La prochaine édition du Concours Eurovision de la Chanson se tiendra les 10 (demi-finales) et 12 mai (finale) prochains, en Finlande. Le suspense est déjà intenable pour savoir qui remportera cette année le droit d'être diffusé en boucle sur toutes les radios commerciales du continent pendant au moins deux bonnes semaines, de se hisser en tête du hit parade des stands de pêche au canard cet été avant de terminer cette belle carrière en septembre dans les bacs à soldes de Carrefour.
En guise de mise en bouche, nous allons faire un petit tour des candidats les plus prometteurs en commençant par l'Ukraine, représentée cette année par Verka Serduchka. Tout est réuni chez cet artiste pour plaire au téléspectateur européen, célèbre pour son intransigeance lorsqu'il s'agit d'élire sa chanson porte-drapeau. Premièrement, le rythme binaire combiné aux notes d'accordéon est taillé sur mesure pour accompagner un pain-cervelas servi sur une kermesse campinoise. Tels la madeleine de Proust, ce sont ici la sauce andalouse et les oignons frits qui libèrent leur effluves. Deuxièmement, le concept du poussin de l'espace vêtu d'un sac réfrigérant est une idée qui n'avait encore jamais été exploitée dans le cercle fermé de l'euro-pop. Mais où avions-nous la tête pour ne pas y avoir pensé plus tôt ? Troisièmement, le chant en plusieurs langues est politiquement tellement correct (un critère clé pour l'Eurovision), fédérateur et entraînant qu'il constitue presque l'unique piste pour sortir l'Union de la crise politique qu'elle traverse actuellement. Qu'on organise un nouveau référendum en France et aux Pays-Bas avec un hymne pareil et le oui récoltera un score stalinien.
Y'a pas à dire, ce sont de fins stratèges, ces Ukrainiens. Et vu l'honnête classement obtenu par ses compatriotes l'an dernier (7e, ça ne rigole pas), Verka Serduchka sera dispensé de demi-finales. Les adversaires sont prévenus.
Les points forts de Verka :
- le chant universaliste qu'on attendait depuis Toto Cutugno
- mélodie inexistante, donc facile à retenir par définition
- tellement correct politiquement qu'on aurait bien envie de l'envoyer régler le conflit au Proche-Orient
Les points faibles :
- un site web en russe qui tourne au charbon
- une identité sexuelle ambiguë : créature mi-homme, mi-femme, mi-poussin de l'espace, mi-démon, ça fait beaucoup trop de mi
- ça reste du boum boum tchak pour la ménagère de plus de 80 ans (hors pays germanophones) qui n'avait rien entendu de pareil depuis la libération
Verdict :
Une place sur le podium ne serait pas volée.
La vidéo de Verka Serduchka :
Liens (presque) intéressants :
Le site officiel du Concours Eurovision de la Chanson : www.eurovision.tv
Le site officiel de Verka Serduchka : www.serduchka.com (mais il vaut mieux être patient)
5 commentaires:
t'as remarqué quu, sur le site officiel, l'accès au menu c'est un coeur .... qui bat? ha haaa j'parie que t'avais même pas vu
je vote pour eux. C'est quand déjà l'Eurovision?
Encore un grand moment de culture télévisuelle, y'a pas à dire. C'est vrai que la construction européenne commence à ressembler à ce "groupe", un erzatz de quelque chose, mais on ne sait plus vraiment de quoi...
Autre chose, Albin, tu as vraiment parcouru tous les pays participants ? ;-)
pas encore, mais une bonne partie. mes prochaines chroniques concerneront :
- la Suisse ou le scandale des accusations de satanisme proférées à l'égard de DJ Bobo
- l'Arménie est ses clips ultra-modernes
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