jeudi 31 décembre 2009

L’an neuf, c’était l’année passée.

Alors qu’il lui reste encore quelques heures à vivre, 2009 est déjà démodée, dépassée, conspuée, traînée dans la boue, démolie, salie et balancée aux orties. Pour moi aussi, 2009 restera une année bizarre. En vrac : un nouveau boulot, une grosse frayeur et un petit séjour à l’hosto, une séparation, deux avocats, deux psychothérapeutes, un entretien d’embauche foiré, des paquets de clopes qui font leur retour dans les poches de mon blouson, un tour du monde des divans des potes, et finalement un nouvel appartement.

Mais bon, 2009 année bizarre parce que 2009 année pleine de belles choses aussi, pleine de rencontres, de musiques, de lettres, de gens, et tout ça. Puis 2009, c’était l’année de la reformation des Jesus Lizard aussi. Il ne faudrait pas l’oublier.

Quoi qu’on en dise, 2009 bat de l’aile. Il faudra t’y faire, prépare déjà tes bonnes résolutions pour l’an dix. Même si d’irréductibles Gaulois poursuivent la lutte, je crains que cette année, nous ne verrons toujours pas poindre le 32 décembre.







Le lien :

samedi 26 décembre 2009

The Beast of 2009

2009 aura été une année particulièrement mouvementée, certainement la plus chahutée des trente peu glorieuses que j’ai vécues jusqu’à présent. Nul doute que ces secousses se ressentiront au travers de cette petite compilation en dents de scie sans prétention, BO de 365 jours après lesquels je ne pourrai que prendre un nouveau départ. Dans les jours qui viennent, un lien te permettra d’écouter cette compile à la maison. N’oublie pas d’acheter tout ce qui te plait. Et ne t'offusque pas trop du mauvais goût prononcé de l'artwork...






Higamos Hogamos – The Creeper
Extrait de l’album Higamos Hogamos


Sorti de nulle part, le duo britannique Higamos Hogamos ratisse large. Au shaker ou à la cuiller, ces deux allumés mixent 30 ans d’influences pop, psyché, glam, noise et electro, et pondent avec The Creeper le tube que Bowie n’a jamais écrit avec Daft Punk.

Le plus anachronique.


Grand Duchy – The Lone Song
Extrait de l’album Petits Fours


Avant de se lancer avec les Pixies dans une giga-tournée des supermarchés et des parcs d’attraction, Frank Black a sorti sans trop faire de bruit un album en duo avec son épouse Violet Clarck sous le patronyme de Grand Duchy. Il prouve ainsi que malgré les apparences, une partie de lui-même a conservé le sens du gros refrain qui tache. The Lone Song incarne l’hymne pop parfait, tiré par des ficelles solides comme des câbles d’acier.

Le plus efficace.


Carl – La Pelouse
Extrait de l’album Où Poser des Yeux ?


Sarcasme et cynisme ont rarement été aussi bien servis que sur cette chanson de Carl. Plus méchant qu’une bouteille d’Orangina, il brosse en noir foncé un portrait décapant de Monsieur et Madame tout le monde… et se permet le luxe d’y insérer un solo de trompette.

Le plus piquant.


Big Business – The Drift
Extrait de l’album Mind The Drift


Même s’ils font partie de la joyeuse équipe des Melvins depuis 3 ans, les deux membres fondateurs de Big Business poursuivent leur propre parcours, désormais accompagnés d’un troisième larron à la guitare. Si ce nouvel album ne m’a pas convaincu sur la durée, le titre The Drift s’est rapidement imposé comme un incontournable. Batterie martiale, tempo qui se paume en chemin, explosion de guitares et chant enragé.

Le plus percutant.


OM – Meditation is The Practice of Death
Extrait de l’album God is Good


On pourra toujours polémiquer sur la monotonie ambiante qui caractérise tous les albums de Om. On pourra toujours constater l’effet de répétition, d’année en année. Mais ce sont justement les petites nuances dans cette apparente variation sur un même thème qui font de Om un groupe hors du commun. Sur ce morceau, on reconnaît immédiatement les ingrédients : voix pastorale, basse amorphe, batterie têtue… une routine que vient briser, en guise de conclusion, un solo de flûte.

Le plus hypnotique.


Tarwater – Time Slipped By
Extrait de la bande originale de Donne-moi la main


Un disque acheté en Ecosse, sur lequel des Allemands chantent en Anglais pour la BO d’un film français. L’album est splendide dans son ensemble, mais j’ai un petit faible pour ce morceau pour une raison toute conne : j’ai l’impression que la basse fait des bulles comme si elle avait pété dans le bain. Et ça m’amuse.

Le plus imagé.


Hope Sandoval and The Warm Inventions – Trouble
Extrait de l’album Through The Devil Softly


Jadis voix de Mazzy Star et, plus tard, des Chemical Brothers sur le morceau Asleep For A Day, Hope Sandoval peut désormais occuper un terrain laissé libre par Catpower depuis que Chan Marshall a décidé de vendre des disques. Tout en délicatesse, elle déclame ses états d’âme sur des nuages folk et bluesy. Murmures, douceur, chaleur.

Le plus brumeux.


Health – Die Slow
Extrait de l’album Get Color


Health passe à la moulinette les codes du rock et accouche de ce titre qui aurait pu être taillé pour les pistes s’il n’était couvert d’une épaisse couche de brouillard cacophonique.

Le plus bruyant.


Sonic Youth – Massage History
Extrait de l’album The Eternal


Il aura fallu plus de 25 ans de carrière à Sonic Youth pour prendre conscience de la dimension charnelle que pouvait prendre la voix de Kim Gordon, jusqu’alors habituée à utiliser son organe comme une lame de rasoir. Résultat : en conclusion de The Eternal, les New Yorkais nous gratifient de ce titre qui sent les fluides corporels à plein nez.

Le plus humide.


Casse Brique – Or Ahx
Extrait de l’album Glumor


Vent de folie sur Bruxelles avec la sortie du premier album du duo guitare batterie Casse Brique. Ils sont bourrés (de talent). Ils ne se prennent pas au sérieux. Ils multiplient les concerts. Ils ont forcé le respect, avec une musique qui à la base n’était pas forcément évidente.

Le plus entraînant.


Black Elk – She Pulled Machete
Extrait de l’album Always a Six, Never a Nine


Sorti en 2008 mais arrivé jusqu’à mes oreilles que très récemment, l’album de Black Elk est une pure merveille. Souvent inconfortable, la musique de ce quatuor de Portland, Oregon, traduit un certain malaise, voire quelques visions névrotiques qui n’ont pas toujours été sans conséquence, le guitariste ayant transité par plusieurs institutions psychiatriques.

Le plus dérangé.


Sunn O))) – Aghartha
Extrait de l’album Monoliths and Dimensions

Pas toujours très inspiré et parfois carrément insupportable, Sunn O))) s’est retroussé les manches sur son dernier album et a cherché à produire autre chose que des gros riffs de guitare ultra compressés qui s’étirent à l’infini. La saturation épaisse est toujours au menu, mais surprise, c’est une voix d’outre-tombe qui vient rajouter une chape de plomb supplémentaire sur ce titre à la limite de la rupture.

Le plus dangereux.


 


dimanche 20 décembre 2009

Swingers - Le Roi des Gueux

Hier soir, on a fêté les 30 ans de mon ami Fred, que j’ai la chance de compter parmi mes amis depuis précisément… 30 ans. Que celui qui peut se vanter d’avoir gardé les mêmes amis depuis l’âge de 6 mois me jette la première bière. Je reparlerai de Fred, de son jeu de guitare de gaucher et de ses répliques de Bennett une autre fois.

Le sujet aujourd’hui, c’est Swingers, groupe dans lequel joue Ben, l’un de mes (nombreux) autres vieux compagnons de route. Encore un que je n’avais plus vu depuis au moins un an. Ben me faisait remarquer – très justement d’ailleurs – que je n’étais toujours pas venu voir sur scène son nouveau projet. Honte à moi. A mettre sur le compte de mon emploi du temps de trentenaire.

Je note d’ores et déjà dans mon calepin la date du 19 mars : Swingers au Magasin 4. Promis juré.

Pour réparer l’injustice, j’en profite pour balancer leur première vidéo: Le Roi des Gueux. Ce n’est pas parce que c’est un ami. D’ailleurs, si je trouvais ça mauvais, je ne le ferais pas. Mais franchement, j’aime beaucoup cette vidéo. Souviens-toi de l'époque où je ne tarissais pas d'éloge au sujet de Casse Brique. On reste ici dans la même catégorie : du rock instrumental, nerveux et rêveur. Swingers est toujours preneur d'une date ou l'autre. Et cherche des bons plans pour l'enregistrement de son premier album. A bon entendeur...






Les liens :

http://www.myspace.com/swingerssound

http://www.magasin4.be/

http://www.myspace.com/cassebrique

vendredi 18 décembre 2009

Pour sauver le Belvédère


En Communauté française, on aime bien la culture. On l’adore, même. On la vénère, on l’adule. Alors, le 26 septembre dernier, pour se donner la fête qu’elle mérite, la Communauté française a organisé une grande soirée de concerts sur la Grand-Place de Bruxelles. Au programme : de la grande culture francophone. La RTBF a mis les petits plats dans les grands et rappelé pour l’occasion Gilles Verlant, biographe noir-jaune-rouge de Gainsbourg, trop content de pouvoir sortir son plus beau futal vert fluo et ses bagues de St Nicolas, lui qui avec Pirette détient le joyeux record du nombre de C4 reçus du Boulevard Reyers.

Pour conférer à l’événement l’éclat des grands jours, rien de tel qu’un bon vieux classement breveté par Dechavanne : le top 10 des "chansons les plus populaires et les plus emblématiques" de notre très chère Communauté, résultat du vote des internautes. Luxueux, d’accord, mais démocratique avant tout. Quoi que… Les 10 merveilles sont en réalité déjà sélectionnées et l’intervention de la plèbe se limite à déterminer l’ordre de passage des chefs d’œuvre qui ont marqué tout une génération de Mouscron à Oupeye. On se disait bien…

Le 26 septembre, place au feu d’artifice. Sur la scène, les vedettes se bousculent. Attention aux oreilles, ça va faire mal :

"Kili-Watch" des Cousins …

"Ça plane pour moi" de Plastic Bertrand …

"Le mambo dèl loke a rlokter" de William Dunker…

"La Danse des Canards" de J.J. Lionel…

Que du lourd.

Pour interpréter "Born To Be Alive", la RTBF sort de son coma éthylique une Jil Caplan arrosée à la Duvel. Et comme il n’y a pas assez d’artistes en Communauté française, c’est La Grande Sophie qui est chargée de massacrer "La Valse à Mille Temps" de Brel tandis que Benabar se voit offrir sa petite auto-promo. Quant à James Deano, il ne daignera même pas se présenter pour interpréter "Les Blancs ne savent pas danser" mais qui s'en plaindra ?

Luxueux, démocratique et terriblement ringard. On se croirait revenus à l’époque du "Dix qu’on aime" de Georges Lang.

Heureusement, heureusement… Adamo et Technotronic (avec une version jazzy étonnante de Pump Up The Jam) sont là pour relever le niveau, sous l’œil amusé de Gilles Verlant, qui avouait quelques jours plus tôt avoir accepté cette mission uniquement pour le fric.

Quelques mois plus tard, en décembre pour être très précis, dans la capitale wallonne, une bande de jeunes qui a pris l’habitude depuis deux ans de se décarcasser pour programmer de la bonne musique au Belvédère, de la vraie musique, s’étonne de ne pas voir arriver sur son compte en banque la subvention tant attendue. Un peu crédule, peut-être, l’asbl PANAMA qui gère l’endroit croit y deviner un oubli. "La négligence des artistes" comme Louis Michel qualifiait jadis l’amnésie fiscale de Daniel Ducarme.

Sauf que…

Sauf que la subvention n’arrivera pas, le ministre du Budget et de l’Emploi André Antoine ayant soudain décidé que l’asbl PANAMA ne faisait plus partie « des priorités sectorielles ». Peut-être que si le Belvédère avait consacré plus de soirées à la Danse des Canards, rempli plus souvent les verres de Jil Caplan ou invité Gilles Verlant pour un défilé de pantalons affriolants, alors peut-être que la mayonnaise aurait pris une autre consistance. Peut-être.

Mais en attendant, sans cette subvention (36.000 euros annuels), c’est toute la programmation du Belvédère qui risque d’en prendre un coup. Avec sans doute quelques licenciements à la clé et une saison 2010 au rabais. C’est pour ça que je te demande de lire l’histoire complète de cette saga bien de chez nous et de signer la pétition pour que le Belvédère puisse poursuivre ses activités.

Merci.

Les liens :

La pétition

Le Belvédère

Le Belvédère sur MySpace

dimanche 6 décembre 2009

Thierry Huart-Eeckhout : Un an au Front National


L’expression « en avoir dans le pantalon » prend tout son sens à la lecture du livre de Thierry Huart-Eeckhout. L’auteur y raconte comment, alors qu’il était étudiant en dernière année en sociologie politique, il a infiltré les rangs du Front National belge dans le cadre de son mémoire de fin d’études.

La critique est facile, l’observation plus pertinente, la participation encore plus courageuse. Voilà comment on pourrait résumer ce récit qui nous plonge pendant un an dans les coulisses du parti d’extrême-droite. D’abord perplexe, l’étudiant s’étonne de l’enthousiasme avec lequel il est accueilli aux premières réunions. En quelques jours, il sera intégré comme un des leurs, sera invité aux congrès, aux commissions, partagera les petits secrets d’un parti qui ressemble surtout à un panier de crabes : querelles internes innombrables, démêlés avec la justice (pour des propos condamnables, pour des saluts nazis lors des prestations de serment mais aussi pour des tas d’approximations comptables qui vaudront au Front National une suspension de sa donation publique).

On est surtout surpris par l’intimité qui lie immédiatement les pontes du parti au jeune homme. Pas méfiants pour un sou, ils n’hésiteront pas à lui raconter leurs meilleures blagues sur les Juifs, à lui faire découvrir leurs bibliothèques richement garnies d’ouvrages révisionnistes, à lui montrer leurs photos dédicacées par Léon Degrelle, à lui expliquer leur lecture très particulière de la Seconde Guerre Mondiale, etc.

Mais le panier de crabes ne s’arrête pas là. En aparté, les cadres se tirent dans les pattes, se dénoncent les uns les autres. Ils préparent déjà la relève pour le jour où le président descendra de son piédestal. Pire : le livre montre à quel point le parti est désorganisé, amateur. Les réunions se tiennent dans un hangar mal chauffé, réunissent quelques rares sympathisants peu attentifs pendant que défilent à la tribune les élus qui dénoncent les complots contre leur personne et rejettent la responsabilité de leurs échecs cuisants sur leur voisin. La plupart du temps, les chaises sont vides parce que la secrétaire du parti s’est trompée de date en envoyant les invitations.

Le gouffre qui sépare la base des cadres est abyssal. D’un côté, des laissés pour compte, chômeurs, retraités, étudiants, moutons aveuglés par une propagande populiste et démago. De l’autre, quelques avocats et médecins, idéologues improvisés, nantis et opportunistes, aux dents qui raient le parquet, rarement au courant du fonctionnement de la chose publique.

Le livre de Thierry Huart-Eeckhout montre aussi un parti qui flirte avec des groupuscules nettement plus dangereux encore, comme Terre Et Peuple, cette organisation dont le but est de préparer l’Europe à la guerre ethnique.

Si j’ai commencé ce post par l’expression « en avoir dans le pantalon », c’est parce que l’auteur n’a reculé devant aucun obstacle pour rendre son récit le plus réaliste possible. Quand il a été invité à participer aux commissions chargées de la rédaction du programme électoral, il a dû prendre sa carte de membre comme les statuts du FN l’exigent (couvert par son directeur de recherche). Plus tard, on lui proposera même de rejoindre les listes, ce qu’il refusera habilement. Au cours des premières semaines de son infiltration, il était toujours accompagné d’un ami qui a préféré jeter l’éponge, sentant le danger d’une telle expérience. A plusieurs reprises, Thierry Huart-Eeckhout s’est retrouvé dans une posture délicate, comme la fois où il a trinqué malgré lui à la solution finale dans un restaurant proche du parlement en compagnie d’élus frontistes.

Malgré un style très scolaire, son livre est intéressant à plusieurs égards : d’une part pour l’audace de l’expérience et, d’autre part, pour la justesse du récit, précis comme un documentaire animalier. Ce travail est d’autant plus remarquable qu’en Belgique francophone, rappelons-le, l’extrême-droite est toujours boycottée par la presse (le fameux cordon sanitaire), ce qui laisse peu d’occasions d’appréhender de front ce parti morcelé, déchiré par les luttes intestines et au discours simpliste.

[Pour éviter les amalgames, je n’ai ajouté dans ce post aucun lien vers les sites du parti, des élus concernés ou des autres mouvements cités dans le livre. Une simple recherche sur Google permettra d’apprécier les propos nauséabonds de ces gens.]

Le liens :

Sur le site du Mrax : ici.

Sur le site des Editions Luc Pire : ici.

samedi 5 décembre 2009

La com d'une banque sous-titrée

Si tu ne le sais pas encore, ce sera un scoop : dans mon autre vie, je travaille à la « com » dans une banque. Dans mon autre vie précédente, j’exerçais déjà le même métier, mais dans une autre banque. Je ne vais pas cracher dans la soupe : ce n’est pas aussi traumatisant qu’on pourrait le croire à première vue. Mais c’est vrai que de temps en temps, on arrive à écrire des inepties dans un langage tellement vague et obscur qu’on se demande ce qu’on pourrait encore envier aux plus grands propagandistes de l’Histoire.

Quand il s’agit d’écrire un communiqué de presse annonçant des nouvelles peu réjouissantes, notre maître à tous, c’est Muhammed Saeed al-Sahaf, l’ancien ministre irakien de l’information. Souviens-toi : alors qu’en arrière-plan, on voyait les GI’s déjà occupés à décrocher les portraits de Saddam, ce pro de la com ne perdait rien de sa superbe en affirmant mordicus que les Irakiens tenaient toujours l’occupant US à au moins 50 bornes de Bagdad. Les banques, c’est pareil : même quand elles doivent annoncer qu’elles vont devoir revendre la moquette pour ne pas mettre la clé sous le paillasson, elles le font avec le sourire et arrivent, non seulement à vous faire croire que c’est une bonne nouvelle, mais aussi à carrément vous faire sortir la petite monnaie pour racheter la carpette miteuse.

Passé maître dans le décryptage de la langue de bois, je ne résiste pas à la tentation de sous-titrer une des dernières com de BNP Paribas Fortis, sur le fameux thème des synergies. Un cas d’école.

Si le sujet te gonfle, passe ton chemin et va écouter de la bonne musique.

Avant d'aller plus loin, méditons sur cette phrase de Jean-Laurent Bonnafé, le nouveau CEO de BNP Paribas-Fortis : "Réfléchir, c'est déjà commencer à désobéir." Il y a des gens qui laissent rêveur...



En noir, l’original.

En rouge : les sous-titres.

BNP Paribas va réduire ses coûts de 850 millions

BNP Paribas : 850 millions seront distribués aux actionnaires

« La réduction des effectifs viendra pour l’essentiel de départs naturels ou volontaires », précise la banque française, sans chiffrer cette réduction. Quatre centres de compétences seront créés en Belgique, y permettant de limiter les suppressions de postes.

On va continuer à rester flou sur notre politique de ressources humaines. En laissant du personnel motivé et compétent sur une voie de garage, nous pensons en pousser un certain nombre vers la démission, ce qui nous évitera de devoir leur payer des indemnités de départ ou de devoir négocier un plan de licenciement avec les organisations de représentation du personnel, comme l’exige la loi belge.

L’intégration à la banque française BNP Paribas de la belge Fortis devrait permettre au groupe de dégager 900 millions d’euros de synergies annuelles à partir de 2012, 80 % de plus que l’estimation de 500 millions publiée en mai, a annoncé BNP Paribas dans un communiqué mardi.

En rachetant Fortis avec la bénédiction du gouvernement belge, la banque BNP Paribas avait annoncé 500 millions de réductions de coûts. Elle a menti, puisque les économies s’élèveront finalement à 900 millions d’euros. Mais avec un plan pareil, elle n’aurait sans doute pas bénéficié de l’aval des petits Belges.

L’essentiel des synergies proviendra d’une réduction des coûts de 850 millions, grâce à des économies d’échelle et à une rationalisation de l’activité « portant sur l’organisation, les systèmes d’information, les locaux, les achats et les ressources humaines ».

L’essentiel des économies porte sur les bouts de ficelles suivants : des systèmes informatiques moins performants, plus personne pour aider le personnel quand un PC plante, le regroupement dans des bureaux plus exigus et la mise au placard de centaines d’employés en attendant qu’ils démissionnent, fassent une dépression ou commettent une faute grave. Ça n’a l’air de rien, mais en trois ans, ça permettra de retirer 850 millions d’euros du circuit et de les distribuer aux actionnaires.

« La réduction des effectifs viendra pour l’essentiel de départs naturels ou volontaires », précise la banque, sans chiffrer cette réduction.

La banque va pousser le personnel jusqu’à l’épuisement, en espérant en dégoûter le plus grand nombre. Bon débarras.

Quatre centres de compétences seront créés en Belgique, permettant de limiter dans le pays les suppressions de postes, conformément aux engagements pris vis-à-vis de l’Etat belge.

Pour créer une diversion, on va donner de nouvelles responsabilités et un nouveau chef à un tas de gens. Le temps qu’ils comprennent ce qu’on leur demande, ça devrait les occuper quelques années. Persuadés qu’ils ont un nouveau rôle à jouer, ils ne feront pas grève.

BNP Paribas a définitivement acquis le 12 mai 75 % de Fortis Banque, nationalisée en octobre 2008. La banque a été rebaptisée depuis BNP Paribas Fortis.

BNP Paribas a reçu un beau cadeau de l’Etat belge l’année dernière. Encore merci à tous.

Dans la banque de détail, les synergies (252 millions d’euros) proviendront principalement « de l’optimisation des réseaux et de la meilleure utilisation des technologies ».

Dans les activités qui concernent en premier lieu Monsieur Tout le Monde, on va réduire les budgets en ne remplaçant pas les PC défectueux. Le client aura toujours droit au sourire gêné de la crémière, mais il devra repasser plusieurs fois en agence pour avoir droit à une simulation de crédit.

BNP Paribas avait indiqué en septembre qu’elle fermerait en France quarante agences Fortis et vingt centres d’affaire, sans procéder à des licenciements ou mettre en place de plan de départ volontaire.

BNP Paribas avait annoncé auparavant qu’elle recaserait une partie de son personnel français.

Concernant la banque de financement et d’investissement, l’essentiel des économies (368 millions d’euros) proviendra de l’intégration des activités de Fortis dans le secteur à la plateforme mondiale CIB (Corporate and Investment Banking) de BNP Paribas.

En ce qui concerne les activités les plus risquées de la banque, celles qui lui ont rapporté des milliards quand tout allait bien, mais ont plongé toute la planète dans le rouge quand il s’est avéré que ces gens ne brassaient que du vent, on préfère écrire une phrase qui ne veut rien dire parce que, de toute façon, on ne changera rien.

131 millions d’euros de synergies seront encore dégagées dans la branche Investment Solutions (banque privée, gestion d’actifs, métiers titres, activités d’assurance…), et 149 pour les fonctions centrales.

Ici aussi, on préfère rester vague. Nos clients fortunés auraient trop peur qu’on leur serve du Crémant d’Alsace à la place de la Veuve Clic.

Le coût de la restructuration est évalué à 1,3 milliards d’euros sur la période 2009-2011 (200 millions en 2009, 800 millions en 2010, 300 millions en 2011). Ce coût mis à part, l’opération sera relutive (elle permettra une hausse du bénéfice par action) dès 2010. L’intégration des deux entités aura un impact positif de 8,5 % sur le bénéfice en 2012 « lorsque toutes les synergies produiront leurs résultats », espère BNP Paribas. Le retour sur capitaux investis devrait être supérieur à 20 % à cette date.

Nous avons coulé la planète à cause des promesses intenables que nous avons faites à nos actionnaires. Pour éviter le séisme, le contribuable a dû se vider les poches. Merci les gars, nos actionnaires vous en sont reconnaissants. A l’occasion, venez nous saluer. On vous servira une coupette de Crémant tiède.




Le même communiqué en vidéo:

jeudi 26 novembre 2009

Vide et haut : quelqu’un a dit à David Bowie


Les progrès technologiques, ça a du bon. Paraît-il. Ainsi, en 2009, si on se pose la question Tiens, mais que devient donc ce bon vieux David Bowie ?, il suffit d’aller faire un tour sur le site de Google News et de taper les 10 lettres de ses nom et prénom dans la fenêtre. Comme par magie apparaissent alors les articles les plus récents sur le Thin White Duke.

C’est ce que j’ai fait hier. Bonne nouvelle : le papa de Ziggy a l’air de bien se porter. Tellement bien que les dernières photos de paparazzi le montrent élégant, déambulant les rues de New York au bras de madame, tout droit sorti d’une affiche pour H&M. Mais tout ça ne nous dit pas si David Bowie est bel et bien en train d’enregistrer un nouvel album à Berlin, comme le prétendaient les rumeurs.

On affine donc la recherche, en ajoutant le mot album. Et là, horreur ! Je tombe sur un article sur elle, celle dont je ne prononcerai pas le nom. Et cette phrase cruelle, douloureuse comme un pieu en plein cœur :

Selon le magazine Le Point, David Bowie lui aurait également passé commande d'un texte pour une nouvelle chanson.

Si tu veux savoir de qui il s’agit, clique ici. Mais crois-moi : tu ne veux pas savoir. Je décline toute responsabilité si tu fais un choc anaphylactique.

Finalement, les progrès technologiques, ça n’a pas que du bon. Alors je préfère me replonger dans cette vidéo, datant de 1979 et tirée d’un DVD japonais. On y voit un Bowie fantomatique, spectral, à peine humain, livrer une prestation magistrale de ce qui selon moi reste l’un de ses plus grands chefs-d’œuvre : Station To Station. On ne sous-estimera pas non plus la guitare d’Adrian Belew, dont émanent des sons d’une autre galaxie.





Et pour l’autre, elle, on se contentera de la parodie, tellement mieux que l’original.



Le lien, quand même

www.davidbowie.com

lundi 16 novembre 2009

Morphine - At Your Service


Il paraît qu'on est censé se souvenir toute sa vie de l'endroit où l'on se trouvait à l'instant où nous avons appris un événement majeur de l'Histoire: la chute du mur ou des tours, le décès du Roi Baudouin, le jour où Daniel Ducarme est devenu ministre de la Culture.

Dans ma bio, on retiendra que je me rappellerai toute ma vie les circonstances exactes dans lesquelles j'ai appris le décès de Mark Sandman, le leader de Morphine qui succomba en 1999 d'une crise cardiaque qui le frappa en plein concert en Italie. A l'époque, avec mon fidèle compagnon Cheveu, passé depuis lors à la postérité grâce à son célèbre coup de poignet, nous nous étions dégoté un petit boulot d'étudiant aux Agences et Messageries de la Presse (l'AMP), dans le Brabant flamand. C'est à cette époque que j'ai appris qu'il existait deux grandes catégories de boulot: ceux où l'on se lave les mains après avoir été pisser et ceux où on se lave les mains avant de sortir Popol. Le job à l'AMP appartenait définitivement à cette dernière.

Chaque matin, on se levait à 5 heures et un apprenti Fangio nous emmenait de Cuesmes à Lot, pour une petite heure de route à bord de sa vieille Daewoo. Notre chauffeur n'était pas le plus doué de la planète. Visiblement complexé dans son rôle de mâle inachevé, il ne supportait pas qu'une voiture le devance sur l'autoroute. Fonçant malgré nous parfois à 180 à l'heure, au son des vieilles cassettes d'Eddy Mitchell de notre hôte, Cheveu et moi serions bien redevenus catholiques si cela avait pu nous éviter de laisser notre peau quelque part sur l'E19.

A l'usine, Monsieur Bolle, le contre-maître, réunissait tous les ouvriers dans un hangar crasseux pour répartir les tâches. Cheveu et moi, nous nous ramassions toujours la table des « invendus »: les magazines périmés qui rentraient de la librairie parce qu'ils n'avaient pas trouvé acquéreur et qu'il fallait classer par titre pour pouvoir les revendre plus tard dans des supermarchés.

Ici, j'entends déjà ton étonnement: « Mais qui va aller acheter un vieux Téléstar? » Les programmes TV ne tombent évidemment pas dans la catégorie des « invendus réutilisables ». On parle ici des magazines de décoration et de bricolage, de mots croisés et d'autres périodiques susceptibles d'être repackagés une fois l'été venu pour des offres promotionnelles du style « 5 magazines pour 5 euros à lire sur la plage ».

En réalité, les « invendus réutilisables » sont, dans 90% des cas, des magazines pornographiques. Quand le gros Bolle nous envoyait à la table des invendus, les premiers jours, on se disait « Cool, on va se rincer l'oeil toute la journée! » Mais après avoir trié et empilé par tas de 20 des milliers de Piss Parade, Juicy Tits ou Fist Party, c'est surtout la nausée qui nous frappait à la vue de ces mêmes blondasses siliconées posant en couverture en train de se raser le minou au Gillette ou occupées à tailler autre chose qu'un crayon.

Un jour, Cheveu rappliqua à la pause pipi avec la DH du matin: « Le leader de Morphine foudroyé sur scène ». En lisant l'article, nous y apprenions que Mark Sandman venait de passer l'arme à gauche. Voilà comment Morphine m'évoquera toujours l'image de ces nanas réduites à un tas de chair censées faire bander le conducteur de la Daewoo qui, le soir aussi, continuait à nous gaver les burnes avec l'ancien chanteur des Chaussettes Noires.

Cette longue introduction pour attirer ton attention sur la sortie d'une double compilation à l'occasion du 10e anniversaire (déjà!) de la mort de Mark Sandman. At Your Service réunit une petite quarantaine de titres inédits, de démos et d'enregistrements live de Morphine qui restituent avec précision l'univers unique du groupe qui signa avec le single Early To Bed une des plus belles odes au strip tease jamais écrites. Pour la petite histoire, le titre de la compilation fait référence aux entrées du groupe sur scène: « We are Morphine, at your service. »

Autour de son sax, de sa basse à 2 cordes jouée au bottleneck, de sa batterie et de la voix un peu ronflante de son leader, Morphine restera à jamais un groupe audacieux et inclassable, d'une intégrité sans la moindre fissure, capable de prestations aussi bluffantes que celle que tu trouveras ci-dessous. At Your Service est un must pour cette fin d'année.



jeudi 5 novembre 2009

Carl - Où poser des yeux ?


Il faudra un jour que je consacre un post entier au travail remarquable du label bruxellois Humpty Dumpty Records. Neuf sorties jusqu’à présent, à chaque fois sélectionnées avec la rigueur d’un diamantaire anversois, tel l’Homme de Del Monte qui goûtait chaque ananas avant d’autoriser ses ouvriers à les mettre en boîte. Le catalogue d’Humpty Dumpty Records propose ainsi désormais une petite dizaine de perles, à l’emballage toujours extrêmement soigné, dans des styles aussi divers que le folk mélancolique d’Half Asleep, le jazzcore de K-branding, les chansons de Françoiz Breut ou les ambiances brico-électro de Tangtype.

L’album de Carl est la huitième sortie de la maison, qui a entre-temps publié Y.E.R.M.O, disque abstrait composé d’ambiances atmosphériques et bruitistes. Carl est un phénomène assez déconcertant, chanteur-auteur-dessinateur habité qui déclame ses textes écrits sur du papier de verre, tantôt en mode slam (Le Chien), tantôt sur une ballade rock qui toussote (Mes amis vont mal), toujours avec une profondeur corrosive qui met mal à l’aise.

L’ensemble donne treize histoires qui vont t’ensevelir, brûlantes, dangereuses, dures ou nauséabondes. L’écoute d’Où poser les yeux reste une expérience exigeante, assez mystérieuse tant les textes se révèlent d’une richesse insondable, parfois éprouvante (l’étouffant Ma maison me mangera). Les rares instants de légèreté (les premières minutes de Caillou) sont vite balayés par un chant qui passe au-dessus de la berme centrale pour poursuivre sa route à contre-sens. Psalmodiée sous de faux airs latino-kitsch, La Pelouse sombre à son tour dans la violence du verbe et on bondit vers le bouton pause quand la petite débarque dans la pièce en demandant innocemment "Papa ? La musique ? La musique ?"

Difficile d’associer une autre couleur que le noir à cet album qui évoquera les côtés les moins fréquentables de Dominique A, Daniel Hélin, Léo Ferré,… voire un Didier Super à prendre au 1er degré, un Czerkinsky (Promenade) sorti d’une prison turque ou carrément un TTC lesté au Lysanxia.

En moyenne, j’évoque ici un album en français par an, pas plus. Cette année, ce sera celui de Carl. Une vraie gifle à l'heure où des canailles endimanchées vendent aux belles-mères des camions entiers de banalités récitées sans le moindre talent, sans doute pour mieux leur faire passer le choc des premiers symptomes de l'Alzheimer.

Les liens :

Carl sur MySpace : http://www.myspace.com/carlclebard

Humpty Dumpty Records sur MySpace : http://www.myspace.com/humptydumptyrecords

Commander l'album : http://humptydumptyrecords.blogspot.com/

mercredi 4 novembre 2009

Walking Dead : zombie or not zombie ?

Tenir le lecteur en haleine avec déjà neuf tomes autour d'une histoire de zombies, ça mérite d'être souligné. C'est le pari relevé par Robert Kirkman et Charlie Adlard avec l'impressionnante série Walking Dead. Les premières planches avaient pourtant de quoi laisser perplexe : un flic qui se prend une balle, qui reste de longs jours dans le coma, qui se réveille dans un monde infesté de morts-vivants et rejoint un campement de rescapés qui s'organise pour survivre malgré la présence d'occupants affamés et puants. Mais c'est le pitch de 28 Days Later ???

J'aurais pu en rester là mais ma curiosité légendaire m'a poussé à aller au moins jusqu'au terme de ce premier tome. Résultat : le lendemain, je courais chez le libraire pour avaler les trois suivants, puis la suite, la suite, la suite !!!

Kirkman aurait pu se contenter de décrire la lutte pour la survie au milieu des morts-vivants, comme dans l'imbuvable Guide survie en territoire zombie de Max Brooks. Or ce n'est absolument pas le propos ici. Plus on avance dans la série, plus on en arrive à oublier ce qui semblait être le noeud de l'intrigue : les zombies. Page après page, les goules deviennent un élément de décor et Kirkman laisse ses personnages complexes sombrer dans leurs angoisses, se déchirer et... s'entretuer. Quand un mort-vivant surgit dans le noir pour croquer un cou tout chaud, c'est pour souligner la bêtise ou l'aveuglement des quelques "survivants" de cet enfer sur terre.

L'autre grande force de cette série, c'est qu'aucun personnage n'est assuré de tenir jusqu'au bout. Certains imprudents ou malchanceux nous quittent, d'autres arrivent et ne connaissent pas forcément un meilleur sort. A chaque épisode, ce sont plusieurs malheureux du groupe de survivants qui y passent... et souvent ceux qu'on croyait pourtant à l'abri. Femmes, enfants, personnages qu'on imaginait "centraux", tous ou presque se font zigouiller sans pitié, et de préférence dans d'atroces souffrances. Au point qu'en entamant un nouvel épisode, on arrive à franchement douter du sort de Rick, le personnage-clé de la série. Tiendra-t-il jusqu'à la fin du dernier tome ? Je suis prêt à parier que non.

On suit donc ces rescapés qui tentent de s'organiser dans ce monde sans règles... et perdent tous un peu la boule, au sens propre comme au figuré. Entre deux discussions pour savoir qui est le vrai chef, du sang gicle. Entre deux excursions pour trouver des provisions, de la chair explose. Et avant de faire dodo bien sagement, on brûle des corps ou on dégomme à la hache des cadavres qui marchent encore. Le scénario est truffé de retournements, chaque épisode apporte un élément neuf qui évite au récit de stagner. Le 9e volume met d'ailleurs le paquet pour relancer l'intérêt de l'histoire.

Quand deux groupes de survivants se croisent, alors qu'on se dit qu'ils vont enfin sortir du trou, la rencontre tourne immanquablement au jeu de massacre : meurtres, mutilations, suicides, viols, tortures, certaines scènes sont même à la limite du supportable. L'art de la tuerie atteint des sommets à la fin du tome 8, une telle boucherie que les auteurs ont cru bon d'intituler le suivant Ceux qui restent, comme pour nous rassurer.

Et comme si ça ne suffisait pas, la série bénéficie de splendides couvertures qui rendent à merveille la tension des pages intérieures... et me mettent l'eau à la bouche à chaque nouvelle sortie. Le neuvième tome vient de sortir, je l'ai évidemment dévoré et je suis déjà en manque.

Si tu n'es pas encore convaincu, je sors cette réplique du tome 9, digne d'Audiard : "Le problème avec les mecs qui sont loin d'être cons, c'est que parfois ils ont l'air complètement cons aux yeux de ceux qui le sont vraiment."

Alors ? T'attends quoi ?

Les liens :


Lire le 1er tome en ligne (en anglais)
La série sur le site des Editions Delcourt
La série sur MySpace

samedi 24 octobre 2009

APSE vs. Health

Loin de moi l'idée de vouloir mettre des groupes de rock en compétition. Il faut néanmoins admettre que les croisements de certains parcours ont parfois de quoi surprendre. J'ai donc une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise, c'est que APSE est devenu chiant. La bonne, c'est qu'on s'en fout, parce que Health pète la forme.

Ainsi en 2006, APSE signait avec Spirit un album exceptionnel, pluvieux comme un matin de novembre, humide comme un lendemain de veille trop chargé. La langue pâteuse, une voix androgyne psalmodiait ses cauchemars en se dissimulant sous une épaisse couche de brouillard guitaristique. Après quelques errances, APSE revient aujourd'hui avec Climb Up, un album aux ambitions plus affirmées : se faire connaître du grand public. Dommage... Dommage parce qu'APSE en oublie l'essentiel de sa musique, le voile de mystère qui planait sur chaque titre, la basse qui sonnait comme une chape de béton, ces guitares qui se perdaient en forêt. On se retrouve ici plutôt face à une tentative un peu vaine de ressembler à Mars Volta, passant de la ballade floydienne au gimmick disco-rock. La voix jadis enfouie sort de sa torpeur et se révèle assez agaçante sur la durée. Quant aux coups de fouets rythmiques de Spirit, il faudra gratter à s'en râper les doigts pour en retrouver une trace sur ce disque. Dommage: APSE avait vraiment du potentiel... On se consolera comme on peut: la pochette est quand même très réussie.

A regarder : Wind Through the Walls (extrait de Spirit, 2006)



La bonne nouvelle par contre, c'est que la démission d'APSE à peine prononcée, c'est Health qui reprend le flambeau avec un deuxième album electro-noise crasseux au possible. Guitares boulimiques, voix trafiquées et production hypnotique : tels sont les ingrédients de ce Get Color, album à la fois dansant, bruyant et surtout brillant. Health a l'intelligence d'alterner les plages douces-amères avec des morceaux plus abrasifs, n'hésitant pas à tackler au niveau du genou. Question ambiance, on n'est jamais très loin d'un Liars, même si le tempo se veut plus soutenu. La meilleure synthèse de cet univers un peu barré est à chercher sur Severin, morceau qui pourrait se fredonner dans le bain... à condition de faire abstraction de la double kick ravageuse qui vient rythmer les dernières secondes de ce titre apocalyptique.

A regarder : Die Slow (extrait de Get Color)



Les liens :

Health sur MySpace : http://www.myspace.com/healthmusic
APSE sur MySpace : http://www.myspace.com/apse

vendredi 23 octobre 2009

La promesse Shining : Blackjazz

Shining, ça va peut-être devenir mon groupe préféré. Parce que c’est un parcours hors du commun. Sur les deux premiers albums, très marqués free jazz, on sentait encore le lien de parenté avec Jaga Jazzist, dont sont issus les deux membres fondateurs. Puis la rupture. In A Kingdom of Kitsch You Will Be A Monster est un premier virage, sec et furibard. Le sax est toujours là, mais les guitares prennent le dessus et imposent une couleur beaucoup plus rock, voire carrément rock prog. Deux ans plus tard, Grindstone confirme le glissement, même si les racines jazz sont toujours bien présentes. L’ensemble commence à prendre une tournure qui s’inspire de plus en plus du metal. N’oublions pas que nos petits amis sont Norvégiens, bref, des compatriotes des groupes de vikings métalleux les plus hurlants.

Le 25 janvier prochain sortira Blackjazz, cinquième album de ces voraces aux yeux clairs. Ici et là, Shining lève un bout de voile sur ce que sera ce nouveau disque : plus lourd, plus violent, plus cru. Le premier extrait a fait l’objet d’une diffusion sur la télé norvégienne. Y’a pas à dire : ça décoiffe. On suivra tout ça de très très près…





Les liens

Le site officiel : http://www.shining.no
Sur MySpace : http://www.myspace.com/gninihs

mardi 29 septembre 2009

Chord - Flora

Où se situe la frontière entre la musique et le bruit? Traditionnellement, deux critères sont à prendre en considération pour pouvoir qualifier de musique une succession de sons : le rythme et/ou la mélodie. Le premier se définit comme la répétition de séquences plus ou moins régulières de battements et de silences. La seconde se manifeste lorsque un intervalle de fréquence perceptible par l’oreille humaine sépare au moins deux sons successifs (les notes). Si on ne retrouve ni rythme ni mélodie, alors on se situerait plutôt dans le registre du tohu-bohu, du charivari ou du boucan. Ça, c’était pour la ramener un peu.

Pourquoi est-ce que je me prends pour un professeur de musique tout d’un coup ? Parce qu’avec le premier album de Chord, je pense qu’on se situe tout juste à la limite entre le brouhaha et la musique. Chord est un collectif qui évolue sur le label Neurot et au sein duquel on retrouve notamment un des gars de Pelican. La singularité de ce groupe réside dans ses compositions particulièrement nihilistes : chaque morceau n’est qu’une lente digression autour d’un seul accord (d’où le nom du groupe, Chord signifiant accord dans la langue de Shakespeare), dont chaque note qui le compose est assignée à un membre du groupe. D’ailleurs, pour être certain qu’on ait bien compris le concept, les quatre morceaux de ce premier album portent le nom d’un accord : Am7, Gmaj (flat13), E9 et Am.

Normalement, à ce stade, un lecteur sur deux devrait déjà avoir jeté l’éponge. Voyons combien de courageux répondront toujours à l’appel après avoir spécifié que les morceaux de l’album durent chacun entre 11 et 16 minutes.

Maintenant, nous ne sommes plus que toi et moi, entre curieux avertis.

Une fois le décor planté, il faut appuyer sur play pour se faire une opinion. A ma grande surprise, je dois reconnaître que l’écoute de l’étrange ovni ne s’est pas apparentée au profond ennui que je craignais. Au contraire : Chord parvient à instaurer une réelle tension dans chacun de ses morceaux, sensation renforcée par la longueur des compos. Si les deux premiers morceaux ne sont effectivement qu’une superposition de variations à l’octave, de larsens, d’échos et de feedbacks, sur E9, on croit distinguer une ébauche d’arpège. L’ensemble se veut menaçant, comme les différentes étapes d’un violent orage d’été, depuis la formation du premier nuage jusqu’à l’éclatement du tonnerre, en passant par les vents mauvais et les éclairs.

A écouter dans quel contexte ? Je dirais que ça se marierait à merveille en bruit de fond pour accompagner un bon bouquin de Bret Easton Ellis. Ou à passer innocemment le jour où belle-maman s’invite à dîner.

Ceux qui ont appris à faire des nœuds coulants avec le câble de leur casque en écoutant le dernier Sunn O))) seront ravis de découvrir un disque de drone qui ne va pas nécessairement s’attaquer directement à leur système nerveux.

Les liens :

http://chord.atomicmouse.co.uk

http://www.myspace.com/dronecollective

http://www.neurotrecordings.com/artists/chord/index.aspx