vendredi 30 mai 2008

Diebold - Listen To My Heartbeast


"Chassez le naturel, il revient au galop", disait Omar Sharif. Après avoir épuisé mon stock de phrases sur des musiques, disons, plus pop (REM, Jamie Lidell, The Accidental), je replonge dans les travers d’une année 2008 assez radicale. C’est bizarre. Lorsque la trentaine pointe le bout du nez, certains découvrent avec dégoût qu’ils sont désormais capables d’écouter une chanson de Raphaël au saut du lit sans dégueuler leurs Choco Pops, voire d’acheter un album de Gérald de Palmas pour écouter dans la bagnole, "parce que ça les détend en allant travailler."

Moi, c’est exactement l’inverse : depuis deux ou trois ans, je m’étonne à écouter des productions de plus en plus opaques, fermées, autistes. Crise d’adulescence ? Mystère…

Dans ce contexte, pas surprenant donc que le premier album de Diebold s’octroie une belle place sur le podium de mes écoutes favorites du moment. Diebold, c’est un duo basse-batterie assez bruyant, composé de membres de A Silver Mt Zion et Godspeed You Black Emperor! Et là, j’entends l’assistance râler en chœur :

- Ooooooh non… Pitié, pas du post-rock avec des morceaux de 20 minutes pleins de violons larmoyants…

Que nenni, mamy. Que nenni.

Diebold, c’est plutôt musclé. Voire très musclé, façon piquouses et stéroïdes. Sous une production crasse émergent de violents coups de grosse caisse qui donnent la réplique à une basse qui expectore les mauvais souvenirs d’une sale bronchite. On se situe dans un univers assez proche de Om (un autre duo basse-batterie) ou Black Engine. Les belges citeront également Graffen Völder pour l’énergie punk. Pas vraiment des douillets, quoi.

L’album est expédié en six morceaux, pour 35 minutes au compteur. A noter qu’à part la plage d’entrée, tout l’album est instrumental. Après trois semaines d'accalmie, les voisins vont de nouveau se plaindre.

Le lien intéressant :
Diebold sur le site de Bangor Records : http://www.bangorrecords.com/releases/index.php

mardi 27 mai 2008

The Accidental - There were wolves


Promenons-nous dans le bois

En écoutant ce disque, je me disais bien que j'avais déjà entendu cette voix quelque part, que cette légèreté folk ne m'était pas tout à fait étrangère. Hop, une recherche sur Gougueule et la réponse m'est livrée sur un plateau d'argent : dans la joyeuse bande de The Accidental oeuvre le chanteur de Tunng. L'univers des deux groupes est donc forcément assez proche.

Le site officiel fournit également quelques éléments biographiques qui permettent de mieux comprendre la genèse de ces compositions timides : c'est sur les terres du Green Man Festival (le fameux festival folk gallois à l'effigie d'un Jésus-cerf) que les membres du groupe se sont rencontrés. Ils ont ensuite enregistré leurs propres chansons qu'ils se sont échangées par courrier postal (le Green Man Festival, c'est vintage).

Voyant que le courant passait, ils ont décidé de coucher sur CD leurs histoires qui se fredonnent autour d'un feu, la guitare sur les genoux, et en est né ce premier album : There Were Wolves. Il y règne une ambiance générale de douce désinvolture, de folie joyeuse, de naïveté infantile. Ou comment écrire des chansons pour éloigner les fantômes, les loups, les cancrelats, les cochons sauvages et les moustiques qui pourraient transformer un campement improvisé en pleine forêt en un véritable enfer sur terre.

Un morceau comme Knock Knock est ainsi un superbe exemple de ce que peut être une gentille ballade folk, à moitié chuchotée sur une poignée d'accords de guitare. On bat le rythme en frappant sa brosse à dent sur un paquet de Prince à la vanille, on siffle le refrain en choeur. C'est frais, c'est relaxant, ça ne réveille pas la voisine, j'adore.

Les liens intéressants

Le site officiel : http://www.theaccidental.co.uk/
Sur MySpace: www.myspace.com/theaccidental
Ecouter l'album sur LastFm : http://www.lastfm.fr/music/The+Accidental/There+Were+Wolves

mardi 20 mai 2008

Yves Mourousi vs. Iggy Pop

Il y a des images qui se passent de commentaire. Pour celles-ci, je vais juste remercier le mec qui a inventé YouTube et sans qui je n'aurais sans doute jamais vu cette vidéo ahurissante d'Yves Mourousi interviewant Iggy Pop en 1977. On imagine mal David Pujadas dans le même exercice.

Jamie Lidell - Jim

Monsieur Propre

J'aurais voulu pouvoir dire beaucoup de mal de la démarche qui a animé Jamie Lidell pour ce troisième album studio, après l'impossible Muddlin Gear et le génial Multiply. Quelle infâmie de vouloir ainsi décrocher des tubes (Hou !), passer à la radio (Hou ! Hou !) ou, pire, vendre des disques (Hou ! Hou ! Hou !) Et pourtant, malgré cette volonté de vouloir entrer dans une case (quelque part entre Amy Winehouse, Amp Fiddler et Jamiroquai), ce nouvel album de Jamie Lidell passe avec les honneurs le cap de la... dixième écoute. Il m'a d'abord fallu neuf écoutes pour digérer ce son d'une blancheur Email Diamant. J'y ai cherché en vain les boucles, les samples improbables et les sautes d'humeur qui m'avaient retourné comme un crêpe sur Multiply. Mais non, Jim n'est pas un remake de son prédécesseur.

Une fois l'idée acceptée, on peut se concentrer sur l'écoute d'un excellent album de soul-pop, parfois très conventionnelle (Another Day, Rope Of Sand), parfois plus audacieuse (Out Of My System, Hurricane). On se rappelle alors qu'avant d'être une sorte de fou du labo 4 de la musique électronique, Jamie Lidell reste un musicien qui a baigné dans les racines du funk, de la soul et du gospell. Au point de lorgner également par moments sur le funk à paillettes des années 80 (Green Light a un côté Lionel Ritchie), ce qu'on attribuera au sens de l'auto-dérision de l'artiste. Mais l'essentiel reste dans la voix de Jamie. Et quelle voix, bordel de Dieu !

Il paraît que sur scène, Jamie Lidell reprend toutefois sa casquette de méchant garçon qui malmène les sonorités comme d'autres torturent des vaches à l'entrée des abattoirs. A vérifier. Je n'ai eu l'occasion de le voir qu'une seule fois. Le mélange d'un set haut en lumières et d'une bouteille de Mandarine Napoléon faite maison n'avait pas vraiment fait bon ménage. Mais le gars qui m'avait accompagné (et encaisse mieux la Mandarine Napoléon on dirait) avait beaucoup aimé. Je veux bien le croire, mais je vérifierai quand même de mes propres yeux.

A regarder : une petite vidéo de présentation de l'album


Et pour les nostalgiques : un version live de Multiply




Les liens intéressants :

Le site officiel : www.jamielidell.com/
Sur MySpace : www.myspace.com/jamielidell

samedi 17 mai 2008

Muxtape #1 : je t'ai fait une compile

Just a perfect day

En dégustant une Orval, je me suis dit que je te ferais une compile en utilisant ce service simple comme bonjour : muxtape. L'exercice s'est avéré plus compliqué que prévu : comment dénicher les morceaux les plus représentatifs de ma personnalité, sans pour autant tomber dans le cliché et la facilité ? Comment aller pomper dans du vieux sans ressortir les incontournables David Bowie, Lou Reed, Iggy Pop ? Comment piocher dans le plus récent en ignorant les trop évidents Radiohead, Nick Cave et Portishead ?

J'ai finalement décidé de construire ma compile comme une journée banale, en douze étapes.

1. Un réveil en douceur
2. Un café noir, bien serré
3. Une rengaine jazzy, à siffloter sous la douche
4. Une petite escapade pédestre jusqu'à la gare
5. Le bruit assourdissant du train qui arrive en gare
6. Le voyage en train proprement dit
7. La journée au bureau et la répétition d'une routine qui s'installe
8. La procession du chemin du retour, possédé
9. L'arrivée à la maison et les voix de filles
10. Le vide dans la tête, quel pied
11. Le film du soir
12. On retourne au pieu, on éteint la lumière et c'est ici que tu dégages

Pour écouter le résultat, clique sur la cassette :

Pour créer ta propre cassette : http://muxtape.com/

mercredi 14 mai 2008

REM - Accelerate

REM, c’est LE groupe qui a marqué chez moi le passage de l’enfance à l’adolescence. J’avais 10 ans et jusque là, ma culture musicale se limitait à quelques cassettes de JJ Goldman empruntées à mes parents et quelques copies des « tendances » du moment : Benny B, Mili Vanilli, MC Hammer, Vanilla Ice et l’incontournable compilation New Beat avec le culte des cultes Confetti’s.

Puis débarque Losing My Religion sur les ondes de la FM commerciale et c’est le choc. Ma vie n’est plus la même. J’enlève les lacets fluo qui ornaient mes baskets, je les attache à ma raquette de tennis et me voilà équipé de la guitare qui accompagnera mes prestations de playback dans ma chambre encore décorée de posters de joueurs de basket. Tous les samedis matin, j’enregistrais le Hit Contact en espérant que, cette fois, l’animateur ne reprendrait pas l’antenne avant la fin de MA chanson. Je l’ai enregistré tellement de fois que je me souviens encore, dans le désordre, du Top 4 de l’époque : Sidney Youngblood, Lisa Stanfield, les Inconnus (Rap’tout) et REM, bien entendu.

J’ai tout de suite compris que ma vie basculait. D’enfant un peu rondouillard, je devenais adolescent, grâce à Michael Stipe. S’ensuivirent les premiers poils pubiens, une légère poussée d’acné, l’apparition d’un duvet plus foncé sous mon nez. Relation de cause à effet ? Les scientifiques restent divisés. Pour moi, il n’y a pas l’ombre d’un doute : Losing My Religion, c’était comme ce tunnel qui séparait la cour des petits de celle des grands à l’école. Le rite de passage obligé.

Du coup, je me suis vite senti investi par une âme de rockeur. Dans les cahiers « Copains Copines » (ton plat préféré, ton animal préféré, ton futur métier, etc.), les mots Rock, REM et guitare ont fait leur apparition un peu partout sous mon nom, là où quelques mois plus tôt, on pouvait encore lire new beat, Le Grand Jojo et BMX. Dans la classe, je me la pétais. Normal, j’étais persuadé d'être le premier rockeur de la classe. Je ne prêtais plus aucune attention à ce qu’ils écoutaient, moi, c’était REM. D’ailleurs, quand on me demandait ce que j’écoutais dans mon walkman, je répondais : « Tu connais pas. Ça s’appelle REM, c’est un groupe de rock. Et REM, ça veut dire Requiem. »

Requiem ???

Ben ouais, j’avais 10 ans. Internet n’existait pas et de toute façon on n’avait pas de PC à la maison. Comment aurais-je pu savoir ce que signifiait REM ? Alors, j’avais inventé que ça voulait dire Requiem. Je trouvais ça assez rock’n’roll, avec le côté morbide et tout et tout. Avoir une veste en jean et écouter un truc qui s’appelait Requiem, c’était le top du top de la rebelle attitude. C’est fou ce qu’on peut être con quand on est petit. (Et c’est fou ce qu’on peut le rester en vieillissant, j’en conviens).

Voilà donc comment j’ai fait mes premiers pas dans le milieu du rock. Quelques mois plus tard, Oliver Stone sortait son film sur les Doors, puis Nirvana sortait Nervermind et j’étais définitivement irrécupérable pour mes parents. La suite, tout le monde la connaît : les Pixies, Sonic Youth, les Sex Pistols, Mudhoney et les cassettes qui s’empilent dans ma chambre.

Néanmoins, ma relation à REM ne s’est pas limitée à une crise de puberté. Out of Time, c’était bien. Mais Automatic For The People, c’était encore mieux. Et puis, j’avais cette cassette, The Best Of REM, que j’avais achetée en Espagne et qui contenait plein de super chansons : Orange Crush, The Finest Worksong, It’s The End Of The World As We Know It (and I feel fine), etc. REM a donc accompagné toute mon adolescence. J’enregistrais toutes les émissions sur REM qui passaient sur MTV et je les regardais dès que je m’emmerdais et que je n’avais plus envie de regarder les Doors. Interviews, documentaires, concerts, REM Unplugged, tous ce qui passait sur eux à l’époque traîne forcément encore quelque part chez mes parents, dans une caisse pleine de cassettes VHS. Je peux même dire que REM a contribué à mon apprentissage de la langue anglaise : j’apprenais pas cœur des pans entiers d’interviews de Michael Stipe que je répétais en essayant d’imiter son accent d’Athens, Georgie. De cette époque, j’ai gardé ce tic de langage de Stipe quand je parle anglais : comme lui, je marque toujours un temps de pause à la moitié de mes phrases. C’est assez difficile à reproduire à l’écrit, vous m’en excuserez.

Puis l’adolescence passe, on s’intéresse à des musiques plus aventureuses et REM est laissé de côté. Le dernier album que j’ai acheté, je pense que c’est Up, le premier sans le batteur Bill Berry. Ça remonte déjà à un paquet d’années. Ce n’était pas mal, même s’il n’y a qu’une seule chanson qui m’a vraiment marquée sur celui-là : Walk Unafraid.

D’ailleurs, je ne les ai jamais vus en concert. Je crois que je ne les verrai jamais. Tant pis, ce n’est pas bien grave.

Et donc, presque 20 ans après mes premiers émois REMesques, voilà qu’ils sortent un nouvel album présenté comme un retour aux sources, aux fameuses années ERS et ces albums mythiques (Reckoning, Document, etc.) Merci les gars, ça fait plaisir de vous revoir. Heureux d’entendre que Michael a toujours la pêche (I’m gonna DJ). Content de constater que la guitare de Peter a retrouvé ses couilles (Man-Sized Wreath). Enchanté par le retour à des thématiques plus engagées (Houston). Pour les chœurs de Mike, euh…, les chœurs, ça n’a jamais été ma tasse de thé, désolé. Mais c’est chouette de vous revoir après tout ce temps. Finalement, vous n’avez pas si mal vieilli. Et puis, surtout, vous n’avez jamais été ringards. Vous êtes restés pareils. Vous vous êtes un peu égarés après le départ de Bill, mais vous n’avez jamais vraiment vendu votre âme au diable non plus. Et là, ben ça fait au chaud au cœur de revoir que vous avez retrouvé votre chemin.

Accelerate, j’aime bien donc. Ce n’est plus vraiment ce qui me fait bander, mais ça réveille en moi de lointains souvenirs de l’époque où je gueulais « I could turn you inside ou-ou-ou-out, what I choose not to do ».

Vu qu’on est des vieux potes et qu’on se connaît depuis un bout de temps maintenant, il faut quand même que je vous avoue quelque chose. Je vais être sincère. Je peux me le permettre après tout ce qu’on a vécu ensemble. Alors je me jette : j’ai beaucoup de respect pour tout ce que vous avez fait. Sincèrement. Mais je serais malhonnête si je ne vous disais pas entre quatre yeux que Everybody Hurts est une des chansons qui m’horripilent le plus au monde. Celle-là, vraiment, elle me sort par tous les trous.

La vidéo live qui a hanté mes jeunes années (ça date de 1989):


Les liens intéressants

Le site officiel : http://www.remaccelerate.com/
Les incroyables sessions enregistrées pour la Blogothèque : http://www.blogotheque.net/REM

dimanche 11 mai 2008

Une compile Fargo pour pas un rond

C'est tendance : les labels proposent désormais leurs compilations (le sampler pour faire plus smart) en téléchargement gratuit. Fargo Records suit le mouvement et sort sa sélection de 8 titres, dont 4 sont totalement inédits. On pourra discuter du choix des artistes (seulement 8 chansons, dont 2 d'Alela Diane et 2 de Chris Garneau), la démarche reste appréciable.

Le contenu :

1. Alela Diane: The Rifle (extrait de l'album The Pirate's Gospel)

2. Alela Diane: Pink Roses - Inédit!

3. Dawn landes: Kids In A Play (extrait de l'album Fireproof)

4. Jesse Sykes & The Sweet Hereafter: The Air Is Thin

(extrait de Like, love, Lust & the Open Halls Of the Soul)

5. Chris Garneau: Relief (extrait de l'album Music For Tourists)

6. Chris Garneau: Saturday - Inédit!

7. Laetitia Sheriff: Hulabaloo My T.V. Ratings - Avant-première!

(extrait de Games Over, sortie le 27 mai)

8. Clare & The Reasons: Pluto - Avant-première!

(extrait de l'album The Movie, sortie le 26 août 2008)

Le lien : http://www.believe.fr/fargo/ (entrer le code Fargo)

vendredi 9 mai 2008

Une sinusite et un petit dictaphone pas cher

Jeudi, APSE se produisait sur la scène de l'Orangerie dans le cadre des Nuits du Bota. Je les avais loupés une paire de fois, notamment quand ils avaient fait l'ouverture de Liars à l'Ancienne Belgique. Cette fois, je voulais prendre ma revanche et j'en ai eu pour mon argent. Pour juger de la qualité d'un concert, il y a un critère qui ne ment jamais : si je rentre chez moi avec le sac un peu plus lourd de quelques CD (tout ce qu'ils proposaient en vérité, soit l'album, l'EP, deux compiles de démos et un side project), c'est que j'en ai pris plein les dents.

Sur scène, première surprise : APSE est une bande de gamins. On leur donnerait 20 ans tout au plus. Et pourtant, tout comme sur le splendide album Spirit, lorsqu'ils saisissent leurs instruments, ils font preuve d'une maîtrise étonnante. Ce qui ne les empêche pas de revendiquer la fougue caractéristique de leur jeune âge : un chanteur androgyne tout flasque dont la voix se noie dans des échos de cathédrale, un guitariste sosie d'Omar Rodriguez, le timbré de Mars Volta, un bassiste monté sur ressorts.

Accoudé sur la scène (la salle était à moitié vide), j'ai pu vraiment apprécier ces petits brics et brocs qui composent la musique d'APSE. D'abord, les samples proviennent souvent... d'un dictaphone que le guitariste approche des micros de sa guitare. Fallait oser... Il presse la touche lecture, rebobine, presse la touche lecture, rebobine, etc. Ensuite, la vraie claque monstrueuse est l'oeuvre du bassiste en culotte courte. Non seulement, il a disposé un vibrato sur son instrument (je n'avais jamais vu ça non plus...) mais il possède une pédale qui, lorsqu'elle est enclenchée, fait vibrer les murs. Je pense que tous les Bruxellois ont ressenti des petites secousses dans leur salon ce jeudi. En tout cas, malgré mes boules Quiès, j'ai dû par moments m'éloigner des baffles. Mon long nez vibrait tellement au son des infrabasses que ça l'a décongestionné. Quand je pense que depuis des années, j'essaie de me débarrasser d'une sinusite chronique à coups de sprays en tout genre. Il suffisait d'y penser : promener mes narines dans le sillage d'APSE et je peux respirer à nouveau.

Merci APSE.

Pour l'histoire, le concert fut d'une puissance rare. Une sorte de transe où le post-rock des premiers albums de Mogwai croiserait le Velvet Underground qui aurait fait une overdose de Red Bull. L'énergie déployée sur scène par ces petits gars me rappelait par moment 65DaysOfStatic, débarrassé de leurs postures de boys band.

Pas encore de date officielle pour la sortie du nouvel album, mais ça ne saurait tarder.

Le liens intéressants :
Le site officiel http://www.apsemusic.com/
Sur MySpace: http://www.myspace.com/apse

mardi 6 mai 2008

El Dinah – Esperanto


2008 sera-t-elle l’année du retour de la Wallonie qui gagne, après, disons, 35 années d’un long déclin post-industriel? Les signes de cette réussite ne manquent pas, nous dit-on. Il y a Google et Microsoft qui ouvrent des succursales dans la région de Mons, l’aéroport de Charleroi qui inaugure un nouveau terminal, Arcelor Mittal qui revient polluer le beau ciel mosan. Et puis surtout, il y a le Standard de Liège qui est champion de Belgique de football. Le Standard, c’est le symbole de la Wallonie à lui tout seul : 25 années d’humiliation, à louper des penalties dans les arrêts de jeu, à ramasser des casquettes en coupe d’Europe, à dépenser des fortunes pour offrir une retraite dorée à des joueurs à la limite de la validité. Pendant 25 ans, le Standard a été le Jean-Claude Dusse de la Belgique : toujours sur le point de conclure, avant d'accumuler les vestes. Et puis, la direction de l’équipe décide soudain de se séparer de ses stars quadragénaires, d’investir dans la formation des jeunes, de créer un esprit de groupe. Deux années plus tard, la démarche porte déjà ses fruits : le Standard est champion et on ne parle plus que de ça, de Liège à Charleroi, de Tournai à Arlon.

Pourquoi je te parle de tout ça ? Parce que le rock wallon, c’est un peu à l’image du Standard : une poignée de valeurs sûres mais épuisées qui, à quelques exceptions près, piétinent, produisent un jeu sans grande imagination, tirent régulièrement sur le poteau, vont chercher le nul en déplacement. Derrière ce onze de base, il y a tout une école de jeunes qui, à défaut de faire la une du supplément sportif du dimanche, cherche de nouvelles combinaisons à l’entraînement, se défonce chaque week-end sur les terrains de division provinciale et espère ainsi pouvoir un jour obtenir, non pas un ticket pour la Ligue des Champions, mais simplement le droit de démontrer l’étendue de ses talents dans des conditions dignes de ce nom. Dans le milieu du foot, on appelle cette catégorie de joueurs « le noyau B », formule extrêmement péjorative qui désigne ceux qui attendent patiemment de pouvoir fouler un gazon laissé indemne par les taupes du voisin.

Dans le noyau B du rock wallon, je t’ai déjà parlé de Frank Shinobi, du très respectable label liégeois Honest House. Dans la même maison nous arrive maintenant El Dinah, autre groupe du sud du pays qui mérite lui aussi toute ton attention. Fraîchement débarqué dans mes oreilles, Esperanto, leur premier EP, est un concentré de rock sulfureux, hargneux et sans tabou. Les six morceaux de cette première fournée alternent envolées guitaristiques, chant primal et ruptures de rythme orchestrées par une batterie qui ne recule devant aucun défi. Tout comme pour leurs cousins de Frank Shinobi, on cite en références 31knots, Shellac ou At The Drive-In. J’ajouterais dans la liste mes chouchous de Pterodactyl. A une nuance près : le saupoudrage savant de quelques gimmicks heavy metal dans le jeu de guitare, histoire de conférer à l’ensemble un peu plus de poids. Il y a même quelque chose de Tool dans le final d’un titre comme Riot. En plus, il paraît que, sur scène, ils n’ont rien à envier au noyau A. Ce premier EP est en tout cas une fameuse réussite. Vivement l'album...

Voilà donc le mal wallon : le potentiel pour devenir une région qui gagne à être connue est là. Il suffit primo de le reconnaître, secundo de le promouvoir, tertio de lui donner sa chance. Si au passage on pouvait également envoyer certains pique-assiettes à la retraite, ça ne ferait de tort à personne. Je n’aurais jamais cru tenir un jour de tel propos : suivez l’exemple du Standard, les gars. Suivez l'exemple du Standard.

Les liens intéressants:

El Dinah sur Myspace : http://www.myspace.com/eldinah
Pour commander le disque : http://www.honesthouse.be/index.php?honest-shopping

vendredi 2 mai 2008

L'été justicier

Bien sûr il porte aussi son slip par dessus son collant. Bien sûr il a connu la honte dans les années 60 avec les effets "pif-paf-boum". Malgré cela, Bruce Wayne reste le justicier le plus balèze de tous les temps. Pas besoin de voir à travers les murs comme Clark Kent, ni de marcher au plafond comme Peter Parker, Bruce se contente de semer la justice à l'huile de coude. Il ne vole pas mais il picole. Il est aigri, imprévisible. Contrairement aux super-héros, quand il enfile le costume de Batman, Bruce Wayne reste... Bruce Wayne. Sa cape ne lui apporte aucun pouvoir particulier (si ce n'est le blindage et une foule d'accessoires). Le masque qu'il porte sert de refuge à sa soif de vengeance et au profond égoïsme qu'il en retire. En réalité, Bruce Wayne est un grand timide, un maladroit, un complexé. Pour soigner leurs maux, il y en a qui se cachent derrière un blog, lui revêt son costume noir.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'acteur qui l'incarne le mieux au cinéma est également celui qui prit jadis les traits de Patrick Bateman dans American Psycho, un autre personnage fascinant mais redoutablement fêlé. Bateman, Batman... Brett Easton Ellis avait sans doute relu attentivement l'oeuvre de Bob Kane avant de façonner son cruel héros.

Le 13 août, Christian Bale retourne à Gotham City et débarque sur nos écrans dans The Dark Night. Cette fois, il affrontera le joker, incarné par Heath Ledger dans un de ses dernier rôles. On dirait que pour cette nouvelle aventure, ils ont mis le paquet sur les effets spéciaux. Espérons que ce n'est pas le scénario qui en pâtira. Et la Batmobile est toujours aussi ridicule que dans Batman Begins. Le gars qui l'a dessinée brûlera en enfer...





Le site officiel : http://thedarkknight.warnerbros.com/