mardi 23 octobre 2007

PJ Harvey - White Chalk

La sagesse

Alors que je n'étais encore qu'un adolescent bourgeonnant, l'écoute des premières notes de Down By The Water de PJ Harvey déclenchait entre mes jambes une violente réaction hormonale qui m'aurait permis de remplacer le pneu crevé d'une petite camionnette sans devoir me servir du cric. A l'époque, Polly Jean mettait le paquet pour éveiller les sens du jeune mâle qui decouvrait l'étonnante élasticité du corps humain : maquillage outrancier, postures suggestives, refrain sussuré au creux de l'oreille et une robe d'un rouge éclatant qu'elle agitait devant nos yeux comme pour provoquer nos instincts de jeunes veaux. Souvenez-vous les mecs : nos copines de classe n'avaient d'yeux que pour Damon Albarn. Alors, nous, on fantasmait sur de "vraies femmes" : les clips de PJ Harvey et le film The Last Seduction avec Linda Fiorentino.

Pas mal d'eau a coulé sous les ponts (quelle métaphore sublimement imagée) depuis Down By The Water en 1995. Entretemps, j'ai eu l'occasion de voir PJ Harvey sur scène lors de la tournée Uh-Huh-Her. Petite déception : Polly Jean avait toujours dans le regard cette étincelle qui ferait s'embraser toutes les garrigues du Var, mais ses choix vestimentaires inspirés des Deschiens lui donnaient un côté plutôt vulgaire. Ce n'était pas non plus les moustaches à la Magnum des soeurs Cassady, n'empêche que le sex appeal de la belle en avait pris un sacré coup. Bonne nouvelle finalement car cela nous permettait de la considérer sous un angle stricement musical et moins porté sur sa plastique.

Au niveau du son, PJ Harvey est en effet difficilement criticable. Pendant féminin de Nick Cave, elle mène sa barque sans se soucier des effets de mode, balançant la sauce là où on attendait de la tendresse, calmant ses ardeurs lorsque la planète est en pleine effervescence rock. Ce n'est donc qu'une demi-surprise si, sur ce White Chalk, elle laisse de côté sa guitare électrique pour nous offrir de superbes chansons dans un style cabaret-rock, cher à Tori Amos ou An Pierlé. Dès la première plage, PJ Harvey explore des registres vocaux dans lesquels on l'avait rarement entendue. Sur la chanson White Chalk, qu'elle entonne de très loin, on entend bien quelques accords d'une guitare acoustique, mais la six cordes n'est vraiment pas le thème central de cet album sur lequel elle préfère au contraire s'accompagner d'une poignée d'arpèges au piano. Et ça marche. On y découvre une PJ Harvey sur la défensive, à l'aise tant sur des ballades folk (Broken Harp) que dans un univers plus plaintif et douloureux (Grow Grow Grow, To Talk To You). Un pas de côté remarquable pour une artiste qui nous avait habitués à un rock plus "rentre dedans".

Les liens intéressants :

Le site officiel : http://www.pjharvey.net/
Sur MySpace : www.myspace.com/pjharvey

Une version live de Silence (tirée du dernier album) :




Et en bonus, une vidéo live de Down By The Water qui part un peu en vrille :


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