samedi 30 juin 2007

The John Butler Trio : Grand National

Une question s’impose avant même de poser Grand National dans le lecteur : Où John Butler a-t-il déniché une pochette aussi dégueulasse ? Un pari ? La proposition encombrante d’un neveu qui se lance dans la photo ? Une erreur humaine au moment d’appuyer sur print ? Mystère.
Une chose est sûre : pour ce nouvel album, le public visé est plus large et la volonté de « réveiller les consciences » plus manifeste. Tout dans l’habillage du CD le dit : la photo du Trio, vu à travers une lunette de sniper, en train de faire une espèce de « yo man », le message d’amour et de paix qu’on découvre sous le CD. Tout.
Et la musique confirme. Certes, le Trio n’a rien perdu de ses talents de musiciens. Mais on a souvent la triste impression de retrouver les ingrédients de Sunrise Over Sea recombinés pour passer plus facilement à la radio. Genre : « Ok John, tu prends ton son un peu folk là, ta bonne humeur, tes textes gentiment engagés, tu fais rentrer tout ça dans une bon vieux ‘couplet-refrain-solo’, et on emballe le tout ».
Voilà pour la déception. De là à dire que Grand National est une daube intégrale, il y un pas que je ne franchirai pas.
Car malgré tous ses défauts, Grand National a le mérite de ne pas être un Sunrise Over Sea bis et de dégager une énergie positive et sincère (Better Than That, et surtout Funky Tonight). Il n’est pas non plus dépourvu de nouveauté : plus rythmé que son prédécesseur, l’album recourt plus volontiers à des chœurs qui lui donnent parfois un arrière-goût de soul pas désagréable (Good Excuse, Gov Did Nothin’).
Au final, John Butler Trio troque l’atmosphère acoustique, voire intime de Sunrise Over Sea pour une ambiance plus légère, dans un album moins touchant mais sans doute plus divertissant. Le tout reste fort écoutable, et même les plus sceptiques se surprendront à pianoter un rythme ou fredonner un air de cet album prenant dès qu’on ferme un peu les yeux sur ses travers

The John Butler Trio : Grand National, Atlantic Records, 2007.

Les liens intéressants
http://www.thejohnbutlertrio.com/
site français: http://www.johnbutlertrio.fr/

La vidéo du live à Taratata :

*** Article publié par Niaco ***

vendredi 29 juin 2007

Editors - An end has a start


Une fin qu'on espère proche

Est-il possible d'avaler une plume de coq sans s'étouffer ? La question mérité réflexions et débats et je ne suis pas sûr qu'un consensus se dégage facilement. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il est humainement impossible d'écouter le deuxième album d'Editors jusq'au bout sans plonger dans un état catatonique irréversible.
Souvenez-vous : en 2005, Editors récoltait les éloges médiatiques avec The Black Room, album à l'originalité pourtant peu affirmée mais qui contenait quelques titres corrects comme Lights ou All Sparks. Comme tous les groupes branchés de l'époque, ça pompait sévèrement dans tout le répertoire no wave des années 80, Ian Curtis s'étant tellement retourné dans sa tombe qu'il en attrapa un tour de reins. C'est surtout sur scène que le groupe dégage, paraît-il, une énergie enthousiasmante... ce que je ne suis pas en mesure de confirmer (ou d'infirmer).
Deux ans plus tard, alors qu'on en avait presque oublié l'existence, Editors revient avec An end has a start, titre qu'on voudrait prémonitoire tant ce deuxième album se révèle bourré de clichés pourtant censés s'estomper après 5 ou 6 shampoings. La honte... On connaissait la tendance des groupes hype du moment à piller l'héritage de Cure et de Joy Division. Mais quand de surcroît, ils se copient entre eux, on obtient une caricature de caricature qui rappelle que moins par moins ne donne pas forcément plus. Copier l'original peut encore passer sur un malentendu, mais copier la copie, ça donne An end has a start, testament de médiocrité et d'indigence artistiques. Editors pousse le bouchon tellement loin qu'il ose même conclure cette deuxième galette sur la ballade Well Worn Hand, qui sent suffisamment le pipi pour pouvoir viser un podium au prochain concours Eurovision de la chanson. A écouter par curiosité, mais le ventre vite, au risque de vomir ses frites sur le nouveau polo acheté aux soldes.



Les liens (intéressants):

Le site officiel : www.editorsofficial.com/
Sur MySpace : http://www.myspace.com/editorsmusic

Hugo Pratt – Corto Maltese : La Ballade de la Mer Salée (édition spéciale 40e anniversaire)

Et nous reparlerons d’un gentilhomme de fortune

Corto Maltese, je le rappelle pour les ignares, c’est ce marin à rouflaquettes qui se trimballe d’un côté à l’autre du globe, entre épisodes exotiques et inconnus de la Première Guerre, et frasques fantastico-ésotériques de tous poils (kabbale, vaudou, légendes celtiques…tout y passe). Il débute ses aventures dans La Ballade de la Mer Salée, un chef d’œuvre graphique qui invente pratiquement le concept de roman BD. Pour l’anecdote, le monde francophone le découvre à l’époque grâce au magazine…Pif (le Pif de Pif Gadget - le magazine jeunesse édité par le Parti communiste, on l'oublie parfois - et Pif et Hercule, sans déconner).

A l’occasion de l’anniversaire de la première parution de ce monument dans la revue italienne Sgt. Kirk en 1967, Casterman se fend d’une réédition, qui vaut le détour. En effet, pour l’occasion, la photogravure a été entièrement refaite à partir des planches originales de Pratt, dont le format original a été conservé. En un mot comme en cent : on a droit à la Ballade telle qu’elle a été dessinée, en format 41x32cm s’il vous plaît.

L’effet est saisissant et me conforte dans l’idée que Pratt doit être lu en noir et blanc. Le dessin original révèle en effet une foule de détails gommés à l’impression. Le rendu des différents degrés de noir, en particulier, montre un travail précis sur la chevelure de Pandora et sur la barbe de Raspoutine. Même les rouflaquettes de Corto comportent des nuances !
De même, certaines cases à la végétation abondante, qui semblaient parfois confuses ou surchargées, se trouvent ici organisées en plans définis par l’opacité de l’encre. Le dessin semble plus clair, la dynamique des cases plus évidente.

A ces qualités s’ajoute le format des planches, qui favorise l’immersion et suscite une lecture plus attentive à des détails comme un reflet ou le contour d’un oeil.

Au-delà de la beauté de l’objet, ou de son intérêt documentaire, le mérite de cette édition est donc d’offrir une véritable redécouverte de La Ballade de la Mer Salée : une lecture qui combine les plaisirs de la nouveauté et du déjà-lu. Tout est à sa place…mais en mieux.
Pour les fans hardcore, il y a un dossier en fin de volume, avec des analyses où on apprend que Raspoutine est le « deutéragoniste » de Corto et plein d’autres trucs aussi passionnants qu’indispensables. C’est chiant mais on glane quelques anecdotes ou citations intéressantes, et on trouve quelques dessins tirés d’autres albums.

Le prix tourne autour de 50 euros. Ca fait cher pour une BD mais, pour les amateurs c’est à peine 10 euros le kilo de pur bonheur.

Les liens intéressants

Site officiel de Corto Maltese : http://www.cortomaltese.com/
Sur le site des Editions Casterman : http://bd.casterman.com/isbn/978-2-203-00579-2
Une planche à découvrir ici.

Article publié par Niaco

jeudi 28 juin 2007

Un nouveau venu rejoint "l'équipe" de New Kicks

Maintenant on est deux...

Toutes les grandes histoires s'écrivent à quatre mains : il y avait Starsky & Hutch, Arnold & Willy, Jonathan & Jennifer Heart (hohoho) et bien sûr Salvator & Adamo.

Voici maintenant venu le temps d'ouvrir ces colonnes à de nouvelles plumes bien aiguisées. C'est pourquoi j'ai l'immense honneur d'accueillir sur ce blog Niaco, étrange créature mi-estomac fascinée par les bols de nouilles, les crocodiles, les ufologues et les gens qui se prennent pour des arbres. Sa bio officielle sera publiée ici-même dans quelques jours, dès que j'aurai fait un copié/collé de Wikipedia.
Cette collaboration nous permettra d'ajouter une corde à notre arc et de varier les plaisirs : Niaco dévore des bouquins comme d'autres avaleraient un bol de chili avec viande, alors que je moi, je ne sais pas lire. Le petit débute, alors soyez sympa et ne le lynchez pas dès sa première prise de parole.
Ses premiers billets seront à découvrir dès demain.
En guise de conclusion, gardons à l'esprit cette phrase d'Audiard tirée de Un Taxi pour Tobrouk :


"Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche."

The Beastie Boys - The Mix Up


Les Beastie Boys sont de retour et ça fait doublement plaisir à entendre. D’abord parce que c’est toujours une joie de découvrir les nouvelles expérimentations des trois éternels gamins de New York, mais aussi et surtout parce que ce nouvel album présente la particularité d’être exclusivement instrumental. Les Beastie Boys nous avaient déjà fait le coup en 1996 en sortant discrètement sur le label Grand Royal The In Sound From Way Out (débilement sous-titré par l’éditeur « Le son hip du monde hop »). Il s’agissait à l’époque de 13 titres funky sur lesquels les trois yankees avaient démontré qu’ils pouvaient être aussi talentueux micro en main que derrière une batterie (Mike D), une basse (Adam Yauch) ou une guitare wha-wha (Adam Horovitz).

Rebelote donc en 2007 avec The Mix Up, album qui s’inspire très largement des BO d’Isaac Hayes, Curtis Mayfield et Lalo Schifrin. Plus sophistiqué et moins brut que la sortie de 1996, cet album propose un son plus dense agrémenté de nombreuses plages de claviers, de rythmiques hip hop et de sonorités exotiques. Un régal pour les oreilles. On y retrouve des perles retro sorties tout droit de la blaxploitation des seventies : 14th St. Break surprend par ses incursions bossa, Electric Worm envoûte avec une ligne de basse hypnotique et l’incontournable The Rat Cage, en point d’orgue, est une invitation malhonnête à ressortir la chemise pelle à tarte, les pattes d’eph, les lunettes noires et la coiffure afro et à se déhancher comme une bête sous une la boule à facettes de la buvette du club de fléchettes du quartier.

Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai trouvé le CD qui allait squatter mon autoradio tout l’été.


Le site officiel : http://www.beastieboys.com/

mercredi 27 juin 2007

Le Soir lance son blog "Festivals"

Le journal "Le Soir" vient de mettre en ligne son blog consacré aux festivals rock de l'été. Au programme : des comptes rendus, des prévisions, des petites infos, des interviews, etc. A lire dès aujourd'hui, par exemple, un entretien avec les Beastie Boys qui sortent un nouvel album instrumental à tomber par terre.
Bon évidemment, on reste en Communauté française, donc on se tape forcément les petits dommages collatéraux comme le carnet de route de Mud Flow. Mais jusqu'à preuve du contraire, personne ne nous oblige à le lire...

Le lien : http://blogs.lesoir.be/festivals

mardi 26 juin 2007

Vehlmann – Phillips : Sept Psychopathes

Les éditions Delcourt lancent « 7 », une nouvelle série qui met en scène “7 récits, 7 missions à haut risque, 7 équipes de 7 hommes décidés à réussir ” et réalisée par 7 scénaristes et 7 dessinateurs différents.
Le premier tome de cette série, « Sept Psychopathes » a été confiée au scénariste Vehlmann.
Ceux qui ont lu la chance de lire la série Green Manor ou, mieux encore, le fabuleux Des Lendemains sans nuages, connaissent l’habilité de Fabien Vehlmann à pondre des scénarios qui tournent autour du plus vieux péché de l’homme : l’orgueil. Avec un humour très vicieux, il n’a pas son pareil pour mettre en scène la soif de reconnaissance et l’appétit de pouvoir des humains, vices qui les mènent irrémédiablement à leur propre perte.
On retrouve évidemment ces éléments dans la trame de « Sept Psychopathes » qui relate les (més)aventures d’une clique de cinglés parachutés en Allemagne en 1941 pour zigouiller Hitler. Le récit retrace d'abord minutieusement le processus de recrutement des sept élus, avant de se lancer tête baissée dans le coeur de l'action. La mission, on l'aura deviné dès les premières cases, est évidemment vouée à un échec cuisant, quoi que... si l'hécatombe est bel et bien au rendez-vous, on comprend rapidement qu'on ne ressortira pas de ces 61 planches avec une fin cristalline. Comme à son habitude, Vehlmann parvient à tourner le lecteur en bourrique avant de le laisser sur le bas-côté. Son interprétation très personnelle de l'Histoire trahit une imagination mesquine, alors que l'auteur reconnaît lui-même nourrir une étrange fascination pour les esprits torturés.
Un mot pour conclure sur le coup de crayon de Sean Phillips que je ne connaissais pas jusqu'alors : il insuffle à cette histoire une noirceur, une profondeur et une dynamique que ne renieraient pas quelques super-héros des comics américains.
Quelques planches en vrac:

samedi 23 juin 2007

Méfiez-vous des contrefaçons

Un coup de pompe au c...

Les porcs, les chiens, les boucs, les coyotes, les infâmes, les ignobles, les pleutres, les salopards, les fils de p... Mais comment ont-ils osé ? Mais que fait la police ? Pas étonnant que les tueurs du Brabant courent toujours. Quand on tolère des terroristes pareils sur la toile, c'est qu'il y a franchement quelque chose qui cloche dans le système. Un grain de sable dans l'engrenage, une épine dans le pied, une couille dissimulée dans le potage Royco tomates boulettes.

Mais meeeeeeeeeer-de !!!

Il y a des tas de sites pourris. Pourquoi moi ? Qu'ai-je fait au Saint Dieu pour mériter tel châtiment ? Mais dites-le moi, bordel ! Je n'avais rien vu de pareil depuis l'attentat de Lockerbie. C'est mon 11 septembre à moi. Le Pearl Harbour de la blogosphère. Le tsunami sans les Suédois à Phuket. Je décrète le deuil intersidéral. Si j'en parle à Bob Dylan, il écrira une chanson pour réclamer la peine capitale pour ces nihilistes. Non mais...

Pffffffff...

Voilà ce qui arrive quand on se complait dans un goitre de narcissisme. On tape le nom de son blog sur Google pour voir si on est cité sur d'autres sites et on tombe nez à nez avec le crime parfait. Les salauds : http://www.newkicksontheblog.com/. Tout ça pour parler de leurs pompes de clowns. J'vous jure, Madame. Y'a pu de justice...


vendredi 22 juin 2007

Suzanne Vega - Beauty & Crime


La classe

En un peu plus de vingt ans de carrière, Suzanne Vega s'est assuré une réputation qui lui permet de voir l'avenir avec sérénité. De sa discographie, on retiendra non seulement les tubes Luka et Tom's Diner, mais surtout une demi-douzaine d'albums généreux, simples et délicats. N'y allons pas par quatre chemins : tout le monde se doit d'aimer Suzanne Vega. Un point c'est tout. Et ce parti pris se trouve conforté par Beauty & Crime qui, après 6 ans d'absence, succède au superbe Songs In Red And Gray. Ce qui me plait chez cette Dame, c'est cette façon d'interpréter chaque album comme si c'était le premier, avec naïveté, modestie et parcimonie. Jamais une note de trop, pas la moindre faute de goût à épingler, aucun pas de travers. Quand on s'appelle Suzanne Vega, on n'a pas besoin d'en faire des tonnes. On empoigne sa guitare, on laisse la mélodie couler et les paroles ruisseler. Et pour ce nouvel album, Suzanne n'a pas eu à forcer son talent. De nouveau, elle se laisse bercer par quelques accords de guitare, blues, folk (Edith Whanton's Figurines) ou bossa (le troublant Pornographer's Dream) et se laisse même séduire par quelques arrangements electro-pop (Unbound). C'est de nouveau la toute grande classe. A savourer pendant au moins cinq ans avant qu'elle nous sorte la prochaine perle... Ah oui, pour ceux que ça intéresserait : ce disque est une ode au New York post-11 septembre. J'avais failli oublier...


Le site officiel : http://www.suzannevega.com/

jeudi 21 juin 2007

Tomahawk - Anonymous

American Beauty

Troisième album pour ce énième projet de Mike Patton, ex-gourou de Faith No More et désormais leader hyperactif de Fantômas, Mr. Bungle, Peeping Tom... la liste est longue. Après avoir signé l'impeccable Mit Gas en 2003, qui attaquait de face les codes du rock musclé en les confrontant à des structures tirées du jazz ou du blues, le trio a décidé cette fois de retourner aux racines profondes de la musique américaine. Point d'Elvis, de Johnny Cash ou de John Coltrane. On remonte ici carrément à la musique des Amérindiens.

La démarche part d'une constatation déplorable : en écumant les bacs des disquaires, le guitariste fou Duane Denison (de feu The Jesus Lizard) s'indigne de ne trouver dans la catégorie Native Americans que de tristes pantalonades new age censées donner bonne conscience au pionnier qui sommeille au fond de chaque ricain. On se souvient de Wamblee et du tube d'un jour Anitouni tout en plumes et en couleurs. Vous voyez le tableau...

L'ami Duane entreprend donc des recherches plus approfondies et exhume une bonne douzaine de chants traditionnels indiens qui correspondent plus à son style ravageur: agressifs, corrosifs et pleins de fureur. Accompagné du batteur John Stanier (Helmet, Battles), il réinterprète ces titres sur les cordes de ses Gibson déglinguées. Mike Patton viendra ensuite y ajouter voix et samples.

Le résultat est tout simplement décoiffant. Bien moins accessible que les deux essais précédents, Anonymous est un disque unique qui déstabilise par ses accents tribaux, ses rythmiques lourdes et ses onomatopées hachées. Toute sa force réside dans la capacité de Tomahawk à mettre au jour le côté intrinsèquement rock'n'roll de la musique indienne. Intéressant pour le musicologue, cet exercice n'en demeure pas moins agréable à l'oreille avec des titres comme Mescal Rite ou Song Of Victory qui marient traditions folk et puissance rock. De son côté, la légèreté de la mélodie d'Antelope Ceremony rappelle le dernier album de Deerhoof.

Assez réussi pour forcer le respect mais parfois trop sanguin pour être écouté d'une traite, ce troisième album explosif de Tomahawk marquera l'histoire de par son statut d'objet indéfinissable, inclassable et totalement à contre-courant.


jeudi 14 juin 2007

Juan d'Oultremont - Nuit de Noces

Du vécu
On connaissait Juan d'Oultremont, chroniqueur fou de la RTBF radio (La Semaine infernale, Le Jeu des Dictionnaires) capable de déblatérer le sourire aux lèvres des chapelets d'horreurs avec une maîtrise de la langue qui ferait pâlir Maurice Grevisse. Le voici qui reprend sa plume pour un projet à la hauteur de l'homme. Collectionneur psychopathe, Juan d'Oultremont rassemble dans ce recueil 71 menus de mariage, dont le plus ancien remonte à la fin du XIXe siècle et le plus récent date de 2005. En fonction de chaque menu, l'auteur a imaginé la tournure qu'aurait pu (dû ?) prendre la nuit de noces. Voici donc 71 nouvelles croustillantes, de quelques lignes chacune, relatant les exploits, les échecs, les déceptions et les révélations que les jeunes mariés rechignent habituellement à ébruiter. Tout y passe : la découverte émerveillée (ou horrifiée) du sexe opposé, les maladresses du jeune étalon qui s'acharne sur un nombril, les bobards les plus sordides pour justifier une absence d'hymen et, évidemment, le boeuf sauce Grand Veneur qui se digère plus mal que prévu. Tour à tour coquin, grinçant ou charmant, se livre se déguste comme un sachet de dragées : on croque une histoire entre deux stations de métro, on déguste les autres en attendant le train, une dernière pour la route avant d'aller dormir et, sans s'en rendre compte, on tourne la dernière page et on en redemande. Vive la mariée !
Juan d'Oultrement, Nuit de Noces, Editions Racine

mercredi 13 juin 2007

Votez Mabi au second tour

Vous n'êtes pas tout à fait satisfait de la tournure des événements depuis votre vote aux législatives ce dimanche ? Pas grave... Si vous vous êtes planté au grattage, vous pourrez toujours vous rattraper au tirage. C'est pourquoi je vous propose de donner votre voix à Mabi. Mais qui diable est ce Mabi ? Oh, juste un jeune caricaturiste en herbe, dont le coude a croisé le mien sur quelque zinc mal poli, et qui fait son petit bonhomme de chemin sur la toile.
Jusqu'à la fin de cette semaine, le journal Metro organise un concours pour jeunes caricaturistes et dessinateurs de presse. Les internautes ont la possibilité d'élire le dessinateur de leur choix parmi une brochette de talents et de... zut... quel est le contraire de talent ?... heu... et d'autres gens. Mabi échouant sans aucun conteste dans la première catégorie, je vous invite donc à le soutenir.

Comment faire ?

Rien de plus simple : cliquez ici. Rendez-vous immédiatement en page 8 et attribuez le nombre d'étoiles qui vous sied à Sébastien, l'autre nom de scène de l'artiste. Et si vraiment, vous trouvez que ses dessins devraient être exposés de New York à Tokyo, alors laissez vos scrupules sur le paillasson et usez de vils subterfuges comme, par exemple, attribuer des notes pourries aux autres concurrents (c'est très jouissif) ou, pire, nettoyer le cache de son navigateur et voter autant de fois qu'on veut. Hou... c'est mal.
On terminera en se rinçant l'oeil sur une des dernières oeuvres du maître, qui se passe de tout commentaire. Allez visiter son site, y'en a plein d'autres et c'est vachement bien torché.

jeudi 7 juin 2007

J. Tillman - Cancer and Delirium

Seul au monde

Il y a quelques semaines, je vous racontais en long et en large comment J. Tillman était parvenu à envoûter la Rotonde en première partie du concert de Do Make Say Think. Pris dans mon élan, j'y étais allé de ma petite commande sur le site du label Fargo, qui distribue l'artiste chez nous.
Quelques jours plus tard, le colis atterrissait dans ma boîte aux lettres et je pouvais enfin me plonger dans l'écoute méticuleuse de Cancer And Delirium, dernier album encore tout chaud de ce songwriter originaire de Seattle. Toujours sur le fil du rasoir, J. Tillman y déclame neuf chansons profondes et dépouillées, s'accompagnant de quelques accords discrets de guitare et, de ci de là, d'une volée de notes d'hamonica, voire d'un piano. Le ton n'est toujours pas à la franche rigolade. Comme le titre de l'album le suggère, l'atmosphère générale évoque surtout la solitude, l'échec et la mort. La chanson A Fine Suit, par exemple, décrit en quelques vers le costume de lin dans lequel il aimerait être enterré. On est assez loin de la Bande à Basile...

Pour superbes qu'elles puissent être, les chansons de ce quatrième album studio m'ont un peu laissé sur ma faim. Sans doute avait-il placé la barre trop haut ce dimanche de mai à Bruxelles. Mais l'intensité des performances vocales de J. Tillman à la Rotonde est pratiquement absente de ce disque. Certains titres (Rubbons of Glass) font la part belle aux parties instrumentales, relégant la voix au second plan. D'autres chansons comme Under The Sun tombent même dans la facilité de la ballade country pop en trois accords. Dommage, mais les voies de l'artiste sont souvent impénétrables et J. Tillman ne déroge pas à la règle.






J. Tillman sur MySpace : www.myspace.com/jtillman
Le site du label Fargo : www.fargorecords.com/

mardi 5 juin 2007

The Horrors - Strange House


Le bonheur est dans le crime

Selon certaines critiques, The Horrors surferaient sur la vague garage-post-punk des Klaxons, surfant eux-mêmes sur la vague Bloc Party, qui aurait copié Franz Ferdinand et ainsi de suite... jusqu'à remonter au jour où Dieu nous dota d'une paire d'oreilles.

Personnellement, je ne partage pas cet avis même s'il est consternant de voir que chaque mois, la presse britannique nous livre sur un plateau d'argent le "groupe de la décennie". Tiens, d'ailleurs, petite parenthèse : qui se souvient de The Bravery ? Pas grand monde si je dois en croire les doigts qui ne se lèvent pas.

Qui sont donc The Horrors ? Un quintet au look punk gothique qui doit autant aux Cramps qu'aux New York Dolls. Niveau musical, Strange House, ce premier album, déborde d'appels du pied aux Clash mais aussi... à Nick Cave. D'ailleurs, l'ambiance générale du disque rappelle par moments un Murder Ballads passé en accéléré. Le tout sent le crime à plein nez, les moquettes maculées de sang et les couteaux de cuisine cachés derrière le dos. Le son est tailladé par le tranchant des guitares et martelé par un orgue omniprésent. Cet orgue est tellement marqué qu'un titre comme Gloves ferait presque penser à un final déjanté des Doors interprétant When The Music's Over dans un pub du sud de Londres après une finale de coupe perdue aux penalties.

Forcément très hype, The Horrors n'en demeurent pas moins une excellente surprise, à classer quelque part entre Pop Levi pour le côté retro fashion victim et Tokyo Police Club pour l'excellente combinaison orgues - guitares.



Liens intéressants
Le site officiel : www.thehorrors.co.uk/
The Horrors sur MySpace : www.myspace.com/thehorrors
The Horrors seront à Dour le vendredi 13 juillet. Tiens, tiens... un vendredi 13...

lundi 4 juin 2007

Législatives du 10 juin : une bière d'homme

Miroir de courtoisie

Je ne sais pas si c'est la perspective de voir bientôt débarquer une deuxième nana à la maison qui me rend parano, mais je vais continuer ma tirade sur le respect de la femme. Cette fois-ci, ça n'a plus grand chose à voir avec la musique. Mais à 6 jours des législatives, je ne pouvais pas m'empêcher d'y aller de mon petit commentaire. Surtout pas en découvrant le slogan de campagne de M. Alain Courtois, 4e candidat effectif du MR à la Chambre. Avec une ineptie comme "Les supporters savent Courtois", le candidat libéral, ancien directeur de l'Euro 2000 qui allait être un tel tremplin pour le football belge (Le Soir faisait remarquer ce matin que les Diables Rouges n'avaient plus été aussi mauvais depuis 1962), se plante sur toute la ligne :
1) Ce slogan est profondément machiste. Il adopte comme thème de campagne une variation du slogan d'une marque de bière qui sponsorise le championnat de Division 1 de football ("Les supporters savent pourquoi"), lui-même une variation d'une précédente signature publicitaire ("Les hommes savent pourquoi") qui avait succédé, rappelez-vous, à "Jupiler, une bière d'homme". Bref, avec une telle profondeur d'esprit, M. Courtois indique clairement quelles sont les valeurs qu'il défendra au Sénat : le football et la bière, bref une affaire d'hommes. Bienvenue dans le monde de la droite décomplexée à la belge...
2) Non seulement ce slogan de campagne est discutable sur la forme, mais il se trompe carrément d'élection. En Belgique, le sport n'est plus une matière fédérale. C'est vrai qu'en ministre des Sports, le socialiste Claude Erdekens est plutôt discret (en tout cas moins remuant qu'à l'époque de la Commission Dutroux). Mais jusqu'à preuve du contraire, le sport reste une compétence communautaire.
Gardons le meilleur pour la fin : ZE vidéo d'Alain Courtois qui explique le vrai message qui se cache derrière les mots. On y retrouve un autre caïd de la politique : Marc Wilmots himself, soit le seul sénateur de l'histoire à s'être rendu compte après avoir été élu qu'il n'était pas fait pour ce job. Avec des appuis pareils, a-t-on encore besoin d'électeurs ?

Enfin, pour conclure, précisons que la chouette caricature ci-dessus est signée Mabi, un crayon qui tente tout doucement de percer sur la toile. A suivre de près.

dimanche 3 juin 2007

J'aime les filles

Une digression sur l'air du Doudou

Pas facile de tenir ce blog à jour ces dernières semaines : plusieurs séminaires à l'étranger, une tentative de suicide aux 20 km de Bruxelles et une demi-ducasse de Mons auront eu raison de mon inspiration. Inspiration revenue au triple galop justement en déjeunant vers 13h du matin d'une délicieuse lasagne et d'escalopes panées, ouvrant péniblement un oeil sur Télé MB qui retransmettait le combat dit Lumeçon. L'étincelle me vint d'un commentaire : "Pour palier à la sous-représentation des femmes dans le folklore montois, les autorités de la ville ont introduit deux nouveaux personnages dans le scénario du combat : Cybelle et Poliade." Certes, le dragon n'affronte pas Sainte Georgette, mais fallait-il pour autant ajouter deux potiches dont le rôle se réduit grosso modo à porter les armes de Saint Georges ? Parfois, la discrimination positive devient une telle obsession qu'on en perd le sens de la réalité. Les femmes sous-représentées dans le folklore montois ? Mais c'est oublier que toute la ducasse tourne avant tout autour de la Sainte patronne de la ville : Sainte Waudru, dignement fêtée tout au long du week-end de la Trinité, notamment lors de la célèbre remontée du Car d'or, l'autre événement-phare de la cité du Doudou. Du coup, j'ai l'impression qu'ici, l'introduction de Cybelle et Poliade cause plus de tort à l'image des femmes de Mons que leur absence.

Ce petit couac m'a rappelé immédiatement une question qui m'avait été un jour posée lors d'une partie de Trivial Pursuit : "Quelle est la particularité du groupe Bananarama ?" Cueilli par cette colle, j'avais longuement hésité : Sont-elles d'anciennes terroristes des Brigades rouges ? Sont-elles toutes des infirmières ? Ont-elles été médaillées d'or en handball au JO de Los Angeles ? Pas du tout. La réponse était : "ce sont des femmes". Avec cette carte, Trivial Pursuit ravivait ce vieux fantasme qui voudrait qu'être une femme soit une particularité, tout comme avoir un troisième oeil ou des poils sur la paume des mains. J'ai lu toutes les questions de ma boîte de Trivial Pursuit, mais je n'y ai trouvé aucune question sur la particularité de Nirvana (c'étaient des hommes), des Clash (pareil) ou des Stooges (eux-aussi, que des mecs). Comme dans les albums de Tintin, être une femme serait donc plus "particulier" que d'être un homme. Alors, des femmes musiciennes, vous pensez bien que ça a frappé l'ancien employé du Petit XXe qui rédige désormais les questions du Trivial !

Je profite donc de l'occasion pour décréter qu'aujourd'hui, c'est ma journée de la femme. Ce dimanche, je n'écoute que des voix féminines, des plus douces aux plus rauques. Un rapide coup d'oeil à ma collection de disques (durs) et voilà que je découvre que je possède plein d'albums si "particuliers". Alors je vais leur rendre hommage aujourd'hui. Et sans doute demain. Et puis merde, je vais continuer à les écouter tous les jours, comme je l'ai toujours fait. Pas parce qu'elles sont des femmes, mais juste parce qu'elles ont un putain de talent. Allons-y pour la playlist du dimanche :

- On va commencer par le commencement. Le jazz à l'honneur avec Billie Holiday, Nina Simone et la formidable Lorez Alexandria, dont je suis tombé amoureux grâce à un morceau repris sur la compile Life:Styles de 4Hero. Pour épicer le tout, je ressors un vieux vinyle de Nancy Sinatra (Some Velvet Morning me provoque toujours autant de frissons), le cultissime The Velvet Underground & Nico et quelques titres de Carla Thomas.

- Puisqu'on est dans les sons bien roots, j'enchaîne sur Sharon Jones & The Dap Kings, Nicole Willis et Amy Winehouse. Avec elles, pas de risque que la pulpe reste en bas.

- La douceur sera forcément au menu avec Cat Power (plutôt le Cover Records avec la reprise méconnaissable de I Can't Get No Satisfaction), Stina Nordenstam et ses ambiances polaires, Catherine Feeny pour le côté folk, Feist pour le côté sucré et Eleni Mandell pour la couche de crème au-dessus. Pour la petite pause déprime, le sommelier conseille un Mazzy Star qui a bien vieilli en cave. Après ça, on se remettra en appétit avec Au Revoir Simone.

- Pas de rock dans ma sélection ? Bon, ben alors ajoutons la sulfureuse PJ Harvey, Queen Adrena et le premier album de Sonic Youth pour la voix rocailleuse de Kim Gordon.

- ça manque de groove ? Saupoudrons d'un zeste des brésiliennes de Cansei de Ser Sexy et rallongeons d'un trait des allemandes d'Electrocute. Tiens, ça fait longtemps également que je n'ai plus écouté Ladytron. Ni Elysian Fields d'ailleurs, mais c'est plutôt rock ça.

- Et comme digestif ? Faudra tenir la route, alors on va y aller pour Walls Of Jericho. C'est plus radical qu'une Poire Williams.

Voilà qui devrait faire l'affaire.
Vous n'avez rien compris à ce billet ? C'est normal, j'ai l'esprit encore embué d'un samedi de ducasse bien arrosé. Et ça, les hommes savent pourquoi...