En Communauté française, on aime bien la culture. On l’adore, même. On la vénère, on l’adule. Alors, le 26 septembre dernier, pour se donner la fête qu’elle mérite, la Communauté française a organisé une grande soirée de concerts sur la Grand-Place de Bruxelles. Au programme : de la grande culture francophone. La RTBF a mis les petits plats dans les grands et rappelé pour l’occasion Gilles Verlant, biographe noir-jaune-rouge de Gainsbourg, trop content de pouvoir sortir son plus beau futal vert fluo et ses bagues de St Nicolas, lui qui avec Pirette détient le joyeux record du nombre de C4 reçus du Boulevard Reyers.
Pour conférer à l’événement l’éclat des grands jours, rien de tel qu’un bon vieux classement breveté par Dechavanne : le top 10 des "chansons les plus populaires et les plus emblématiques" de notre très chère Communauté, résultat du vote des internautes. Luxueux, d’accord, mais démocratique avant tout. Quoi que… Les 10 merveilles sont en réalité déjà sélectionnées et l’intervention de la plèbe se limite à déterminer l’ordre de passage des chefs d’œuvre qui ont marqué tout une génération de Mouscron à Oupeye. On se disait bien…
Le 26 septembre, place au feu d’artifice. Sur la scène, les vedettes se bousculent. Attention aux oreilles, ça va faire mal :
"Kili-Watch" des Cousins …
"Ça plane pour moi" de Plastic Bertrand …
"Le mambo dèl loke a rlokter" de William Dunker…
"La Danse des Canards" de J.J. Lionel…
Que du lourd.
Pour interpréter "Born To Be Alive", la RTBF sort de son coma éthylique une Jil Caplan arrosée à la Duvel. Et comme il n’y a pas assez d’artistes en Communauté française, c’est La Grande Sophie qui est chargée de massacrer "La Valse à Mille Temps" de Brel tandis que Benabar se voit offrir sa petite auto-promo. Quant à James Deano, il ne daignera même pas se présenter pour interpréter "Les Blancs ne savent pas danser" mais qui s'en plaindra ?
Luxueux, démocratique et terriblement ringard. On se croirait revenus à l’époque du "Dix qu’on aime" de Georges Lang.
Heureusement, heureusement… Adamo et Technotronic (avec une version jazzy étonnante de Pump Up The Jam) sont là pour relever le niveau, sous l’œil amusé de Gilles Verlant, qui avouait quelques jours plus tôt avoir accepté cette mission uniquement pour le fric.
Quelques mois plus tard, en décembre pour être très précis, dans la capitale wallonne, une bande de jeunes qui a pris l’habitude depuis deux ans de se décarcasser pour programmer de la bonne musique au Belvédère, de la vraie musique, s’étonne de ne pas voir arriver sur son compte en banque la subvention tant attendue. Un peu crédule, peut-être, l’asbl PANAMA qui gère l’endroit croit y deviner un oubli. "La négligence des artistes" comme Louis Michel qualifiait jadis l’amnésie fiscale de Daniel Ducarme.
Sauf que…
Sauf que la subvention n’arrivera pas, le ministre du Budget et de l’Emploi André Antoine ayant soudain décidé que l’asbl PANAMA ne faisait plus partie « des priorités sectorielles ». Peut-être que si le Belvédère avait consacré plus de soirées à la Danse des Canards, rempli plus souvent les verres de Jil Caplan ou invité Gilles Verlant pour un défilé de pantalons affriolants, alors peut-être que la mayonnaise aurait pris une autre consistance. Peut-être.
Mais en attendant, sans cette subvention (36.000 euros annuels), c’est toute la programmation du Belvédère qui risque d’en prendre un coup. Avec sans doute quelques licenciements à la clé et une saison 2010 au rabais. C’est pour ça que je te demande de lire l’histoire complète de cette saga bien de chez nous et de signer la pétition pour que le Belvédère puisse poursuivre ses activités.
Merci.
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