son piédestal. Pire : le livre montre à quel point le parti est désorganisé, amateur. Les réunions se tiennent dans un hangar mal chauffé, réunissent quelques rares sympathisants peu attentifs pendant que défilent à la tribune les élus qui dénoncent les complots contre leur personne et rejettent la responsabilité de leurs échecs cuisants sur leur voisin. La plupart du temps, les chaises sont vides parce que la secrétaire du parti s’est trompée de date en envoyant les invitations.

Le gouffre qui sépare la base des cadres est abyssal. D’un côté, des laissés pour compte, chômeurs, retraités, étudiants, moutons aveuglés par une propagande populiste et démago. De l’autre, quelques avocats et médecins, idéologues improvisés, nantis et opportunistes, aux dents qui raient le parquet, rarement au courant du fonctionnement de la chose publique.

Le livre de Thierry Huart-Eeckhout montre aussi un parti qui flirte avec des groupuscules nettement plus dangereux encore, comme Terre Et Peuple, cette organisation dont le but est de préparer l’Europe à la guerre ethnique.

Si j’ai commencé ce post par l’expression « en avoir dans le pantalon », c’est parce que l’auteur n’a reculé devant aucun obstacle pour rendre son récit le plus réaliste possible. Quand il a été invité à participer aux commissions chargées de la rédaction du programme électoral, il a dû prendre sa carte de membre comme les statuts du FN l’exigent (couvert par son directeur de recherche). Plus tard, on lui proposera même de rejoindre les listes, ce qu’il refusera habilement. Au cours des premières semaines de son infiltration, il était toujours accompagné d’un ami qui a préféré jeter l’éponge, sentant le danger d’une telle expérience. A plusieurs reprises, Thierry Huart-Eeckhout s’est retrouvé dans une posture délicate, comme la fois où il a trinqué malgré lui à la solution finale dans un restaurant proche du parlement en compagnie d’élus frontistes.

Malgré un style très scolaire, son livre est intéressant à plusieurs égards : d’une part pour l’audace de l’expérience et, d’autre part, pour la justesse du récit, précis comme un documentaire animalier. Ce travail est d’autant plus remarquable qu’en Belgique francophone, rappelons-le, l’extrême-droite est toujours boycottée par la presse (le fameux cordon sanitaire), ce qui laisse peu d’occasions d’appréhender de front ce parti morcelé, déchiré par les luttes intestines et au discours simpliste.

[Pour éviter les amalgames, je n’ai ajouté dans ce post aucun lien vers les sites du parti, des élus concernés ou des autres mouvements cités dans le livre. Une simple recherche sur Google permettra d’apprécier les propos nauséabonds de ces gens.]

Le liens :

Sur le site du Mrax : ici.

Sur le site des Editions Luc Pire : ici.

samedi 5 décembre 2009

La com d'une banque sous-titrée

Si tu ne le sais pas encore, ce sera un scoop : dans mon autre vie, je travaille à la « com » dans une banque. Dans mon autre vie précédente, j’exerçais déjà le même métier, mais dans une autre banque. Je ne vais pas cracher dans la soupe : ce n’est pas aussi traumatisant qu’on pourrait le croire à première vue. Mais c’est vrai que de temps en temps, on arrive à écrire des inepties dans un langage tellement vague et obscur qu’on se demande ce qu’on pourrait encore envier aux plus grands propagandistes de l’Histoire.

Quand il s’agit d’écrire un communiqué de presse annonçant des nouvelles peu réjouissantes, notre maître à tous, c’est Muhammed Saeed al-Sahaf, l’ancien ministre irakien de l’information. Souviens-toi : alors qu’en arrière-plan, on voyait les GI’s déjà occupés à décrocher les portraits de Saddam, ce pro de la com ne perdait rien de sa superbe en affirmant mordicus que les Irakiens tenaient toujours l’occupant US à au moins 50 bornes de Bagdad. Les banques, c’est pareil : même quand elles doivent annoncer qu’elles vont devoir revendre la moquette pour ne pas mettre la clé sous le paillasson, elles le font avec le sourire et arrivent, non seulement à vous faire croire que c’est une bonne nouvelle, mais aussi à carrément vous faire sortir la petite monnaie pour racheter la carpette miteuse.

Passé maître dans le décryptage de la langue de bois, je ne résiste pas à la tentation de sous-titrer une des dernières com de BNP Paribas Fortis, sur le fameux thème des synergies. Un cas d’école.

Si le sujet te gonfle, passe ton chemin et va écouter de la bonne musique.

Avant d'aller plus loin, méditons sur cette phrase de Jean-Laurent Bonnafé, le nouveau CEO de BNP Paribas-Fortis : "Réfléchir, c'est déjà commencer à désobéir." Il y a des gens qui laissent rêveur...



En noir, l’original.

En rouge : les sous-titres.

BNP Paribas va réduire ses coûts de 850 millions

BNP Paribas : 850 millions seront distribués aux actionnaires

« La réduction des effectifs viendra pour l’essentiel de départs naturels ou volontaires », précise la banque française, sans chiffrer cette réduction. Quatre centres de compétences seront créés en Belgique, y permettant de limiter les suppressions de postes.

On va continuer à rester flou sur notre politique de ressources humaines. En laissant du personnel motivé et compétent sur une voie de garage, nous pensons en pousser un certain nombre vers la démission, ce qui nous évitera de devoir leur payer des indemnités de départ ou de devoir négocier un plan de licenciement avec les organisations de représentation du personnel, comme l’exige la loi belge.

L’intégration à la banque française BNP Paribas de la belge Fortis devrait permettre au groupe de dégager 900 millions d’euros de synergies annuelles à partir de 2012, 80 % de plus que l’estimation de 500 millions publiée en mai, a annoncé BNP Paribas dans un communiqué mardi.

En rachetant Fortis avec la bénédiction du gouvernement belge, la banque BNP Paribas avait annoncé 500 millions de réductions de coûts. Elle a menti, puisque les économies s’élèveront finalement à 900 millions d’euros. Mais avec un plan pareil, elle n’aurait sans doute pas bénéficié de l’aval des petits Belges.

L’essentiel des synergies proviendra d’une réduction des coûts de 850 millions, grâce à des économies d’échelle et à une rationalisation de l’activité « portant sur l’organisation, les systèmes d’information, les locaux, les achats et les ressources humaines ».

L’essentiel des économies porte sur les bouts de ficelles suivants : des systèmes informatiques moins performants, plus personne pour aider le personnel quand un PC plante, le regroupement dans des bureaux plus exigus et la mise au placard de centaines d’employés en attendant qu’ils démissionnent, fassent une dépression ou commettent une faute grave. Ça n’a l’air de rien, mais en trois ans, ça permettra de retirer 850 millions d’euros du circuit et de les distribuer aux actionnaires.

« La réduction des effectifs viendra pour l’essentiel de départs naturels ou volontaires », précise la banque, sans chiffrer cette réduction.

La banque va pousser le personnel jusqu’à l’épuisement, en espérant en dégoûter le plus grand nombre. Bon débarras.

Quatre centres de compétences seront créés en Belgique, permettant de limiter dans le pays les suppressions de postes, conformément aux engagements pris vis-à-vis de l’Etat belge.

Pour créer une diversion, on va donner de nouvelles responsabilités et un nouveau chef à un tas de gens. Le temps qu’ils comprennent ce qu’on leur demande, ça devrait les occuper quelques années. Persuadés qu’ils ont un nouveau rôle à jouer, ils ne feront pas grève.

BNP Paribas a définitivement acquis le 12 mai 75 % de Fortis Banque, nationalisée en octobre 2008. La banque a été rebaptisée depuis BNP Paribas Fortis.

BNP Paribas a reçu un beau cadeau de l’Etat belge l’année dernière. Encore merci à tous.

Dans la banque de détail, les synergies (252 millions d’euros) proviendront principalement « de l’optimisation des réseaux et de la meilleure utilisation des technologies ».

Dans les activités qui concernent en premier lieu Monsieur Tout le Monde, on va réduire les budgets en ne remplaçant pas les PC défectueux. Le client aura toujours droit au sourire gêné de la crémière, mais il devra repasser plusieurs fois en agence pour avoir droit à une simulation de crédit.

BNP Paribas avait indiqué en septembre qu’elle fermerait en France quarante agences Fortis et vingt centres d’affaire, sans procéder à des licenciements ou mettre en place de plan de départ volontaire.

BNP Paribas avait annoncé auparavant qu’elle recaserait une partie de son personnel français.

Concernant la banque de financement et d’investissement, l’essentiel des économies (368 millions d’euros) proviendra de l’intégration des activités de Fortis dans le secteur à la plateforme mondiale CIB (Corporate and Investment Banking) de BNP Paribas.

En ce qui concerne les activités les plus risquées de la banque, celles qui lui ont rapporté des milliards quand tout allait bien, mais ont plongé toute la planète dans le rouge quand il s’est avéré que ces gens ne brassaient que du vent, on préfère écrire une phrase qui ne veut rien dire parce que, de toute façon, on ne changera rien.

131 millions d’euros de synergies seront encore dégagées dans la branche Investment Solutions (banque privée, gestion d’actifs, métiers titres, activités d’assurance…), et 149 pour les fonctions centrales.

Ici aussi, on préfère rester vague. Nos clients fortunés auraient trop peur qu’on leur serve du Crémant d’Alsace à la place de la Veuve Clic.

Le coût de la restructuration est évalué à 1,3 milliards d’euros sur la période 2009-2011 (200 millions en 2009, 800 millions en 2010, 300 millions en 2011). Ce coût mis à part, l’opération sera relutive (elle permettra une hausse du bénéfice par action) dès 2010. L’intégration des deux entités aura un impact positif de 8,5 % sur le bénéfice en 2012 « lorsque toutes les synergies produiront leurs résultats », espère BNP Paribas. Le retour sur capitaux investis devrait être supérieur à 20 % à cette date.

Nous avons coulé la planète à cause des promesses intenables que nous avons faites à nos actionnaires. Pour éviter le séisme, le contribuable a dû se vider les poches. Merci les gars, nos actionnaires vous en sont reconnaissants. A l’occasion, venez nous saluer. On vous servira une coupette de Crémant tiède.




Le même communiqué en vidéo: