mercredi 1 juin 2011

Aucan - Black Rainbow


Difficile de passer à côté du phénomène Aucan. Hystérie passagère ou réelle valeur sûre ? A chacun de se faire son opinion. Il faudrait en tout cas faire preuve d’une sacrée mauvaise foi pour ne pas saluer le parcours atypique de ces trois Italiens.

Récapitulons. Un premier album éponyme sorti en 2009 et unanimement salué comme une version moins chiante de Battles. Les mots « version moins chiante » n’engagent que moi, mais la comparaison est là : instrumentaux au beat froid et mécanique, murs de guitares et légères touches de synthé. L’année dernière, Aucan ouvre une première brèche avec l’EP DNA (dont un morceau figure d'ailleurs sur ma vénérable compilation 2010). Le disque s’ouvre certes sur un riff de guitare agressif au possible, mais c’est pour mieux s’écarter du carcan et dévier rapidement vers des arrangements electro dansants.

Surprise du chef : le trio de Brescia s’y essaie même au chant (certains diront aux chœurs) avec un succès plus que relatif. L’EP s’avère toutefois d’une redoutable efficacité, synthèse dense et compacte de deux mondes finalement pas si éloignés : le math-rock et l’electro.

Avec Black Rainbow, Aucan devait confirmer cette belle impression et montrer que l’exercice de style pouvait également tenir la longueur sur tout un album. Deux options semblaient envisageables : continuer sur la voie d’un style hybride prometteur mais hasardeux ou revenir à des compositions plus classiques. Et c’est là qu’Aucan marque des points en prenant le monde à contre-pied : sur Black Rainbow, bien malin qui pourra encore déceler le moindre son de guitare. Ce sont désormais les machines qui prennent le relais pour une aventure electro-pop qui ne renie aucune de ses influences : rock, dubstep et même hip hop.

Les friands d’étiquettes en prendront pour leur grade : Aucan devient l’incarnation même du groupe inclassable. Celui qui, sur scène, pourrait se contenter de lire ses emails tranquillement retranché derrière ses laptops. Ou qui, au contraire, pourrait enflammer la foule en bondissant d’un instrument à l’autre. Je n’ai jamais eu la chance de les voir, mais il paraît que c’est plutôt cette deuxième option qui a été retenue. Pour poursuivre quand même dans la tradition rock, il paraît aussi que ça joue très fort.

Ce deuxième album d’Aucan, assez difficile à appréhender, est en tout cas à mettre au rayon des toutes bonnes sorties de cette année. La plage d’ouverture est catastrophique, mais le reste est d’excellente tenue. Retenons par exemple Red Minoga (comme si Amon Tobin se mettait tout à coup au rock progressif) et les bouillants Sound Pressure Level et Away! qui rappellent par moments certaines touches des Beastie Boys.

A regarder : Heartless (official video)



A regarder : Away! + Sound Level Pressure (live @ Le Klub à Paris)



Les liens :
Aucan sur MySpace
(l'album est en écoute libre)
Commander l'album sur AfricanTape

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