lundi 17 janvier 2011

Wire - Red Barked Tree

Il y a quelques années, au détour d’une conversation avec un nouvel ami musicien, je découvrais pour la première fois Wire, un peu curieux, un peu vexé, un peu incrédule à l’idée d’être passé si longtemps à côté d’un groupe présenté comme fondamental dans l’histoire de la musique. « Wire, c’est tout le son des années 80, mais en 1979 ! » Mon ami a alors sorti un vieux vinyle : l’album 154, qui date de 1979 justement. L’année de ma naissance. Il est allé directement à l’essentiel, à savoir le titre A Touching Display et m’a demandé d’attendre patiemment le déchirement, le tonnerre, la révolution. Un autre ami est entré dans la pièce. « Cool, Wire ! » qu’il s’est écrié. Et j’étais encore plus vexé. Il s’est assis avec nous, a allumé un cigarette, s’est servi une bière et s’est joint à la discussion. Puis nous nous sommes tous tus. Et l’orage a tonné d’un seul coup. Je m’en souviens comme si c’était hier. Mon interlocuteur me fixait du regard, guettant ma réaction. Moi, je restais figé sur place, hérissé, retourné comme un crêpe par ce qui transitait dans mes oreilles. Cette basse qui sort du bois, s’étrangle, se tord, jouit, hurle, vomit ou que sais-je encore, c’est le son qui nous rend tous jaloux. C’est le morceau qu’on aurait tous voulu exécuter. Sur l’album, le crime a lieu à 3’26’’. (3'29'' sur la vidéo qui est mal calibrée)


Depuis lors, je suis devenu un fan absolu des trois premiers albums de Wire : Pink Flag (1977), Chairs Missing (1978) et, le meilleur, 154 (1979). Punk sophistiqué, un peu arrogant, qui dévie facilement vers des sons plus pop, voire synthétiques. Quant à 154, c’est le disque que je suis capable d’écouter trois fois par jour pendant tout un mois et continuer à en découvrir de nouvelles facettes. On y retrouve à peu près tout ce que la musique pop britannique a produit pendant les 20 années qui ont suivi, de Blur à Underworld, de Massive Attack à Pulp, de New Order à Supergrass, des Streets à Bloc Party ou Franz Ferdinand. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Elastica s’est retrouvé avec un procès au cul pour avoir honteusement plagié une chanson de Pink Flag sur son tube Connection.

Voilà une longue introduction pour remettre dans son contexte la fascination absolue (mais tardive) que je voue aux trois premiers disques de Wire. Le groupe s’est séparé une première fois dans la foulée de 154. Après cinq années de silence, il est réapparu à plusieurs reprises, dans des formations différentes. Et j’avoue que je n’ai jamais prêté la moindre attention à ce qu’ils auraient pu sortir après 1980, apparemment, une bonne demi-douzaine d’albums tout de même qui ont accouché d’horreurs telles que celle-ci :


L’an dernier, voilà que Wire est programmé à l’Aéronef de Lille. Je m’empresse de rameuter les troupes, nous constituons rapidement un petit groupe de fans qui, comme moi, se sont arrêtés après 154. Un ami qui entend parler de nos plans nous décoche une première droite dans l’estomac :

- Je suis allé les voir l’année dernière.
- Et ???
- Je me suis barré après 20 minutes.
- Pas de bol. Qu’est-ce qui s’est passé ? On t’a appelé pour te dire que ta mère était morte ?
- Non, c’était nul. Tous en costards et petites lunettes. On aurait dit des profs en train d’animer le bal de fin d’année d’une fac de psycho.

Pffff. Jaloux. Il devait certainement essayer de nous jouer un vilain tour parce qu’il ne supportait pas l’idée qu’on y aille sans lui. Alors on est quand même allé vérifier sur le net. Juste pour se mettre encore plus en appétit. Et là, ça a été le choc.

Pour nous, Wire, c’était ça :



Et on est tombé sur ça :




Inutile de préciser que nos plans qui consistaient à traverser la frontière pour aller assister à une telle déculottée ont fini au bac à ordures. Comment une telle mutation est-elle possible ? Besoin de fric ? Alzheimer ? Crise d’adolescence à 50 balais ? En tout cas, ce jour-là, Wire s’est définitivement séparé en 1980. Tout ce qui a suivi, pour mes amis et moi, ce n’était plus Wire.

Il y a quelques semaines, le Botanique annonçait Wire en février pour 16 euros. Et j’ai de nouveau failli craquer. Et si c’était le réveil ultime, la révélation, le VRAI retour de Wire ? Et s’ils avaient enfin retrouvé toute la révolte qu’ils hurlaient 30 ans plus tôt ?

Pour en avoir le cœur net, il suffisait d’écouter le dernier album en date : Red Barked Tree, sorti la semaine dernière. Première écoute, j’arrête le supplice après 5 chansons et je remets vite Chairs Missing. Deuxième écoute, j’en profite pour aller prendre une douche. A la troisième, je commence enfin à accepter l’idée que Wire, ce n’est plus tout à fait la même chose, même si le style reste assez affirmé.

Ce qui est le plus dérangeant avec Wire, c’est que le maître en est arrivé à copier les élèves. Red Barked Tree n’est certainement pas de ces disques qu’on balance immédiatement aux orties. Mais contrairement au tryptique pré-1980, il sonne comme un album terriblement convenu, déjà maintes fois entendu. Ici du Blur, là du Pulp. Et tout au long, cette idée qui prend forme : on dirait une compilation de titres inédits de TV On The Radio, ceux qui n’étaient pas assez bons pour figurer sur un album.

Entendons-nous bien : Red Barked Tree n’est pas mauvais en soi. L’album est même plutôt de bonne tenue, mais totalement indigne des trois premiers albums. Indigne de Wire. Où sont les coups de pieds au cul ? Dans 30 ans, personne ne s’émouvra sur la moindre note de cet album. Personne ne ressentira ce qui m’a transpercé ce jour-là, dans cette cave mal éclairée, après 3 minutes et 26 secondes d’A Touching Display. 

A écouter : Please Take (sur l'album Red Barked Tree - 2011)



A regarder : A Touching Display (live - 1979)



A écouter : I'm the Fly (sur Chairs Missing - 1978)



Les liens : 
Sur MySpace
Le site officiel

mercredi 5 janvier 2011

Esthers, la dernière vidéo d'Amon Tobin "made in Belgium" (dir. Charles De Meyer)

Le titre Esthers est tiré de l'album Foley Room qui date déjà de 2007. Ce qui n'a pas empêché le célèbre Brésilien d'en confier récemment la réalisation du clip vidéo au réalisateur belge Charles De Meyer, qui s'était déjà chargé entre autres d'un clip de Jaga Jazzist.
Tournage entre Anvers et Bruxelles, brouette d'effets spéciaux et au final un film qui colle parfaitement à l'image. Cocorico... en attendant le nouvel album d'Amon Tobin.

A regarder : Esthers



A regarder : Esthers, le making of



A regarder : Oslo Skyline (Jaga Jazzist)



Les liens

Charles De Meyer
Amon Tobin
Jaga Jazzist