mardi 25 mars 2008

Earth - The Bees Made Honey In The Lion's Skull

Tremblement de terre

Earth, c'est un drôle de groupe. Pour la bio complète, je vous conseille d'avaler un peu de paracétamol et d'aller voir celle qui figure sur le site officiel. Pour résumer, et si j'ai bien retenu, on peut dire que Earth a vu le jour au début des années 90, a sorti ses premiers albums sur Sub Pop avant de voir ses membres se barrer les uns après les autres.

Pour ma part, je n'ai découvert ce groupe qu'avec Hex, disque qui marquait leur grand retour en 2005. Jusque là, je n’avais jamais entendu la moindre note de Earth. Et pour dire vrai, ce Hex m'avait laissé de marbre. Trop abstrait, trop carré, trop linéaire, cet album était entré par une oreille et sorti par l'autre, malgré tout le bien que les fans de longue date ont pu en écrire un peu partout sur les blogs spécialisés en drone, doom et autres musiques qui tournent au ralenti. De mon côté, je n’y avais entendu que des gammes religieusement répétées jusqu’à l’épuisement. J’ai dû passer à côté du concept comme disent les créatifs.

2008 voit la sortie d'un nouvel album auquel je n'aurais prêté aucune attention si je n'avais lu une chronique dithyrambique dans l'édition flamande de Rif Raf. Bonne intuition puisque, dès les premières notes de Bees, la perplexité que m'avait suscitée l'horrible pochette a été rapidement balayée par un sens de la composition nettement plus affirmé que sur Hex. En effet, contrairement à nombre de groupes de doom, Sunn O))) en tête, Earth ne blinde pas ses morceaux de basses vrombissantes ou d'une rythmique éléphantesque. Une batterie métronomique mais étrangement discrète, des riffs de guitare savamment dosés et quelques nappes de claviers impriment à cet album des allures de marche funèbre pour western. L’apparente légèreté des premières notes se dissipe rapidement pour dévoiler un paysage figé, en suspension quelque part entre ciel et enfer. Les sept morceaux, tous instrumentaux, se succèdent ainsi comme un éternel recommencement, un long conditionnement à un futur incertain, si futur il y a. Les premières écoutes sont d’ailleurs assez déstabilisantes : j’avais l’impression d’écouter sept longues introductions désossées, attendant impatiemment le roulement de batterie ou la pédale de disto qui allait enfin ouvrir les hostilités. Mais rien de tout cela chez Earth.

Si des groupes plus sauvages comme Sunn O))) ou Black Engine s’entêtent à recréer le chaos total sur leurs disques, Earth dépeint l’après chaos : un paysage où la gravité a disparu, où le temps s’est arrêté, où toute forme de vie a cessé. Les textures musicales de ce disque sont à mille lieues des références industrielles habituelles. Ici, il est plutôt question des vastes plaines arides de l’ouest américain, de soleil brûlant et de la caravane d’un croque mort aux rouflaquettes abondamment fournies. Ce dernier scrute d'un oeil jaune votre carcasse décharnée et se dit que les vautours attendront encore un peu pour le festin des rois.

A regarder : un court extrait de Earth sur scène


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