vendredi 15 février 2008

Cat Power - Juke Box

Qui aime bien...

Je ne vais pas me faire que des amis aujourd'hui.

Je commencerai par préciser que j'éprouve une profonde admiration pour Cat Power. Ses albums Covers Record et You Are Free m'ont marqué au fer rouge, certaines de ses chansons ayant servi de BO pour quelques épisodes charnières de ma courte existence. Mais depuis The Greatest, la Chan Marshall des débuts me manque un peu. En mettant le paquet sur l'instrumentation, en s'accompagnant de quelques légendes vivantes de la musique noire américaine, elle n'a pas seulement donné une dimension supplémentaire à sa musique. Elle s'est également éloignée d'une certaine sobriété, toute en retenue, qui avait l'art de déclencher sur ma peau de faux roux des irruptions microscopiques plus connues sous l'appellation de "chair de poule". Sa voix timide, ses accords de guitare parfois maladroits, sa profonde tendresse, voilà ce que j'appréciais le plus dans les premiers albums de Cat Power.

Alors oui, je me suis rué sans la moindre hésitation sur Juke Box, un nouvel album de reprises. Et non, je ne regrette pas cet achat irréfléchi. Mais à l'écoute de ces treize morceaux, je ne peux m'empêcher de penser que Cat Power s'est perdue en chemin. Oh, bien sûr, la plage d'ouverture, une version méconnaissable du culte New York est une splendeur. Mais comparée à son interprétation saisissante de (I can't get no) Satisfaction, sur le Covers Record, on se demande quand même à quoi ont servi les huit années qui séparent les deux disques. La suite reste dans la même veine, désespérément. Dylan y passe, Billie Holliday y passe, James Brown y passe, Joni Mitchell y passe. Tous ont droit au même traitement délavé et monotone : un blues ralenti, sussuré, parfois envoûtant, mais quand même un peu chiant sur la longueur. Sur chaque chanson, cet écho sur la voix qui accentue l'impression de distance entre Chan Marshall et moi, alors qu'auparavant, elle me chantait ses berceuses au creux de l'oreille.

Quant à la dernière chanson de l'album, une reprise de Breathless de Nick Cave, je ne vois pour la décrire qu'une réplique du film To be or not to be de Lubitsch, qui donne à peu près ceci : "Ce que l'Allemagne est en train de faire à la Pologne, ce n'est rien comparé à ce que cet acteur vient de faire à Shakespeare." Changez acteur par chanteuse, Shakespeare par Nick Cave, et vous saurez tout le bien que j'en pense.

Album de merde ? Non. Mais une énorme déception (attendue, je l'admets) en comparaison de toute l'émotion que Cat Power pouvait insuffler à ses disques précédents. Certains diront que cette émotion-là n'était qu'un reflet du profond mal être de la Chan Marshall de l'époque, et que ses nouveaux albums la montrent sous un bien meilleur jour.

Tant mieux pour elle.

Tant pis pour moi.

Et puis cette pochette... mais merde quoi...

Pour écouter la Cat Power que j'aime (du vieux et du moins vieux):

free music


Le lien

Sur MySpace : http://www.myspace.com/catpower

2 commentaires:

Candice a dit…

en pleine écoute, je suis un peu d'accord. Album d'ambiance...que tu mets quand tu reçois parce que t'as une réputation à tenir et que c'est pas de la merde, tout de même. Mais...je la trouve aussi un peu fatiguée sur la plupart des morceaux même si j'adore metal heart et la reprise de billie. mais je ne suis pas aussi déçue. peut etre parce que j'étais moins dans l'attente....?

ALWNTR a dit…

ouais ouais, album d'ambiance parce que les invités sont un peu lassés de Bebel Gilberto ...

un peu triste quand même...

si je devais passer le Covers Record quand je reçois, il y aurait un suicide collectif en Une de la gazette du lundi. dans mon esprit, c'était ça Cat Power